Leçons d'une élection : une opposition fragmentée et la nécessité d'une unité nationale

9 July, 2024 - 11:12

"Là où il y a de la paix et de la médiation, il n'y a pas de conflit, et là où il y a de la coopération, on n'a pas besoin de coercition’’, Nelson Mandela

L'élection présidentielle en Mauritanie a révélé les faiblesses d'une opposition divisée par des divergences profondes. Ces divisions, enracinées dans des différends historiques, continuent de marquer notre paysage politique. Pourtant, il est impératif de surmonter ces divergences pour atteindre un objectif commun : la prise de pouvoir par voie démocratique.
Malheureusement, nos partis d'opposition n'ont pas réussi à harmoniser leurs discours ni à développer une stratégie commune. Dès l'annonce des résultats électoraux, l'opposition a affiché ses dissensions et trahisons, révélant une guerre de tranchées post-électorale qui était prévisible. En effet, une ligne de démarcation claire existait déjà entre les partisans du pacte républicain et ceux qui avaient refusé le dialogue politique pré-électoral.
Cependant, le dialogue politique est essentiel dans une démocratie, car il permet de créer des compromis et de parvenir à un consensus sur les questions centrales du processus électoral. De même, l'État doit créer les conditions nécessaires pour favoriser un échange constructif entre l'opposition et le pouvoir, garantissant ainsi un scrutin transparent et crédible.
De plus, en acceptant les règles du jeu, l'opposition doit faire preuve de responsabilité et veiller à ce que toute contestation se fasse pacifiquement et dans le respect des lois. Participer à une élection, c'est donner du crédit au processus électoral. Ceux qui refusent les règles et choisissent le boycott et la dénonciation peuvent être considérés comme plus cohérents que ceux qui acceptent les règles pour ensuite contester sans respecter les voies légales, telles que formuler un recours auprès du Conseil constitutionnel ou demander le recomptage des voix.

 

Prendre son avenir en main

La situation actuelle de notre pays impose donc la nécessité d’un État responsable, d’une opposition républicaine et d’une société civile forte et vigilante, car le pire n’est jamais trop loin. Notre vraie bataille aujourd’hui est d’obtenir, dans l’unité et la détermination, le respect des principes républicains et d’une loi exprimant réellement la volonté générale. Il est temps d’exorciser les vieux démons de la division et de prendre notre avenir en main après des décennies de tâtonnements et de statu quo.
Ainsi, notre élite politique doit s'engager pleinement à façonner un nouveau type de citoyen mauritanien, responsable et capable de s'impliquer activement dans la vie politique du pays. Pour les partis signataires du pacte républicain, il est temps d'être à la hauteur des aspirations communes du peuple mauritanien. Face à la fragilité de notre unité nationale et aux turbulences régionales, il est impératif de dépasser nos querelles politiques pour unir nos forces et surmonter nos différences pour le bien de notre nation et des générations futures.
Par conséquent, il est temps pour le chef de l’État de rentrer dans l’Histoire en refondant le système. Le président Mohamed Cheikh Ould Ghazouani, réélu pour un second mandat, doit entreprendre des initiatives audacieuses pour la jeunesse mauritanienne.
Cela inclut la mise en place de programmes d'éducation et de formation professionnelle adaptés aux besoins du marché du travail, afin de lutter contre le sous-emploi et la pauvreté endémique. Il est également nécessaire de développer des projets créateurs d'emplois et de soutenir l'entrepreneuriat pour offrir des perspectives d'avenir à une jeunesse désœuvrée et mal formée, souvent tentée par la voie d'une migration dangereuse.
Enfin, un gouvernement d'union nationale pourrait être une solution pour garantir une meilleure gouvernance, une plus grande stabilité politique et la mise en œuvre de réformes essentielles pour mettre notre pays sur la voie du développement.

Mansour LY