La SNIM et ses employés sont parvenus, en interne, vendredi 12 mai, à un compromis, au terme de dix jours de rounds de négociations jugés difficiles. Les salariés n'ont pas obtenu d'augmentation générale des salaires, mais une hausse conditionnée au cours du minerai. Cet accord, conclu tôt vendredi, permet de dépasser un accord antérieur, signé en mai 2014 entre les deux parties et qui prévoyait une augmentation substantielle de salaires. Occasion saisie par l’administrateur directeur général de la SNIM pour saluer les efforts des parties prenantes. « Ces négociations, qui se sont déroulées dans un esprit d’ouverture, ont abouti à un accord qui constitue un acquis important et concrétise la capacité de la SNIM et de ses travailleurs à trouver, en interne, des solutions consensuelles aux problèmes posés », écrit-il dans un communiqué publié à cette occasion.
« En concédant les mesures prévues dans cet accord, malgré leur coût important, dans une conjoncture difficile et incertaine, la SNIM fait le pari sur son personnel qui représente son véritable atout face aux difficultés», ajoute-t-il.
Le protocole d’accord porte sur les ponts suivants :
Une augmentation générale de 10% conditionnée à la montée du prix du fer à quatre vingt-dix (90) USD/T et au prorata de 90% de la production minière ;
Gratification de trois salaires de base pour les ouvriers ;
Deux salaires de base de M1- M3 (agents maîtrises inférieurs) ;
Gratification d’1,5 salaire de base pour les maîtrises supérieurs ( M4-M6) ;
Un salaire de base pour la catégorie cadres,
Cet accord prévoit l’octroi de primes à l’occasion de la fête du Maouloud dite gratuité des acomptes et le mois béni du Ramadan comme c’est le cas présentement pour les deux autres fêtes religieuses, l’Aid El Vitr et l’Aid Al Adha (sacrifice). Il a été également décidé d’octroyer un montant de 50.000 ouguiyas à chaque travailleur de la société à l’occasion du Ramadan
Le dernier point de l’accord prévoit le retour au travail de 9 employés précédemment licenciés par la société après les mouvements de protestation que la société avait connus en 2014, ce qui sera fait suivant les dispositions juridiques usuelles.
Chute considérable de la production
Fait rare, toutes les centrales syndicales étaient soudées et avaient fait front commun pour défendre les intérêts des travailleurs, en affichant leur détermination : obtenir l'application du dernier accord signé en 2014.
Les travailleurs de la Snim réclamaient en priorité l'augmentation générale des salaires et le retour des gratifications, autrement dit des primes annuelles. Pour marquer leur détermination, toutes les centrales syndicales se sont unies, et ont défilé ensemble le 1er mai. Un jour où, exceptionnellement, les conducteurs de trains, chauffeurs de bus et manutentionnaires de la Snim ont paralysé les activités pendant 24h. Réagissant par le biais d’un communiqué, la Snim avait rejeté « toute mauvaise volonté de sa part » et rappelé que « le prix du fer a chuté depuis la signature de l'accord. En 2014, il était de plus de 100 dollars la tonne pour tomber à 40-45 dollars et remonter péniblement ces derniers temps à 70 ».
Si c'est signe d'une embellie pour les travailleurs, la Snim relativise : la situation est loin d'être revenue à la normale, il n'y a aucune visibilité sur l'évolution des prix. Pour la Snim, la situation exige encore des sacrifices de la part des travailleurs ajoutant que malgré les difficultés d’ordre financier, minéralier et les retards de la maintenance, elle demeure soucieuse des difficultés que rencontrent les travailleurs.
La SNIM déclare que la gratification est assujettie à la bonne situation de la société, rappelant toutefois les mesures prises pour améliorer la situation des travailleurs grâce à une augmentation substantielle des primes de rendement, des bonifications exceptionnelles en janvier 2017 qui ont atteint parfois un salaire et demi, l’acceptation de toutes les demandes de prêts sur salaires et le maintien de la vente des produits de base à des prix subventionnés et en permanence dans les économats.
Pour conclure, la SNIM dément avoir renié ses engagements.
Cette crise partielle a occasionné une chute non négligeable de la production dans les différentes mines de l’entreprise, a-t-on observé sur place.
Cette chute de production a touché le trafic ferroviaire avec la réduction du nombre de trains minéraliers en partance pour Nouadhibou.
Des responsables de la société ont reconnu la chute considérable de la production tout au long des négociations entre les deux parties et ont demandé aux travailleurs de ne pas ralentir la production, rapportent des sources. Mohamed Salem OULD BECHIR souhaite que « chacun d’entre nous (ndlr employeur et travailleurs) mesure le risque qui pèse, plus que jamais, sur la pérennité de l’entreprise et prenne conscience de ses responsabilités dans la bataille de survie que nous avons engagée et que nous nous devons de gagner. Aussi, chacun de nous, au niveau où il se trouve, doit s’investir, au quotidien, pour la réalisation de cet objectif ».
Les négociations étant à présent achevées, toutes nos énergies doivent désormais, recommande l’Administrateur Directeur Général Mohamed Salem Ould Béchir, être mobilisées pour relever les défis majeurs auxquels notre entreprise reste confrontée : « le retard cumulé sur la découverture qui affecte considérablement la santé de nos différents gisements, la faible productivité des hommes et des équipements qui entrave la réalisation de nos programmes, le lourd passif de maintenance qui pénalise notre outil de production et enfin les coûts élevés de production qui limitent la compétitivité ».
Thiam