« Célébrer la fête de la Femme autrement », tel est le challenge qu’entend relever l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH), en commémorant, à compter du 18 Mars 2017, la Quinzaine de la Femme Mauritanienne. « C’est une façon de se démarquer », éclaire maître Fatimata M’Baye, présidente de l’organisation, lors d’une conférence de presse, en prélude à la manifestation, des autres initiatives lancées dans ce sillage, « notre objectif est d’introduire une certaine décentralisation de la Fête internationale de la Femme, en portant l’accent sur la situation des droits de la femme et de la jeune fille en Mauritanie ».
Lors de cette quinzaine, l’AMDH entend permettre, aux Mauritaniennes, de revisiter l’arsenal juridique national, en mettant un accent particulier sur la sensibilisation, la pertinence des lois et l’obligation de protéger les « gardiennes de la tradition », soupape de sécurité, et de rentrer dans l’arène. « Notre but : vivre dans une société où la femme ne sera plus exposée à aucune forme de violence ». M’ Baye a rappelé que le gouvernement et la Société civile mauritanienne ont pris des engagements internationaux en ce sens. D’où l’intérêt de rappeler l’arsenal juridique existant en Mauritanie qui garantit les droits des femmes.
Déclinant les grandes lignes de ladite Quinzaine, maître M’Baye fait savoir que « nous parlerons du droit des femmes et de notre volonté de les préserver contre toute forme de violence ». S’y adjoint un paramètre plus précis : les préserver contre toutes formes de viol. La femme et la petite fille sont, depuis des lustres, des cibles privilégiées des actions violentes. Mais avec l’évolution de l’environnement, elles sont confrontées, aujourd’hui, à des formes inédites de viol. Celle de leur conscience, liée au terrorisme qui les transforme en kamikazes. Le visage innocent de la petite fille est désormais associé à la terreur, ce n’est pas acceptable ».
Revisiter les droits de la femme
Autre pôle de la Quinzaine, la lutte contre les mutilations génitales féminines. « Le taux des mutilations reste très élevé, en Mauritanie, par rapport à nombre d’autres pays », déplore la présidente de l’AMDH. Il est d’autant plus nécessaire de se pencher sur cette question qu’à en croire différents rapports de l’UNICEF, « 71% de filles continuent à être excisées, dans le pays, malgré les dépôts en masse des couteaux, les campagnes de sensibilisation, les mécanismes régionaux et internationaux dont la Mauritanie est partie prenante, et malgré l’implication des religieux et de la Société civile ». Et d’affirmer : « Seule une loi réprimant sévèrement la pratique pourra juguler le drame que vivent des centaines de jeunes filles ».
Maître M’Baye précise, en outre, que certaines dispositions de la loi sur le genre (rejetée par l’Assemblée nationale) ne conviennent pas à la société mauritanienne et que ladite loi n’a rien à voir avec l’homosexualité. « Genre ne veut pas dire homosexualité. Par genre, on veut rendre justice aux femmes violées, aux jeunes garçons, aux hommes violés dans les prisons mauritaniennes. Et aussi extirper les fillettes des mutilations génitales féminines ». Elle soutient que ladite « loi comporte des termes qui peuvent prêter à confusion. Il faut l’améliorer, de sorte qu’on ne brûle pas les étapes, face à des mentalités encore très peu mûres, vis-à-vis de certaines sémantiques internationales ». Mais le jour où cette loi sera « correctement formulée et adoptée, les Mauritaniens se rendront compte des acquis qu’ils ont obtenus ».
Auparavant, le secrétaire général de l’AMDH, monsieur M’Bow Amadou, avait planté le décor, en annonçant l’organisation d’un paquet d’activités, tant à Nouakchott qu’à l’intérieur du pays. « Les prochaines décennies de la Communauté internationale et de la Société civile mettront davantage l’accent sur la valorisation du travail des femmes, dans tous les milieux, et leur participation effective et citoyenne, dans la construction de sociétés démocratiques, ouvertes et tolérantes ». Dans le contexte actuel, marqué par la montée des violences et des intolérances, l’AMDH aura donc particulièrement à cœur d’organiser l’information visant à réduire les situations de précarité et d’irrespect des droits féminins fondamentaux, en appuyant leur plus grande vulgarisation possible.
Pour ce faire, l’AMDH utilisera les canaux de communication notamment les media et les sessions de sensibilisation destinées au grand public. Les journalistes, les leaders d’opinion, les élus, les décideurs politiques, les partis politiques et les organisations de la Société civile sont interpellés en ce sens, afin que tous les efforts soient conjugués et mutualisés, pour la réussite de cette œuvre qui contribue à combattre toutes les formes des violences faites aux femmes.
Compte-rendu Thiam