Depuis que le président Mohamed Ould Abdel Aziz a décidé, après le rejet des amendements constitutionnels par le Sénat, de les faire passer par voie de référendum populaire, une hystérie généralisée a gagné toute la république. Impossible de parler de quoi que ça soit sans avoir l’intelligence de trouver l’astuce de parler des amendements. Déjà des centaines de meetings à travers tous les départements nationaux ont été organisés par des notables, des chefs de tribus, des militaires en service, des hauts fonctionnaires, des ministres et autres initiatives de soutien aux amendements constitutionnels parrainés par les plus hautes autorités civiles et militaires du pays. Même les Oulémas et les Imams des grandes mosquées ne sont pas en reste. Les sermons de vendredi sont souvent dédiés ou aux amendements constitutionnels ou aux réalisations présidentielles dans tel ou tel domaine. La commission électorale nationale indépendante remise sur la sellette est déjà sur le terrain depuis plusieurs semaines. Le recensement complémentaire à vocation électorale a été reculé au moins de deux fois pour vaincre la réticence des citoyens à venir s’inscrire sur les listes électorales. Les partis politiques ayant assisté au dialogue se mobilisent aussi en collaboration avec le parti du gouvernement pour permettre sans risque de faire passer les amendements décidés ensemble. Pas question de refaire une autre erreur d’appréciation comme celle qui a conduit au rejet inattendu des changements proposés par des sénateurs qui font des pieds et des mains pour continuer à survivre. Cette fois, Mohamed Ould Abdel Aziz et son gouvernement ne veulent prendre aucun risque. C’est la mobilisation générale. Une véritable alerte pour éviter toute possible déconvenue dans un contexte particulièrement surchauffé où les alliances de toute nature comme par exemple un compromis entre le Front national pour la démocratie et l’unité et le comité de crise des sénateurs ajouté à une lame de fond de mécontentement populaire peuvent engendrer. Normalement, le référendum est prévu pour le 5 août 2017. Pour cela, il faut de l’argent estimé à cinq milliards d’ouguiyas. Or, si le parlement a déjà adopté la loi de finances rectificative 2017 dans laquelle le référendum est budgétisé, le congrès des présidents du Sénat a décidé de ne discuter de cette loi de finances qu’après avoir pris suffisamment le temps de permettre aux sénateurs de consulter des experts pour mieux appréhender les contours du texte. Autour de tout cela, des rumeurs d’un nouveau report circulent ou même de la possibilité pour le gouvernement de surseoir à certains des quatre amendements, notamment les changements à apporter au format du drapeau national et au contenu de l’hymne national.
Soucieux de moderniser Nouakchott et d’en faire une ville un tant soit peu viable, le gouvernement a décidé de débloquer cinquante milliards d’ouguiyas MRO. Plusieurs départements ministériels sont concernés par cette mise à niveau dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle a tardé.