D’anciens coéquipiers recrutés pour le nouveau cours : 1985-1986
La conversation que m’accorde mon éminent ami, l’ancien ministre du président Moktar Ould Daddah, est la première du genre à mon retour en Mauritanie, accompagnant le grand exilé, son épouse et leur aîné. Je ne sais des événements de 1978 à 2001 que ce qu’en a dit la grande presse française, c’est-à-dire peu. Quant au Président, il n’évoque pas ceux qui lui ont « succédé » si l’on peut appeler succession une série de putschs. Sans doute, Mohamed Khouna Ould Haïdalla a-t-il été l’un des premiers visiteurs les 17 et 18 Juillet, et l’homme fort du moment a-t-il délégué sa seconde épouse (la première, décédée précocement le 19 Janvier 1990 et très pleurée), retenu lui-même au Tagant – l’ayant sans doute organisé.
Abdoulaye Baro va donc m’expliquer les premières années de ce règne – déjà long en 2001 et dont l’issue ne s’aperçoit pas alors – et en quoi elles purent paraître d’abord acceptables. A telle enseigne que Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, co-équipier aussi important de l’époque fondatrice – participa aussi au gouvernement, à la demande du président du Comité militaire faisant office de chef de l’Etat. Sans doute auparavant, des personnalités de la dernière époque de l’ancien régime, comme Abdel Kader Ould Ahmed, avaient-ils collaboré avec les militaires, et plus tard, ce sera Hasni Ould Didi, ministre de la Route de l’Espoir avant le coup de 1978. Le souci de consensus est alors sincère : neuf des ministres du précédent gouvernement font partie du nouveau, mais la contestation n’est pas de mise. Cheikh Sid’Ahmed Babamine est remplacé aux Affaires étrangères dans les trois semaines par celui qu’y avait nommé Ould Haïdalla. Le nouveau tenant du pouvoir tâtonne aussi depuis Mai 1985, pour pourvoir au secrétariat général du gouvernement.
Bertrand Fessard de Foucault - Ould Kaïge
conventions :
AB = Abdoulaye Baro
BFF = Ould Kaïge
Nouakchott, matin du dimanche 22 Juillet 2001 (suite)
BFF - La guerre, en apparence, continue jusqu’en Août 1979 ?
AB - Les subordonnés, d’abord, ne voulaient pas combattre. Ensuite - je pense personnellement – qu’il y avait des gens en accord avec le Polisario, qui étaient membres influents du coup d’Etat, Alger était au courant, donc la guerre avait presque cessé, cessé plutôt : c’était tacite jusqu’à l’accord de paix.
BFF - Comment est-on passé à HAÏDALLA ? Comment caractériser HAÏDALLA ? A ce moment-là, je crois que vous avez accepté des responsabilités ?
AB - Non ! pas du tout. Nous sommes libérés en Avril 1979… et BOUCEÏF est mort un mois après, au mois de Mai, HAÏDALLA a alors pris le pouvoir.
BFF - Par défaut ?
AB - Il allait créer des problèmes à BOUCEÏF, du moins sa tendance. Parce que BOUCEÏF n’était pas agréé par le Polisario. Ni par l’Algérie. En revanche, la tendance Polisario… les gens voulaient la paix pour de bon. Ce qui leur permettait d’avoir la paix, les soldats, c’était HAÏDALLA, et il avait le gros de l’armée avec lui et en particulier les négro-africains à l’époque : à mon avis. Donc, il prend le pouvoir le lendemain ou le surlendemain de la mort de BOUCEÏF. … Ici, cela devient individuel. Je suis resté chez moi. Non ! voilà, quand on nous a libérés, on nous a dit : allez voir le directeur de la Sûreté. C’était, à l’époque, MENKOUS…
BFF - Yahya Ould MENKOUS, il avait accepté ce petit poste [1] ?
AB - Oui, il était directeur général de la Sûreté. Quand on a nous a libérés.
BFF - L’ancien ministre, l’ancien ambassadeur à Paris ? Directeur de la Sûreté, mais un bon fusil, il aimait beaucoup chasser…
AB - Peut-être. Il nous a reçus un à un. Quand je suis venu le voir, il m’a dit : voilà, on vous a libérés, mais c’est conditionnel. Vous devez rester tranquilles, chez vous. Ensuite, on nous a divisés en trois catégories : il y a ceux qui, s’ils le demandent, peuvent travailler, dans le public. Il y a ceux qui, s’ils le demandent et que le privé veut les accepter, peuvent travailler dans le privé. Il y a ceux qui ne peuvent travailler ni dans le public ni dans le privé, et vous en êtes. Bon… je prends note et pars. Je reste naturellement chez moi, on avait quitté la maison qui a été louée… parce qu’on n’avait pas plus de deux mois de réserve pour vivre. Au bout de deux mois, la famille a été obligée de déguerpir pour que nous puissions louer la maison.
BFF - Donc, la gêne a commencé !
