« Sans l’écriture, je suis à la dérive »
TONI MARRISON
Le système éducatif n’est pas en crise. Il est simplement dans le gouffre total. L’Etat, les syndicats, les parents d’élèves et les élèves eux-mêmes sont en train de jeter l’Education nationale dans les abysses d’un effritement préjudiciable à l’avenir de la Nation. D’ailleurs d’ici peu de temps, quand les générations actuelles auront tiré leur révérence, la Mauritanie risque de ne plus disposer d’une forte et solide élite intellectuelle et de cadres techniquement compétents. D’abord parce que les apprenants sont de plus en plus d’un niveau désastreux à cause d’une pédagogie défaillante, d’un laisser-aller impuni et d’une anarchie qui font des lycées et des écoles de simples lieux d’amusement et de rencontre où tout est permis et tout se permet au gré de la civilisation du loisir et de la pernicieuse démocratisation. Ensuite, l’Etat n’a plus de souveraineté sur l’Education qui est pourtant le berceau de la République. Toutes les orientations du système éducatif sont dorénavant définies par les bailleurs de fonds qui élaborent eux-mêmes les chantiers qu’ils imposent à l’Etat. A cause d’eux et avec le consentement de l’Etat, l’exigence du nombre submerge l’exigence du savoir parce qu’ils font primer la quantité sur la qualité. Plus grave, la situation de l’enseignement est telle que l’ambition d’enseigner ne s’adresse à personne. Le métier d’enseignant est devenu le débouché qui reste quand on a tout tenté et tout raté. Les parents se rabattent sur les établissements scolaires privés laïcs. Mais ceux-là sont parfois pires car ils gèrent plus le client que l’apprenant. Le constat est donc alarmant : toute une génération est en train d’être sacrifiée par des acteurs de l’école ! « Nous sommes foutus ! » lance un élève ayant fui le public pour aller dans le privé. Et Dieu sait pourquoi son cri est l’expression de la désespérance. Aziz s’est encore trompé car l’éclatement du Ministère de l’Education n’est point une réponse à la question posée car en procédant ainsi, il fait de l’enseignement une colossale machine bureaucratique et parasitaire confiée à des incompétents et des ruffians qui n’entretiendront qu’un appareil éducatif surdéveloppé avec une Education qui ne fonctionne plus sur la base d’une loi d’orientation. L’Ecole Publique en faillite continue. UN ETAT QUI REUSSIT PAS L’EDUCATION DE SES ENFANTS PEUT-IL ESPERER REUSSIR AUTRE CHOSE ? Aujourd’hui, l’école est dans une situation lamentable ! Le développement passe d’abord et avant tout par un système Educatif Performant.
AHMED BEZEID OULD BEYROUCK