Le Président se promène dans la capitale. Finalement, il va rendre visite aux populations des 9 départements de Nouakchott. Chacun aura alors l’occasion de voir le Président et mourir. C’est la première fois depuis que la Mauritanie est Mauritanie qu’un président va, comme ça, mine de rien, vaguement, tourne et retourne avec son peuple. Riant avec untel, dansant avec un autre, écoutant, attentivement semble-t-il, un peshmerga reconverti en indigent raconter ses malheurs de citoyen ordinaire, faisant du pingpong entre les dispensaires nationaux. Et le Président rit, rit à mourir. On disait, naguère, que « le rire ne reste pas dans l’âme ». Mais il a eu gain de cause, depuis. Notre fameux peshmerga a voulu feinter le Président mais le Président l’a reconnu, puisque ne connaît les peshmergas que celui qui les a longtemps pratiqués. Ce n’est pas facile de reconnaître un peshmerga reconverti en mendiant. Il faut vraiment être du sérail. Un peshmerga recyclé en porte-parole des populations, ça fait peur, si « la tête devient les yeux ». On disait aussi, naguère, que « ne connaît l’érudit que l’érudit ». Et, donc, de deux choses l’une : ou le Président est un peshmerga ou le peshmerga est un président. Sinon comment se sont-ils reconnus ? Le rapport qualité/défaut du peshmerguisme ne dépend que de ce que ça rapporte. C’est un mode opératoire qui existe chez tout le monde. Il ya des instituteurs et des professeurs peshmergas. Pendant qu’on y est, tiens, l’école a ouvert ses portes et fenêtres, cela ne veut pas dire que les cours ont commencé, c’est juste qu’elle a ouvert. Maintenant, il faut attendre les enregistrements des élèves. Ça prend habituellement quelques semaines. Il faut, ensuite, attendre que les encadreurs soient sur place. Ça prend, habituellement, quelques semaines. Il faut, aussi, que la machine démarre. Ça prend, habituellement, quelques semaines. Et puis quelques petits autres réglages, nécessaires à l’ouverture. Ça prend, habituellement, quelques semaines. Quant aux vrais préparatifs de l’ouverture, ça prend, habituellement, quelques semaines. Juste le temps de se préparer à la fermeture des classes qui prend, habituellement, quelques semaines. Et voilà, bonnes vacances ! A la prochaine ouverture ! Même « dans » les hommes d’affaires, il ya des peshmergas. Qui ne donnent rien. Ni aux journalistes. Ni aux syndicalistes. Ni à feus les sénateurs. Des feinteurs d’impôts. Des feinteurs de la douane. Des feinteurs de tout le monde. Des hommes d’affaires peshmergas qui ne font, certes pas, de la gabegie transfrontalière – crime abominable entre tous –mais qui s’adonnent, copieusement, à la délinquance financière nationale. Il ya les opposants peshmergas. Il fallait les voir lors des dernières consultations référendaires ! De vrais peshmergas de l’opposition/majorité. Par ci. Par là. Partout. Si bien qu’au bout du scrutin, ils en rapportèrent davantage d’argent ; point de caché. Il y a les griots peshmergas. Il y a les militants des droits de l’homme peshmergas. Il y a les patrons peshmergas. Il ya les directeurs centraux peshmergas. Il y a les ministres peshmergas. Il y a, même, les présidents peshmergas. C'est-à-dire « qui ne grandissent sur rien ». En avant, marche ! Tant qu’il ya quelque chose à prendre, originellement le peshmerguisme, c’est ça : il faut tout prendre, ne rien laisser. « Une salive qui n’est pas ta salive, ça te sert à quelque chose ». Il ne faut pas dire : moi, je suis responsable, je ne prends pas ça. Moi, je suis ministre, je ne prends pas ça, Je ne prends que ça. Moi je suis président, je ne prends pas cela, je n’entre pas dans ça. Non, ce n’est pas comme ça : c’est petit à petit que l’oued se remplit. Puis, tout ça, ça part vite. Il ne faut pas attendre que tout soit fini, pour commencer à réfléchir. Surtout maintenant que les temps vont si vite. Entre Août 2008 et Août 2019, c’est déjà demain. Il n’y a que l’opposition nationale qui ne le sait pas. Après, elle n’aura que ses yeux pour pleurnicher, comme en 2009. Rien ne sert de pleurer, il faut partir à point. Madame Opposition/Tortue, madame Opposition/Peshmerga, messieurs, mesdames, Excellence, c’est déjà demain. Salut.
Sneiba El Kory