AB - Nécessairement. Mais quand même avec la location, la famille se débrouillait et quand je suis sorti, j’ai trouvé…
BFF - … donc l’immobilier est un investissement ici. C’est même l’un des investissements par excellence.
AB - Oui, sans cela, on n’aurait pas pu… Actuellement, après quinze ans de postes ministériels, je gagne treize mille ouguiyas de retraite…
BFF - … c’est quatre-cinq petits déjeuners dans un hôtel moyen.
AB - Rien n’est fait. Donc vous vous trouvez sur le sable, mais avec la chance de la maison louée.
BFF- Est-ce que vous vous êtes trouvé à l’époque moralement et socialement isolé ? Ou est-ce que vous avez été visité par des gens ?
AB - Hou, là là... Quand on est sorti, toute la ville est venue nous voir. Cela ne coûte rien… ils viennent vous saluer.
BFF - Ils ne vous défendent pas quand vous tombez, mais ils vous saluent au retour.
AB - Toute la ville… donc, Avril 1979, je suis resté à Nouakchott jusqu’en Avril 1980, sous le règne de HAÏDALLA. Et Dieu sait que je ne faisais strictement rien.
BFF - A l’époque, vous ne connaissiez pas HAÏDALLA ?
AB - Je l’ai connu, à travers les faits de guerre. Une fois je suis allé à Aïoun, j’ai présidé un congrès du Parti – fédéral – il était là-bas comme chef militaire. Je l’ai fait appeler, pour le connaître. Alors, je me demande s’il n’a pas cru…
BFF - … qu’il était dévoilé !
AB - … qu’il était dévoilé.
BFF - Donc dans ses petits souliers, mais pourtant, il paraît qu’il est très grand.
AB - Il était… je n’ai pas compris d’ailleurs, j’étais loin de m’imaginer…
BFF - mais c’est une tête mieux faite que SALECK ?
AB - Probablement, encore que…
AB - Je ne faisais rien alors, je sortais un peu le soir pour visiter des amis, la journée je lisais, ou je … en tout cas, je n’avais aucune activité.
BFF - Vous aviez des nouvelles de Moktar, à cette époque, les uns et les autres ?
AB - La rumeur, la rue, qu’il était un peu malade, mais quelque temps après la prise de pouvoir d’HAÏDALLA, on a appris qu’on l’avait libéré. En Avril 1980, j’étais allé chez des copains, le soir, je rentre chez moi vers minuit, les policiers viennent m’intercepter avant que je rentre à la maison.
BFF - Vous vous êtes dit, çà recommence ! Et surtout : pourquoi ?
AB - Pourquoi ? je ne me doutais de rien. C’était vers minuit, qu’est-ce que vous voulez ? Ils me disent : non, il faut que vous nous accompagniiez, cela ne va pas durer longtemps, la direction de la Sûreté a quelques questions à vous poser. J’ai dit : non, je suis à la porte de la maison, je ne suis pas rentré, ma famille n’est pas au courant, il faut au moins que je mette ma famille au courant, je ne vais pas me laisser kidnapper comme çà. Bon, rentrez, voyez votre femme et il faut que je lui dise que je vais avec eux à la direction de la Sûreté. Je pars à la direction générale. Ils m’ont dit, le directeur va vous recevoir bientôt. C’était MOÏCHINE !
BFF - MOÏCHINE qui avait été pourtant un très bon directeur de la Sûreté au moment des événements de 1966. Un homme de métier.
AB – Absolument ! c’était lui qui avait succédé à Yahya. Ils m’ont amené une chaise, je m’asseois et j’attends. Vers une-deux heures du matin, un groupe de policiers vient me dire que le directeur n’est pas disponible : vous savez, on va partir ensemble. Ils ne te disent jamais où vous allez. On part. Ils m’ont emmené au camp des pompiers, il y avait des matelas, là-bas qu’ils avaient préparés. Une heure après, il y a Mohameden BABAH qui nous rejoint, et puis une heure après, Abdallah Ould ISMAÏL : on était trois. On reste deux jours, deuxième jour : on nous dit, ce soir vous n’allez pas faire préparer des bagages par vos familles, vous allez partir. Le soir, on nous apporte quelques bagages, des habits pour nous habiller, des livres. Et le soir, moi et Abdallah Ould ISMAÏL on prend le même véhicule, Mohameden BABAH prend un autre véhicule, une autre direction. Où ? on ne sait pas. En tout cas, moi avec Abdallah Ould ISMAÏL, ils nous mettent dans un véhicule, derrière, c’était une sorte de Land-rover bâchée, avec au moins six ou sept gardes et dans des conditions …
BFF - … secoués, pas de banquette ?
AB - Rien, dans des conditions vraiment pénibles. Direction : Atar. On arrive à Atar, au petit matin. On nous fait arrêter à cinq-six kilomètres avant Atar, en brousse. Le garde va voir le Gouverneur, le chef militaire qui était avec nous. Une heure après, il revient avec un autre véhicule. Abdallah Ould ISMAÏL prend une direction, moi je continue avec le véhicule, pour Ouadane.
