Les gangs de la Polyclinique
La fameuse Polyclinique de Nouakchott jouxte le plus grand terminus de la ville. Des milliers de personnes s’y croisent, tout au long de la journée. Colporteurs et marchands y vont et viennent, dans un brouhaha continu. Idéales occasions, pour les malfaiteurs, de se mêler à l’énorme foule et y opérer à moindres risques. Pullulent ainsi, quotidiennement, vols, braquages et agressions diverses. Le poste de police fixé par le commissariat Tevragh Zeina 1 est, en permanence, débordé, jusqu’à paralysie, parfois, à l’instar de la circulation en ce carrefour du chacun pour soi…
Samedi 3 Juin, Sidi « Mèche » un pickpocket connu, s’empare du sac d’une femme qui vient de débarquer d’un taxi. Des témoins le prennent en filature pour tenter de le lui reprendre. Un courageux chauffeur de taxi le rejoint et le bourre de coups, il se défend. La bagarre va durer presque un quart d’heure, sous les yeux des curieux. Heureusement pour son adversaire, Sidi n’est pas armé de couteau et subit, au fil des minutes, l’ardeur dudit chauffeur. Deux policiers viennent embarquer le pickpocket. Mais il ne lui faudra pas plus de dix minutes pour réapparaître, narguer le taximan et tenter, à nouveau, de subtiliser le sac d’une autre femme ! Cette fois, le taximan le rosse bel et bien. Les deux policiers embarquent à nouveau Sidi et… rebelote ! Dix minutes encore et le voilà de retour, souriant, sous son visage un tantinet tuméfié, tout de même… « On ne peut pas m’arrêter », lance-t- il, avant de se fondre dans la foule, en quête d’une nouvelle occasion, à distance, espère-t-il, de tout costaud témoin…
Pourquoi les agents de police qui patrouillent sur place n’arrêtent pas, une bonne fois pour toutes, les malfaiteurs qui sévissent aux alentours de la Polyclinique ? Sidi Mèche n’est, hélas pas, un cas isolé et ce sont des dizaines de citoyens qui en font les frais, chaque jour.
Un complexe commercial dévalisé en pleine journée
Le quartier Mellah est un point chaud de la délinquance et du crime. Beaucoup de malfaiteurs et autres récidivistes y opèrent sans être inquiétés, à l’ordinaire. La fameuse « Bande des vingt » y sévit très tôt la nuit, cambriolant, braquant et agressant tout passant. Elle investit parfois des maisons de particulier. Plusieurs de ses membres ont fait de courts séjours au violon.
Vendredi passé, alors que tout le monde était à la mosquée, vers quatorze heures, une Mercedes 190 grise, sans plaques d’immatriculation, entre au secteur 3. Elle s’arrête devant un complexe commercial dont les vendeurs ont descendu les rideaux, pour aller accomplir leur devoir de Joumou’a. Trois gaillards, visage enturbanné, descendent du véhicule et forcent une des portes. Dix minutes à peine et les voilà repartis, avec une grosse somme d’argent, des lots de cartes de recharge et un fusil de chasse de gros calibre. De retour de l’office, les pauvres commerçants n’ont plus qu’à constater les dégâts. A ce jour, l’enquête ouverte, par le commissariat de police de Toujounine 1, n’a rien donné.
Mois meurtrier
Les accidents de la route ne cessent de faucher des vies humaines, causant beaucoup de préjudices en Mauritanie. L’état des chaussées, l’excès de vitesse, l’irrespect des règles les plus élémentaires de conduite, le manque d’expérience sont au premier rang des responsables de cette terrible hécatombe. Le mois passé a été particulièrement meurtrier, pour la capitale du Trarza et ses environs. Début Mai, une Toyota V8 conduite, en Formule 1, par un sénateur, veut éviter des chamelles, quitte la route et percute un groupe de passants. Une femme enceinte et un bébé sont tués sur le coup. Dix jours plus tard, au PK 10 de Rosso, un minibus express, roulant à trop vive allure dans une zone habitée, fauche trois gosses qui traversaient la chaussée. Les pauvres enfants sont, eux aussi, tués sur le coup. A la fin du mois, en plein centre-ville de Rosso, une voiture qui filait sur l’axe principal tamponne, à proximité du marché, une jeune fille. Evacuée d’urgence, celle-ci décède en cours de route vers l’hôpital. Les trois chauffards impliqués circulent toujours, sans être inquiétés. Sans inquiétude ?
Mosy