Le blues des « banlieusards » tourne au calvaire. Les dernières averses sur Nouakchott mettent en lumière la fragilité de son quotidien ; surtout celui des quartiers périphériques, complètement paralysé par les précipitations. Routes impraticables et défoncées, embouteillages, transports en commun cauchemardesques, réseau d’évacuation des eaux inexistant, la plupart des habitants de Sebkha, d'El Mina, de SOCOGIM PS et de Baghdad n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. L’eau a envahi de nombreuses maisons et coupé des routes, le spectacle est plus que désolant : cauchemardesque.
Avec la stagnation des eaux, c’est la pestilence des odeurs, dans le vrombissement des mouches et des moustiques. Interpellées sans cesse par les populations épuisées, les autorités communales, départementales et régionales gardent profil bas. Aux abonnés absents, les citernes de l'ONAS et de la CUN ! Depuis une quinzaine de jours, les voies secondaires d'accès sont impraticables, paralysant les activités commerciales et ralentissant les mouvements des gens. Dans bon nombre de zones, les quartiers sont carrément ceinturés par les eaux. Certains habitants ont même dû abandonner leurs demeures.
A Sebkha et El Mina, on ne compte plus les maisons – même les lieux de travail ! – envahies par les eaux de pluie et d’égouts. C’est comme si ces deux départements étaient devenues des îles, à ceci près que les immondices partagent l’eau avec les populations. La situation empire. De mémoire de populations, prisonnières des eaux, contraintes à rester cloîtrées chez elles, en dépit du calvaire, on n’a jamais vu pareille chose.
Désolation totale dans les rues. Prises littéralement d’assaut par les automobilistes, les rares routes principales encore praticables sont truffées de nids de poule, parfois très profonds, qui ne laissent aucune chance aux petits véhicules. Conséquence, de terribles embouteillages, partout, des énervements, des altercations même. Les deux départements vivent au ralenti. Pendant ce temps, les autorités sont absentes et ne semblent pas décidées à venir en aide aux sinistrés. Mais ces populations, il est vrai ordinairement démunies et peu ou prou pourvoyeuses d’impôts, comptent-elles, aux yeux de ceux pourtant chargés de les servir ?
Thiam