Une mère de famille blessée par des malfaiteurs
Plusieurs quartiers de Riyad se sont taillé une solide réputation d’insécurité. Le taux de criminalité qui avait plus ou moins baissé, au cours des années passées, est à nouveau remonté. Dans certaines rues de cette périphérie, il est dangereux de circuler la nuit. Il y a quelques mois, un talibé étranger avait égorgé, de sang-froid, un jeune garçon dans sa maison familiale. Il y a quelques années, un boutiquier avait tué, avec un fusil de chasse, un malfaiteur qui avait forcé la porte de sa boutique à une heure tardive. Cependant, les cambriolages des domiciles étaient rares car les malfaiteurs de Riyad préféraient opérer ailleurs, avançaient les connaisseurs du milieu.
En 2003, le domicile d’une famille est cambriolé. Le fils délinquant d’une famille voisine promet, aux victimes, de leur ramener leurs biens volés, à condition de n’en rien déclarer à la police. Deux jours plus tard, il leur présente deux individus qui s’excusent de s’en être pris aux voisins de leur pote et rendent tout leur butin. Depuis, ladite famille qui habitait là depuis plus d’une année, n’a plus jamais été cambriolée.
Jeudi 26 Octobre 2017, une mère de famille qui dort paisiblement avec ses enfants, au PK 8, est réveillée par du bruit dans les escaliers de la maison. Son mari convalescent dort dans une autre chambre. Trois malfaiteurs ont forcé une porte qui ouvre sur le plafond pour accéder à la maison. Ils entourent la femme et ses enfants endormis, pointant leurs poignards vers elle. « Ne bouge pas ! ». Ils commencent alors à ramasser tout argent et objet de valeur à portée de vue. Mais la femme se met à crier et appeler au secours. Ils battent en retraite mais l’un d’eux prend le temps d’asséner un coup de couteau à la jambe de la dame. Malgré sa faiblesse, son mari tente de les poursuivre. En vain. Sa courageuse épouse est rapidement évacuée et soignée. Ses agresseurs courent toujours.
Un élève du collège poignardé
Nos établissements scolaires ne sont malheureusement plus à l’abri de la délinquance et du crime. Depuis quelques années, des dealers ont notamment entrepris d’en faire des lieux de distribution de leurs drogues, sous-traitant cette sale besogne à des vendeuses d’étalages et de boissons. Devenus toxicomanes, les élèves commencent, eux aussi, à ventiler cette mauvaise poudre, aux grands bénéfices des dealers qui voit ainsi augmenter leur clientèle en ce milieu. Des dizaines et des dizaines de nos jeunes élèves, garçons et filles, sont devenus malheureusement « accros »à la poudre stupéfiante. Avec des conséquences fâcheuses : le taux d’abandon scolaire ne cesse de grimper, depuis 2002. La majorité de ceux qui ont quitté l’école sont devenus des délinquants. Beaucoup de ceux qui s’y trouvent encore sont des malfaiteurs. Les bagarres sont devenues quotidiennes. Le port d’armes banal, dans la plupart des établissements scolaires de Nouakchott qui n’ont pu l’interdire. En certains collèges de Riyad et d’El Mina, presque chaque garçon est armé d’un couteau ou d’un tournevis. Des filles viennent parfois en classe armées, « pour se défendre », affirment-elles. Au collège de Dar El Beidha, les élèves ne cachent même pas leurs couteaux.
Lundi 23 Octobre, c’est la récréation au collège Riyad 1. Soudain, un jeune homme est poignardé, juste à côté du bureau du directeur. Ce dernier, accompagné d’un professeur, évacue le blessé vers l’hôpital de l’Amitié où, grâce à Dieu, il peut être sauvé. Après enquête, il s’avère que le blessé n’est pas du collège. Il est juste venu régler un compte avec un élève de l’établissement qui s’est éclipsé, après l’avoir poignardé. Aux dernières nouvelles, on n’aurait toujours pas identifié l’agresseur.
L’homme à la chaîne
Vers vingt-trois heures, la circulation commence à se faire rare. Aucun piéton dans les ruelles sombres du Poteau 6 d’Arafat. Ah, voici A.B. qui rentre chez lui, au quartier Lenguatt. Il ne pense pas courir un grand risque, c’est encore tôt, se dit-il, et le commissariat de police est tout près. Mais, entrant dans l’avant-dernière ruelle, non loin de l’axe goudronné, il voit une silhouette élancée qui se dirige de son côté. Un passant, probablement, pas plus inquiet que lui-même, puisqu’il n’a pas changé de direction en le voyant. Ils sont maintenant presque face à face. L’homme sent mauvais etson aspect sinistre ne présage rien bon. Mais à peine A.B. a-t-il le temps de dresser ce constat qu’il perçoit un bruit de ferraille et se voit étranglé par une chaîne que le sombre individu lui a passé autour du cou. Effrayé, il tente de s’en défaire mais son agresseur a une solide poigne. « Si tu bouges, je serre », lui lance celui-ci, en le délestant du contenu de la poche de son boubou. Puis c’est au tour de ses autres poches. A.B. est sur le point de suffoquer. Le bandit desserre enfin la chaîne. « Si tu essaies de jouer le héros, je te rattrape et te tue », conclut-il, avant de disparaître, en une fraction de seconde. Content d’être encore en vie, notre ami hâte le pas vers le commissariat de police où il apprend qu’il a eu affaire au fameux Samba« Gouggouh ». Ce dangereux délinquant surnommé « l’homme à la chaîne » avait semé la terreur, en divers quartiers de Nouakchott dont Arafat et les jardins maraîchers, entre 2004 et 2007. Après un long séjour en prison, il aurait achevé sa peine et se retrouve actuellement en liberté.
Mosy