BFF - Et toujours aussi mal installé ?
AB - Non, après…
BFF - une banquette se libère.
AB - Non, on m’a donné à partir d’Atar…
BFF - … parce que je ne sais pas comment est le goudron vers Chinguetti et Ouadane, ce ne doit pas être terrible !
AB - Les conditions avaient changé, parce que le Gouverneur avait reçu des instructions différentes, de nous bien traiter, de nous traiter correctement, par contre celles du départ ici … c’était…
BFF - … comme des sacs et du bétail !
AB - Oui, exactement.
BFF - Ce n’est pas dans la nature tout de même du pays et de vos compatriotes, cela ?
AB - Des militaires sauvages !
BFF - Ils avaient pris le plus mauvais des qualités militaires mais pas les bonnes ! En principe, un militaire ça fait la guerre.
AB - Quand ça se met à faire la politique, on n’aime pas être commandés. Donc, je vais à Ouadane. J’ai eu la chance de trouver là un parent : parce que ma grand-mère est mauresque, et le préfet était un parent.
BFF - Ce que ne savait pas le pouvoir militaire ?
AB - Si ! je crois.
BFF - Ils avaient de bonnes fiches de renseignement.
AB - Je ne sais pas il rit… Je suis redevenu acteur à partir de 1985. Auparavant, parce que je m’étais exilé à Dakar. Quand j’ai quitté Ouadane, je suis allé à Boghé, chez moi, on m’avait arrêté en Avril 1980, on m’a libéré en Février 1981. Ouadane, je suis resté cinq mois, ensuite ils m’ont envoyé à Boghé,
BFF - … en résidence surveillée, mais chez vous !
AB - Chez moi, pour trois mois. Quand on m’a libéré en Février 1981. Et à partir de ce moment, je n’étais plus en sécurité dans ce pays.
BFF - Physiquement ?
AB - Physiquement et moralement. Matériellement.
BFF - Il aurait pu vous arriver quelque chose.
AB - Je n’étais plus en sécurité. Parce qu’on m’a sorti, on m’a prévu moi, on me sort, au moment où on me libère, je vois le ministre de l’Intérieur ; c’était Baham.
BFF - Baham avait pris du travail ? Tous les les LAGHDAF avaient pris du travail ?
AB - Baham était ministre de l’Intérieur de BNEÏJARA. Je lui ai dit, cela fait huit mois qu’on m’a séparé de ma famille, je n’ai jamais vu un juge, je n’ai jamais vu quelqu’un qui m’interroge, huit mois comme , pourquoi ? Il me dit : voilà, je ne sais pas.
BFF - En réalité, il était aussi dominé que s’il n’avait pas été ministre.
AB - Il dit qu’il ne sait pas. Et je suis parti comme çà : je ne sais pas. Toute mon intelligence pratique, c’est de trouver le moyen de sortir. Il y avait ATHIE, le capitaine ATHIE qui était directeur de la Sûreté…
BFF - …il y avait un Malick ATHIE parmi mes élèves, en 1965, ce ne peut pas être son prénom.
AB - Non, son frère ; lui, il s’appelait…
BFF - … peu importe, je situe la famille.
AB - Il est marié quand même à la cousine de mon cousin :
BFF - c’est d’une proximité aveuglante !
AB - Je profite de ça pour obtenir un passeport et un visa de sortie en disant que j’étais malade, et que j’allais, que je vais à Dakar. J’ai réussi à atteindre Dakar, je demande audience au Président Abdou DIOUF qui était un promotionnaire. Il me reçoit très bien, il comprend ma situation et me dit : tu restes. Et je suis resté, il m’a trouvé un poste à l’UNESCO…
BFF - … sur présentation du Sénégal ?
AB - Oui, sur demande du Sénégal ! J’ai fait ainsi quatre ans à Dakar et je ne suis revenu en Mauritanie qu’en 1984. Au moment de la prise de pouvoir…
BFF - … de l’actuel !
AB - … de Maaouya, oui. Parce que HAÏDALLA ne voulait pas de moi.
BFF - Alors qu’en fait, vous n’aviez pratiquement aucun rapport avec lui, que celui d’Aïoun El Atrouss.
AB - Que celui d’Aïoun el Atrous. Mais il m’a envoyé des agents de renseignements pour essayer de faire dire que moi je ne suis pour rien dans cette guerre. Il voulait que je me renie. J’ai dit : non !
BFF - Il y a eu des tentatives à la fois de provocation, et d’arriver à amoindrir les gens…
AB - que tu te renies…
BFF - … et à ce moment-là tu pourras avoir un peu ton aisance.
AB - Absolument ! J’ai dit : non. Moi, je n’ai pas la responsabilité principale, mais j’ai la part de responsabilité qui revient à un ministre d’un Gouvernement. Dans cette affaire, vous dire que j’étais contre la guerre du Sahara, ce n’est pas exact. Aux agents qu’ils m’ont envoyés, c’est cela que je leur dis. … Et moi j’ai des trous de mémoire, je ne sais même plus mon numéro de téléphone.
