Autour d'un thé

9 June, 2016 - 02:49

Heureusement que le Ramadan est là. C’est une véritable opportunité pour calmer les esprits et refroidir les passions. Puisque, quand le Ramadan vient, des choses importantes se passent dont, entre autres : les diables sont fortement attachés. Le Président, les ministres, la majorité et les oppositions peuvent manœuvrer, sans être manipulés par ces méchantes petites créatures qui leur remplissent la tête d’illusions, passion, égocentrisme... C’est le mois de la bénédiction et du pardon. Attention aux mensonges ! Aux fausses promesses, aux médisances... Bon Ramadan à tous, donc : lecteurs du Calame, Président-fondateur, applaudisseurs de tout acabit. Majorité et oppositions. Aux pauvres. Aux riches. Aux jeûneurs. Aux coupeurs. Aux gêneurs. Aux fouteurs. Et j’en oublie, certainement. A toute l’Oumaa islamique. Maintenant, comme on dit, revenons à notre sucre, notre huile, nos oignons (il paraît que la nouvelle bonne orthographe, c’est ognon), à nos pommes de terres, célia (communément appelé lait en poudre) et tous les autres produits que les boutiques du programme Emel et du Ramadan proposent à leurs clients. Parmi les choses que les colonisés ont héritées du colonisateur. Bon, c'est-à-dire que ce n’est même pas propre à colonisé/colonisateur. Ça l’est aussi, d’abord, et ensuite, et toujours, à dominé/dominateur. Ce à quoi les gens ne font jamais attention, c’est le complexe de toujours continuer à croire que, quand cet autre parle, c’est bon et que, pour dire quelque chose d’important, il faut aller, d’abord, le lui dire à lui, avant tout le monde. C’est le comportement le plus partagé. C’est vrai que nul n’est prophète en son pays. Pas compris là où je veux en venir ? Ok. Commençons par la tête. Pour dire des choses tellement peu claires sur la possibilité ou non d’une probable troisième mandature présidentielle, Mohamed Ould Abdel Aziz est allé se confier à des journalistes espagnols. Les Mauritaniens n’ont rien compris. Pourtant il n’y pas plus clair que « Je ne me présente pas à un troisième mandat » ou « Je me présente à un troisième mandat ». Mais pour dire « Je vais à Aleg », je dis « Finalement, les Camerounais ont éliminé les Mourabitounes ». Comme je suis d’Aleg, ce n’est pas la peine de vous dire qu’Aleg, c’est ma ville, je la connais bien et j’aime bien ses habitants. Des propos confus mais assez suffisants pour que le correspondant de l’AMI écrive : « Sneïba a dit qu’il part à Aleg ». Dans « J’ai fait deux serments. Le troisième mandat n’existe que dans la tête des gens de l’opposition », où est « Je ne me présente pas à un troisième mandat » ? Ce n’est pas si extraordinaire que ça qu’on n’ait pu le dire dire à n’importe quel torchon de la place, tenu par n’importe quel peshmerga de la classe. En cela, nos gens sont tous les mêmes. Dakaractu ou RFI, ce n’est rien de plus que lecalame.info ou cridem.org. Ce n’est rien de plus que Nouakchott libre ou tout autre media national. C’est l’histoire, très complexe, du rapport à l’Autre. C’est en tout. Les médecins nationaux ne valent rien. Les ingénieurs nationaux ne valent rien. Les charretiers nationaux ne valent rien. Les boulangers nationaux ne valent rien. Les revendeurs nationaux des cartes de recharge ne valent rien. Les cireurs nationaux de chaussures ne valent rien. Les journalistes nationaux ne valent rien. Les voleurs nationaux ne valent rien. Ils soignent mal. Ils ingénient mal. Ils charrient mal. Ils pétrissent mal. Ils revendent mal. Ils cirent mal. Ils informent mal. Ils volent mal. Ici, ce n’est jamais bon. Rien n’est bon, ici. Il faut aller vivre ailleurs. Se soigner ailleurs. S’informer ailleurs. Voler ailleurs. « Charreter » ailleurs. Se faire voir ailleurs. Aller loin de chez nous. Comme le disait si bien quelqu’un : « Il fait très chaud en Afrique, je vais aller en Côte d’Ivoire ». Ce n’est pas très loin de ça ce qu’ont fait ces présidents partis se confier, à des étrangers, pour étaler leurs intentions, leurs impressions ou leurs craintes, nationales. Nul n’est prophète en son pays. C’est tellement vrai tout ça ! Salut.