La réunion annuelle du BIT est l’occasion, pour les partenaires sociaux, de livrer grande bataille devant la commission des normes du travail. Cette année, la Mauritanie a été accusée de ne pas respecter la Convention 29 du BIT. Réagissant à cette doléance présentée par Samory ould Bèye, secrétaire général de la Confédération Libre des travailleurs de Mauritanie (CLTM), la commission a pris note des déclarations du représentant du gouvernement mauritanien qui a réfuté, en bloc, l’ensemble des accusations du syndicaliste mauritanien. Il a énoncé toutes les mesures prises, par le gouvernement mauritanien, pour lutter contre les séquelles de l’esclavage. La Commission a retenu les efforts déclarés du gouvernement et l’a prié de les poursuivre. Mais elle s’est déclarée « vivement préoccupée par la persistance de l’esclavage à grande échelle, en dépit de nombreuses discussions au sein de la commission ». Elle s’est déçue de ce que le « gouvernement n’ait engagé que très peu de poursuites, à l’égard des auteurs de crime d’esclavage, depuis le dernier examen devant la commission ».
Selon la CLTM, la commission a formulé les recommandations au terme de vifs débats qui ont suivi la réplique du représentant du gouvernement – voir:http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_norm/---relconf/documents/... (scroll down to page 20, les conclusions page 28) : appliquer strictement la loi de 2015 contre l’esclavage, pour garantir que les responsables de pratiques esclavagistes font effectivement l’objet d’enquêtes, qu’ils sont poursuivis, sanctionnés et purgent une peine à la mesure de la gravité du crime ; fournir des informations sur le nombre de cas d’esclavage dénoncés auprès des autorités, le nombre de ceux qui ont abouti à une action en justice, le nombre et la nature des condamnations prononcées ; fournir des informations sur les mesures de réparation prises en faveur des victimes ; renforcer l’inspection du travail et autres mécanismes d’application de la loi pertinents, afin de combattre l’imposition du travail forcé ; constituer des unités spécialisées, au sein du ministère public et des forces de l’ordre, pour rassembler les preuves et diligenter les procédures judiciaires correspondantes ; veiller à ce que les poursuites engagées, devant les tribunaux spéciaux pour les crimes d’esclavage, soient facilitées et traitées dans un délai raisonnable, des campagnes d’information étant menées sur les condamnations encourues ; établir des indicateurs, clairs et objectifs, pour évaluer si la feuille de route, pour la lutte contre les séquelles de l’esclavage, est pleinement mise en œuvre ; réaliser une analyse, complète, sur la nature et l’incidence de l’esclavage, afin d’affiner les actions visées pour éradiquer ce fléau ; accroître la visibilité des campagnes de sensibilisation en direction du public, des victimes, de la police, des autorités administratives, judiciaires et religieuses ; faciliter l’intégration sociale et économique des victimes, en assurant l’accès aux services et ressources leur permettant de reconstruire leur vie et de ne pas retomber dans l’esclavage ; fournir des informations, détaillées, sur les opérations, programmes et ressources dont dispose «Tadamoun», l’Agence nationale pour la lutte contre les séquelles de l’esclavage, l’insertion et la lutte contre la pauvreté ; veiller à ce que les victimes ayant dénoncé leur situation soient protégées contre toute mesure de représailles et toute pression sociale et libérer, sans condition, les personnes ayant dénoncé, publiquement, des situations d’esclavage.
La commission demande, au gouvernement mauritanien, de continuer à solliciter activement l’assistance technique du BIT, pour mettre en œuvre les recommandations et d’accepter une mission de haut niveau. Elle lui demande, également, de communiquer, à la prochaine réunion de la commission d’experts, prévue en Novembre 2017, des informations, détaillées, sur les mesures prises pour mettre en œuvre ces recommandations.