BFF - Il faudrait peut-être le savoir quand même ! Il rit… Moi actuellement, je suis 232 au Monotel. Je vous laisse avec les amis et la famille. (Nous convenons que je rappelle en fin d’après-midi du lendemain, la famille sera partie.) A la fois, c’est l’affection de vous retrouver, mais j’ai aussi le sentiment que j’apprends des choses … il semble que depuis 1978, l’Histoire s’est arrêtée, non seulement parce que l’on ne se souvient plus d’avant 1978, mais parce que surtout personne ne veut, ni surtout ne peut écrire l’Histoire depuis 1978.
AB - Il n’y en a pas ! Il n’y en a pas eu !
BFF - C’est la page blanche, moi innocent et candide je suis là…
Nouakchott, fin d’après-midi du mardi 24 Juillet 2001
BFF - Je viens pour le plaisir à la fois de te revoir et de t’embrasser, et aussi que tu fasses la suite des réflexions qu’on a faites dimanche matin, et je voudrais que tu me parles surtout et précisément de cette succession d’événements à partir de 1987-1989, les événements de 1989, et puis que tu me dises peut-être ta version pour les élections de 1992. Et il y aurait un autre phénomène – est-ce qu’il est important ou pas ? – ces émeutes du pain, ou cette « révolution du pain » il y a eu des échauffourées sur les prix. Mais c’est surtout ton analyse de 1989, et que tu me situes ce que tu es devenu, une fois que tu as fait de l’UNESCO à Dakar : tu es rentré au pays.
AB - Oui, je suis rentré… je dois dire que je ne me suis pas plu à Dakar.
BFF - J’ai passé une seule nuit, à Dakar, et tu sais où ? Tu ne devineras jamais, je n’avais pas les moyens de me payer l’hôtel, je venais de soutenir un D.E.S. de Sciences politiques à Fann, en 1966, cela ne nous rajeunit pas. J’ai couché dans les arbustes de l’ancienne place Protêt, devenue place de l’Indépendance. Je me suis installé avec mon sac et j’ai attendu le jour.
AB - Donc, j’ai fait quatre ans à Dakar, j’étais bien logé, j’étais conseiller spécial du ministre de l’Education. Mais je ne me suis pas plu, ni dans la fonction, ni dans la ville. … les gens le savaient un peu ici.
BFF - Tu étais devenu au fond : un peu trop bédouin.
AB - Un peu bédouin.
BFF - Cela déteint, la Mauritanie rend bédouin.
AB - Non ! … il rit… mais moi, je suis né ici. En dehors de mes études, je suis né, j’ai grandi ici, et j’ai une grand-mère mauresque, de grande famille, à l’époque.
BFF - Tu avais fait quoi, comme études, d’ailleurs ?
AB - J’avais fait : lettres et sociologie. Nous étions les premières promotions à Saint-Louis.
J’étais d’ailleurs en fin de contrat par hasard, quand il y a eu le coup d’Etat de Maaouya : c’était en Décembre 1984. Je viens ici, j’apprends le coup d’Etat, parce que je ne fuyais que HAÏDALLA.
BFF - … qui te mettait en insécurité …
AB - … qui me mettait en insécurité, parce qu’il pense que je ne suis pas pro-Polisario. J’arrive viens ici fin Décembre… je rencontre le jeune Boubou FARBA qui est le président du Sénat actuel, c’est un de « mes jeunes ». Il me dit : je vais dire à Maaouya que tu es là. Je lui dis : d’accord. Il le dit à Maaouya, qui me reçoit aussitôt.
BFF - Lui-même, Maaouya, tout frais de son coup d’Etat.
AB - Tout frais de son coup d’Etat, qui était fin Décembre et alors… il me dit : oui, je sais que tu ne te plais pas à Dakar. Je veux travailler, je veux des gens qui m’aident, et… si vraiment tu es d’accord, je te propose la direction de la Caisse nationale de sécurité sociale. J’ai dit, je suis d’accord. Je retourne là-bas, je demande audience à Abdou DIOUF qui a été très…
BFF - … qui t’avait mis le pied à l’étrier.
AB - Lui, et aussi un ami, plus qu’ami encore : le ministre de l’Education, Kader FALL. Il est d’ailleurs décédé, il était Ambassadeur au Canada.
BFF - … un beau poste pour un Sénégalais…
AB - … crise cardiaque. Finalement je reviens ici et suis nommé à la Caisse comme directeur général. J’ai été longtemps ministre du Travail, je connaissais la boîte. Toutes les lois nouvelles, avec la contestation syndicale, je les avais faites… j’avais pris des mesures très progressistes pour calmer les travailleurs et faire face aux problèmes sociaux. Donc, on était en avance sur beaucoup de choses…
BFF - … sur les institutions homologues en Afrique…
AB - … jusqu’à présent d’ailleurs, ils ne nous ont pas rejoints, bien que la Caisse soit en train de dépérir malheureusement. Une belle institution : c’était. Pleine d’argent et c’était bien géré au moment où j’y suis suis venu, les directeurs qui m’ont précédé, n’étaient pas des voleurs, n’étaient pas des prédateurs. Il y avait BA Alassane.
