« Grâce au courage et l’abnégation des militants des droits de l’Homme, des victimes, des personnalités, politiques et de la Société civile, une avancée notoire est à saluer en Mauritanie, ces dernières années. Nous ne devons cependant pas crier victoire car le plus dur reste et restera à faire », a averti maître Fatimata M’Baye, présidente de l’AMDH. Elle procédait, le jeudi 6 Avril, au lancement du projet de lutte contre l’esclavage et les pratiques esclavagistes, en partenariat avec ABA ROLI.
« Hier, c’était tabou voire rébellion contre la haute autorité de l’État, que de combattre l’esclavage, ses pratiques et ses pratiquants. Aujourd’hui, c’est un sujet en phase d’être dépassionné, au cœur même des débats républicains et humanistes. La criminalisation de l’esclavage et la Journée de commémoration du 6 Mars sont des avancées considérables. Nous encourageons les autorités à persévérer pour que soit définitivement éradiqués l’esclavage et ses pratiques, à faire accompagner leurs victimes, partout où le besoin se fait sentir, notamment en adoptant et développant l’aide juridictionnelle », a-t-elle déclaré. D’une durée de sept mois, le projet des deux associations partenaires est d’un montant de 80.000 $. Il sera piloté par madame Aïchetou Keïta. « Notre principale mission est de contribuer à éradiquer ce crime, par des moyens légaux et de promouvoir leur application concrète. Mais accompagner et assister les victimes et les personnes vulnérables n’en constitue pas moins une priorité ». Pour M’Bow Amadou, secrétaire général de l’AMDH, il s’agira donc de pérenniser ces actions et mettre les victimes au cœur du dispositif. Ousmane Chérif insiste, lui, sur la nécessité de dépassionner le débat et d’apporter une assistance judiciaire aux victimes.
C’est précisément dans cette optique qu’ABA ROLI a fondé son partenariat avec l’AMDH : l’accompagnement et l’accès à la justice des victimes. Grâce à leur travail acharné, poursuivi depuis vingt-cinq ans, en plus de cent pays, l’Initiative sur l’Etat de droit de l’Association du Barreau américain (ABA ROLI) et ses partenaires ont contribué à renforcer les institutions, en soutenant les professionnels du droit, le respect des droits de l’homme et la compréhension, par le public, de la loi, des devoirs et des droits des citoyens. « Depuis le début de l’année 2015, ABA ROLI travaille avec la société civile mauritanienne, notamment l’AMDH, pour aider les anciens esclaves ou victimes de pratiques esclavagistes à accéder aux documents d’identité légale », a renseigné Oumar Diop, représentant ladite association.
Des para-juristes communautaires ont ainsi bénéficié de formations appropriées et ont été affectés en diverses villes de la Mauritanie, comme Rosso, Boghé, Kaédi, Sélibaby, Néma ou Nouadhibou, pour offrir des services de sensibilisation, information, orientation et documentation, au profit des catégories sociales particulièrement touchées. A Nouakchott, le projet concernera surtout les départements de Sebkha, El Mina, Arafat et Riyad.
Oumar Diop n’a pas manqué l’occasion de féliciter l’AMDH pour « son engagement et son dynamisme au service de la promotion et de la défense des droits des personnes en situation d’esclavage ou de pratiques esclavagistes ». Et d’assurer ces dernières du « soutien total d’ABA ROLI à l’atteinte des résultats attendus du projet, dans le cadre de la loi 2015-031 et en accord avec la feuille de route adoptée par les autorités, avec l’ensemble des parties prenantes ».
Compte-rendu Thiam