« Réviser la Constitution pour y inclure les harratine en tant que composante sociale différente comme les autres », exige Ould Beye
L’Organisation mauritanienne pour les droits et la liberté a organisé, ce vendredi, 1er janvier 2016, à l’hôtel Chinguetti Palace, une conférence/débat sur le contenu des appels lancés à Banki Moon, secrétaire général des Nations-Unies pour la « protection » des harratine en Mauritanie.
Cette rencontre, qui a vu la participation d’un grand public, avait pour objectif de partager avec les militants des associations des droits de l’homme, de tous les hommes épris de paix et de justice, le contenu des missives adressées, en janvier 2010 et septembre 2015, d’une part, de prouver à l’opinion que, cinq ans après la première alerte, rien n’a changé dans la situation des «opprimés et marginalisés harratine » de Mauritanie, d’autre part, a d’emblée annoncé le modérateur de la conférence, Ould Saleck.
En effet, dans ses deux correspondances adressées à M. Banki Moon, distribuées et lues à cette occasion, Samory Ould Beye décrit une situation « chaotique » des harratines, réduits à l’état d’esclaves, privés de tous les droits par le système Beidane : scolarisation des enfants, représentation dans les sphères de l’administration, des forces armées et de sécurité, de l’appareil économiques, des terres, cantonnés qu’ils sont dans des ghettos ( adwabas)… Une situation peu enviable, selon le secrétaire général de la CLTM pour des hommes et des femmes qui vivaient dignement avant l’arrivée des maures en Mauritanie.
Dans sa première lettre, en date du 25 janvier 10, Samory Ould Beye affirmait que la composante harratine qui représente 48% de la population mauritanienne, est analphabète à 99%, et 90% sont pauvres. Ould Beye dénonce les expropriations à outrance par le système esclavagiste maure de ce qui leur reste pour survivre, à savoir la terre. C’est pour cette raison et face au refus du système esclavagiste qui dirige le pays depuis son indépendance que le secrétaire général de la Confédération libre des travailleurs de Mauritanie (CLTM) et président du mouvement El Hor demande aux Nations Unies la protection des harratine pour que cette composante ne disparaisse pas.
Pour Samory Ould Beye, l’ensemble des mesures prises ces dernières années par nos gouvernements successifs ne sont qu’un leurre des partenaires au développement, rien n’a changé, et nous avons tenu à le démontrer à Genève lors de la rencontre mondiale sur la situation des droits de l’homme. Il faut rappeler que le gouvernement mauritanien a adopté, il y a peu une loi criminalisant l’esclavage ou ses séquelles, mais qu’en dépit d’un important arsenal juridique, les organisations de défense des droits de l’homme continuent à exhiber des cas d’esclavage.
Dans le mot qu’il a prononcé à cette occasion, Ould Beye réitère la demande des harratine de voir la constitution mauritanienne révisée afin de mentionner les harratine comme une composante sociales, à part, comme les autres, car les harratine sont différents des autres composantes du pays. C’est d’ailleurs là, la différence entre la première et la deuxième correspondance.
Le CRSM « solidaire » de tous les opprimés
Dans son intervention, Camara Dramane, membre du conseil représentatif des soninké de Mauritanie a d’abord déclaré que le CRSM est solidaire de tous les opprimés de toutes les composantes sociales du pays, il s’est ensuite dit opposé à tout amalgame, parce que ce ne sont pas tous les maures qui sont esclavagistes. Je suis féodal, mais je n’ai jamais acheté un esclave dans le marché, aucun me m’a cultivé mon champ. Je pense que nous devons faire preuve de hauteur et privilégier le dialogue, la modération et la cohésion sociale…
Prenant la parole à son tour, M. Isselmou Ould Abdel Kader, ancien ministre a abondé dans le même sens, rejetant la faute à l’État et aux rapports de forces qu’il a contribué à créer. L’ancien ministre a invité les mauritaniens, tous ceux qui sont épris de paix et de justice à privilégier la non violence comme Mahatma Gandhi, la patience, à compter sur nous-mêmes, non sur une intervention extérieure pour régler nos divergences. Pour Ould Abdel Kader, cette phase historique, ce système est voué à sa disparition, il suffit d’un supplément de patience.
D’autres intervenants ont pris la parole qui, pour pourfendre la marginalisation dont sont victimes les harratines, mais aussi d’autres composantes du pays de la part du « système esclavagiste maure », qui, pour réclamer plus de justice, plus d’égalité, entre les différentes composantes du pays, pour sauver sa cohésion sociale et son unité nationale.