BFF - J’ai connu BA, je vais même te dire BA Alassane a été, malgré l’écart d’âge, un de mes élèves au C.F.A. en 1965, bon élève !
AB - Lui, il a fait vingt ans la Caisse, c’est lui qui l’a monté.
BFF – S’il vit toujours, dis-lui que j’existe et que je me souviens de lui en bons termes.
AB - Il vit… il a vieilli un peu maintenant, il a eu quelques petites attaques, mais çà va, il doit être à Moudjéria là-bas pour recevoir le président. Bon, donc Je reste là un an là-bas, je m’y plaisais et je voulais continuer ma carrière dans la boîte parce que j’avais du concret et que c’était une bonne boîte qui rendait des services. Mais, en Décembre 1985 –j’avais pris mes fonctions là-bas le 1erJanvier 1985 – en Décembre 1985, Maaouya m’appelle, après m’avoir envoyé plusieurs fois son petit frère, en éclaireur ! en éclaireur, pour me demander d’être un peu plus près de lui, de l’aider à redresser le pays, à tenir l’Etat, etc.… J’ai hésité, je voulais rester à la caisse.
BFF - Haut fonctionnaire, ce n’est pas membre du Gouvernement ou de la Présidence…
AB - Je voulais rester à la Caisse, j’ai traîné, mais il y tenait, il était le chef, finalement j’ai cédé, j’ai été nommé secrétaire général du Gouvernement, qui est en même temps secrétaire général de la Présidence parce que… j’ai cumulé les deux.
BFF - Autrement dit, c’était à la fois ce que faisaient LARUE [2] et « Cipour » [3]et ce que faisait Mohamed Ali CHERIF.
AB - Exactement. Alors, bon ! j’accepte, et en même temps, il me demande si je peux contacter Sidi Ould CHEIKH ABDALLAHI…
BFF - qui avait été ministre du Plan, des Affaires Economiques, et autres…
AB - qui avait été ministre … En tout cas, j’ai aidé … j’ai demandé à Sidi si il était intéressé, etc.… il m’a dit, oui, etc.… Nous avons été nommés en même temps au Gouvernement. Début Janvier 1986. Moi, en tant que secrétaire général du Gouvernement, ministre-secrétaire général du Gouvernement, et Sidi en tant que ministre de l’Hydraulique,
BFF - beau sujet !
AB - de l’Hydraulique et de l’Energie [4]. Il faut dire qu’à l’époque, Maaouya était un monsieur avec lequel il était agréable de travailler, parce qu’il avait pris des mesures… il remplaçait HAÏDALLA qui était un peu despote à la fin, et il n’avait en tête que le redressement de l’Etat, il en faisait état, il en parlait…
BFF - … et il avait cherché à ramener Moktar, on ne sait pas ?
AB - Non, il ne me l’a jamais dit. Je ne le lui ai pas demandé. Je ne le pense pas, parce que lui tenait d’abord à son pouvoir.
BFF - Oui, une fois qu’on y est…
AB - …on ne pense pas aux autres. Mais il n’était pas hostile à Moktar. Donc, il y a eu ainsi une période, quatre mois d’intimité vraiment à l’époque… il était isolé, un peu, lui-même. Il était marié à une Libanaise, ou à une demi-Libanaise, et il n’avait pas tellement de rapports, de contacts tribaux : il était un peu sédentarisé … et dans son coup d’Etat, je crois que les négro-africains l’avaient beaucoup aidé… à prendre le pouvoir. Il s’appuyait principalement sur eux, il craignait un peu ses compatriotes. De sorte que les quatre premiers mois que j’ai vécus… que j’ai eus avec lui étaient très intimes, et nous ne fermions même pas la porte de communication.
BFF - On travaillait ensemble, on se lisait les papiers, on se rendait compte de ce qu’on avait entendu dire.
AB - Pas comme çà, parce qu’il est très secret, très individualiste, il ne partage pas, il utilise, mais il ne partage pas. Seulement il n’y avait pas de méfiance, il y avait une volonté de collaboration qui était là et qu’il me disait. Ceci de Janvier jusqu’en Avril. A partir d’Avril, il y a eu le papier – là – des FLAM.
BFF - … dont on me parle, sans me les définir. Il rit…
AB - Ah bon ?
BFF – Ce sont des compatriotes du Fleuve, des gens…
AB - … des compatriotes du Fleuve qui ont fait ça.
BFF - FLAM, ça s’écrit F.L.A.M. ou comme une flamme ?
AB - F.L.A.M. Front de libération africaine, je ne sais pas…
BFF - mauritanienne ?
AB - Oui ! africain mauritanien. Bon ! à partir d’Avril 1986, de la sortie de ce papier, un beau jour, il me convoque dans son bureau. Il sort le document, que je n’avais pas vu, dont je n’avais jamais entendu parler, il me le donne. Il me dit : est-ce que tu connais, ça ? Je dis que non ! Il répond : bon ! tu prends ça, tu vas le lire et demain on va en parler. Je prends le document, je le lis, je trouve… d’abord, l’introduction : il y avait l’écrit des « 19 » !
BFF - Référence aux « 19 » !
AB - Non, le texte-même des « 19 » qu’ils avaient mis en exergue.
BFF - Tu l’as gardé, ce papier FLAM ? Tu le retrouverais ?
AB - Je ne retrouve rien, parce que avec les déménagements, ma famille qui ne sait pas garder des documents, qui jette …
BFF - … parce que c’est du papier !
AB - Je n’ai plus rien, même pas une photo !
BFF - C’est peu !
AB - C’est très peu, moi qui avais des agendas, toute ma carrière ministérielle de quinze ans, il n’y a plus rien, je ne peux pas vous donner une photo. où je figure. Alors, le lendemain, je reviens. Pour moi, lui disè-je : c’est tellement idiot, cela ne peut être que d’un étudiant aigri qui a fait un mémoire, parce que c’est… ce n’était pas bien écrit, c’était incohérent. Pour moi-même, ce n‘était pas bien documenté, ce ne pouvait pas être un document politique, parce que vraiment il faut être peu politique pour insulter toute une ethnie, la considérer comme ennemie a priori et sans faire de distinction [5].
BFF - Entre les personnes…
AB - Entre le pouvoir, si on veut s’attaquer à un pouvoir, le pouvoir n’est pas nécessairement le peuple, mais on amalgame quoi ? un peu raciste qui ne veut rien marier, c’est çà F.L.A.M. !
BFF - Est-ce qu’il t’a cru ?
AB - Il m’a cru, il m’a toujours cru. Je ne raconte pas des histoires, il rit… mais, sur le conseil du ministre de l’Intérieur qui m’en voulait un peu parce que…
BFF - … parce que tu avais pris de l’influence…
AB - j’avais pris un peu d’influence, il n’aimait pas ça.
BFF - C’était qui, à ce moment-là ?
AB - C’était Djibril Ould ABDALLAH…. [6] Il a fermé les portes de contact. Désormais pour le voir, il fallait faire le tour, mais toute la confiance de travail restait.
BFF - Et tu trouvais qu’il raisonnait bien, qu’il travaillait bien, lui-même ?
AB - Oui… en tout cas, tous les documents que je lui transmettais, ou les notes, il les annotait. Bien : c’est tout ce qu‘on peut demander ! il rit… Les décisions politiques, qu’il prenait, je n’étais pas toujours associé, et je n’avais pas les renseignements, la sécurité, tout çà… ce n’était pas mon affaire.
BFF - C’était hors champ, tu supervisais l’administration intérieure.
AB - Voilà, l’intérieur et j’avais aussi le contact avec la Banque Mondiale et avec le F.M.I. parce qu’on rentrait dans un cycle de réformes, je faisais partie
BFF - … et probablement tu faisais très bonne impression, parce que tu étais des anciennes équipes.
AB - Peut-être, je ne sais pas…
BFF - … tu avais de la bouteille.
AB - Finalement, on a continué à travailler comme ça, mais Djibril, en même temps, faisait un travail de sape. Il a même prétendu que j’étais le dirigeant des F.L.A.M.,
BFF - un clandestin, une taupe ! Une taupe, mauvais : ça, accusation difficile et mauvaise.
AB - Accusation difficile et mauvaise, mais heureusement, j’avais beaucoup de connaissances et d’amis qui venaient me rapporter ce que Djibril disait. Je suis allé voir Ould TAYA : ton ministre de l’Intérieur diffuse publiquement que je suis du F.L.A.M., que j’en suis la tête, et il le dit à des hommes d’affaires, il le dit à des gens influents. C’est très malsain, occupant la place que j’occupe, qu’on puisse diffuser de pareilles allégations. Ou bien, c’est vrai et ce n’est pas ma place ; ou bien ce n’est pas vrai, et il faut y mettre fin tout de suite. Il a dit : ce n’est pas vrai ce qu’on raconte. Il y a les faits, mais il avait besoin de Djibril…
BFF - … qui était militaire ?
AB - C’était un colonel. Un colonel qui était ministre de l’Intérieur, et il avait… Donc, ce F.L.A.M. a remué un peu le pouvoir, parce qu’il lançait des menaces non seulement contre le pouvoir, mais contre tous les Maures.
BFF - Et on n’identifiait pas très bien ce que c’était ni qui c’était ?
AB - Finalement si ! ils ont pu, on a réussi… finalement Djibril a réussi à les identifier, à faire leur organigramme. A ce moment-là, c’était le colonel ANNE [7], le ministre de l’Intérieur quand le document est sorti. Mais les services de sécurité, selon moi, ont piégé le ministre, ils l’ont orienté vers des Maures, des baasistes, alors que pour le pouvoir… le principal, c’était ça. Il s’est mis à arrêter ces gens-là…
BFF - … et en laissant les vrais ?
AB - En laissant les vrais… Il a commis cette erreur. Pour moi : il était piégé. Alors, on l’a enlevé de son poste, on a mis Djibril… . Ce sont les gens de Djibril qui ont préparé son départ. Une semaine ou dix jours après le changement de ministre, Djibril nous a amené l’organigramme du F.L.A.M. en Conseil des Ministres : donc, c’était prêt !
BFF - C’était trop vite prêt.
AB - C’était prêt : ils ont piégé ANNE
BFF - qui n’est plus jamais revenu à la surface ?
AB - Si ! l’on l’a mis au commerce, après on l’a liquidé, mais c’était un des auteurs du coup d’Etat.
BFF - De TAYA ?
AB - De TAYA [8]. Alors, cette histoire nous a empoisonnés un peu, parce que le Sénégal allait… un journal sénégalais allait publier les textes du F.L.A.M. Le Sénégal avait, à l’époque, une presse plus ou moins libre. Nous, nous étions encore…
BFF - bien muselés.
AB - Bien muselés, d’ailleurs depuis le Parti du Peuple.
BFF - J’entends encore Abdoul Aziz SALL expliquer au correspondant de l’Agence mauritanienne de presse, des trucs… en tournée en 1974, cela faisait dresser les cheveux sur la tête.
AB - Cela n’a pas changé, c’était une presse gouvernementale. Alors, il m’appelle un jour, c’était en Avril 1986, il m’appelle un jour … je vous dis cela, parce que j’ai confiance, l’Histoire c’est l’Histoire. Il me dit : voilà, j’ai par mes renseignements appris qu’il y a un journal sénégalais qui va publier le texte du F.L.AM., la déclaration du F.L.A.M.. Si çà se fait, cela risque d’être un début de discorde important entre le Sénégal et la Mauritanie. Parce que nous serons obligés de répondre et nous n’avons comme moyen de réponse que notre… que nos moyens d’information qui sont des moyens d’Etat. Nous n’avons pas de privé…
BFF - … donc peu crédible pour l’opinion étrangère et sénégalaise.
AB - Il faut aller lui dire que ce n’est pas bon ! je sais que c’est ton ami ; je n’ai pas fait partir un envoyé spécial mais je sais que tu es en mesure de le contacter, et puis d’essayer de le dissuader de faire ça. Ce qui prouve qu’il ne voulait pas de problèmes entre le Sénégal et la Mauritanie. C’était un acte de bonne volonté…
BFF - … et que, par ailleurs, il te faisait confiance.
AB - Oui ! çà aussi ! Je prends ici une voiture, on fait le bac. vers minuit, parce que c’était urgent.
BFF - Et donc à l’insu de tout le monde, en avion tout le monde t’aurait vu partir.
AB - Personne ne savait. C’était entre nous deux. Même pas, je crois que son cabinet ne le savait pas, même son ambassadeur ne savait pas, parce que j’ai cherché l’audience en dehors de l’ambassadeur : je n’étais pas un envoyé spécial. J’arrive à Dakar vers quatre heures du matin, et de bonne heure, je téléphone à son secrétariat
BFF - … dont tu avais le fil !
AB - … dont j’avais le fil ! Malheureusement, le Président DIOUF était absent, il devait arriver dans la nuit. Vers neuf heures, il me fait répondre par son secrétariat que le ministre de l’Intérieur va me recevoir et que je lui transmette le message.
BFF - Ce n’était pas exactement…
AB - Ce n’est pas ce qu’on me demandait et ce n’est pas que je voulais, ce n’est pas ce que je voulais.
BFF - Tu es donc embarrassé.
AB - Je suis embarrassé et je n’avais pas d’autre moyen que d’obéir.
BFF - Tu n’avais pas le choix…
AB - Je n’avais pas le choix, c’est çà les chefs d’Etat. C’est leur affaire, une fois qu’ils ont dit, il n’y a plus de recours, il n’y a rien du tout. Je suis allé voir le ministre de l’Intérieur, je lui ai posé le problème, qui est un compatriote toucouleur que je connais. Je lui ai expliqué quand même les tenants et les aboutissants de l’affaire. Que ce n’était pas bon de créer tout de suite des divergences entre le Sénégal et la Mauritanie sur cette base.
à suivre :
III – les « années de braise »
IV – jugements sans les drames
[1] - voir le compte-rendu de ses mémoires – Un parcours mouvementé (éd. Lignes de repères 109 pages) préface d’Ahmed Ould Sidi Baba – dans Le Calame du 11 Mai 2015
[2] - Maurice Larue, né en 1923, administrateur de la France d’Outre-mer, il commande le Tagant en 1958-1959. En 1960, sur recommandation de Jean-Jacques Villandre ayant occupé ces fonctions dès la formation du premier conseil de gouvernement en 1957, Moktar Ould Daddah, Premier ministre, devenant président de la République, l’appelle à diriger son cabinet. Il noue avec lui une relation de travail et d’amitié sans équivalent avec aucun autre de ses collaborateurs de confiance, Mauritanien ou Français. En 1964, la catastrophe du DC6 Paris/Nouakchott en prive le Président.
[3] - Abel Campourcy, administrateur de la France d’Outre-mer, sert en Mauritanie puis la Mauritanie de 1949 au coup de Juillet 1978 (Assaba en 1949-1950, M’Bout 1951 comme adjoint, chef de la subdivision d’Atar puis adjoint au commandant de cercle de 1952 à 1958). Il est pendant vingt ans secrétaire général du conseil des ministres, puis conseiller juridique et administratif du président de la République, dont il a la confiance absolue
[4] - le 29 Décembre 1985, ils remplacent respectivement Isselmou Ould Mohamed Vall comme secrétaire général du gouvernement et Ahmed Ould Ghanallah comme ministre de l’Hydraulique et de l’Energie. Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ne durera guère dans ce gouvernement : tandis que le 21 Septembre 1987, s’ouvre à Nouakchott le procès de huit personnes (dont un ancien ministre, deux professeurs, un avocat) pour « appartenance à une organisation non autorisée et de détournement de mineurs » : mouvement baassiste pro-irakien, il est limogé sans explication en même temps que Mohamed Salem Ould Lekhal et Dieng Boubou Farba gouverneur de la Banque centrale depuis Juillet 1983. Tous trois sont arrêtés le 11 Octobre, et accusés de prêts de complaisance à des entrepreneurs de pêcheries, tandis que va se « découvrir » un soi-disant complot des militaires
[5] - sans doute, est-ce ce dialogue au sommet de l’Etat qui incite le tenant du pouvoir, rentrant le 24 Avril 1986
d’une tournée dans le Trarza et le Hodh Chargui, à faire une vive critique du tribalisme en conseil des ministres : « vécu comme un simple état de fait au niveau des populations, le tribalisme, manipulé par certaines personnes à Nouakchott, devient un moyen de promotion … méthodes pernicieuses dommageables pour l’Etat » et à exiger que l’administration s’exerce « dans un esprit d’équité, de responsabilité et d’objectivité »
[6] - officier supérieur, alias Gabriel Cimper, originaire de Kiffa et important déjà pour le coup de 1978 : il commande alors la région militaire de Rosso, et plus encore pour le renversement du colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla, baptisé « restructuration au sein du Comité militaire ». Il devient alors ministre de l’Intérieur, mais doit remplacer au pied levé le chef d’état-major national, brutalement décédé le 29 octobre 1985. Redevenu ministre de l’Intérieur, il joue un rôle décisif dans la « gestion » des drames d’Avril-Mai 1989, mais aussi dans les premières tentatives de démocratisation du régime en conduisant les premières élections municipales. En toute logique, il est éliminé le 14 Février 1990 quand la Mauritanie doit se réconcilier avec le Sénégal, et quitte la vie publique, tandis que deux personnalités Toucouleurs entrent au gouvernement. Dans le mouvement des « meutes du pain » à Nouadhibou, il est arrêté le 4 Juin 1991 puis assigné à résidence chez lui
[7] - un temps ministre de l’Industrie sous Mohamed Khouna Ould Haïdalla, le colonel Anne Amadou Babali est d’abord ministre des Finances, le 14 Décembre 1984, dès l’éviction du colonel Mohamed Khouna Ould Haïdalla, et traite aussitôt avec le « club de Paris » pour la dette mauritanienne. Le 12 Avril 1985, il obtient du FMI un rééchelonnement du service de la dette sur neuf ans avec quatre ans de différé contre un programme triennal d’investissement à soumettre avant la fin de l’année à la Banque mondiale. Ce qui est ratifiée les 26 et 27 Avril par le « club de Paris ». Puis, succédant à Djibril Ould Abdallah qui redevient chef d’état-major national, il est ministre de l’Intérieur du 29 Octobre 1985 au 31 Août 1986, quand, limogé « pour avoir en partie couvert l’agitation noire », il repasse le service à son prédécesseur. Il est enfin ministre du Commerce, avant d’être accusé de complot, et arrêté le 29 Octobre 1987, par son successeur à l’Intérieur : les officiers toucouleurs, le plaçant à leur tête, auraient envisagé un coup d’Etat pour établir une République du Walo… Il est acquitté le 3 Décembre par le tribunal de Jreida que préside le colonel Cheikh Ould Boïde. Le scenario de l’automne de 1987 se réédite en plus sinistre encore en Novembre 1990. Viendra alors l’affaire Cheikh Fall, un adjudant demandant à la France l’asile politique
[8] - « le 12-12 » : le renversement de Mohamed Khouna Ould Haïdalla, en son absence, le 12 Décembre 1984