Retours de bâtons en perspective ?

5 June, 2024 - 10:53

Monsieur Sébastien Delogu, député du parti « La France Insoumise », a brandi, la semaine dernière, un drapeau de la Palestine en pleine séance de l’Assemblée nationale française. Un parti pris public que madame Yaël Braun-Pivet, la présidente de ladite assemblée, a jugé « scandaleux et inadmissible » et qui a valu au contestataire une sanction disciplinaire maximale : quinze jours d’exclusion et privation pendant deux mois de la moitié de son indemnité parlementaire. Certes, madame Yaël Braun-Pivet s’était, elle, juste contenté d’arborer, le 9 Octobre 2023 et « discrètement » au revers de sa veste, les drapeaux conjoints de la [Sionie] et de la France (1), un détail à tout le moins révélateur, au-delà sa visite très remarquée à Al-Qods au lendemain même de l’attaque du 7 Octobre, de son soutien sans équivoque aux « 75 ans d’apartheid, 56 ans d’occupation des territoires palestiniens et 16 ans de blocus à Gaza » que souligne le gouvernement de Pretoria dans son récent réquisitoire auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI). C’était d’ailleurs en référence à cette même situation d’oppression que Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise, refusait déjà de qualifier de « terroriste » le Hamas, au lendemain de son attaque. Et certes : lorsque le territoire d’un peuple est envahi – comme le fut la France en 1940 – n’est-ce pas se déclarer d’emblée les ennemis de celui-ci que de qualifier terroriste sa résistance ?

Où, quand et comment le gouvernement français a-t-il officiellement reconnu la légitimité de la résistance palestinienne ? Nulle part, jamais, ni de la moindre manière… Même sous les épisodes Mitterrand et Hollande, il s’est ingénié, durant ces derniers trois-quarts de siècle, à user de circonvolutions et d’ambages pour ménager les magnats sionistes de la finance internationale si puissamment incrustée dans les pays dits développés. Ailleurs – c’est-à-dire dans plus des trois-quarts de la planète – on a pris beaucoup moins de gants : aujourd’hui, 146 pays reconnaissent l’État de la Palestine. Certes, la nuance entre le concept d’État et celui de Résistance autorisent certains – notamment arabes… – à affirmer le droit des Palestiniens au premier sans leur reconnaître ouvertement le droit à la seconde. Sans être aussi visibles qu’en les pays riches, les magnats sionistes y ont tout de même leurs entrées dans les hautes sphères de l’État, ne serait-ce que pour y négocier leurs interventions financières…   

C’est donc entre gens bien éduqués qu’on doit discuter partout des conditions d’un cessez-le-feu à Gaza. On évite par exemple de commenter la récente déclaration du ministre [sioniste] de la Défense traitant les Palestiniens « d’animaux humains » ni celle de son chef affirmant « voué à l’échec tout projet de cessez-le-feu n’impliquant pas la destruction totale des capacités militaires et politiques du Hamas ». Il existe en effet dans le monde juif un courant de pensée considérant les « goys » (les non-juifs) comme des bêtes de somme corvéables à merci qu’il convient de mater et réduire au silence. C’est incontestablement la position du gouvernement de [la Sionie]. Celle également de la présidente de l’Assemblée nationale française ? De tous les juifs du Monde ? Ce serait plus fâcheux pour ceux-ci : rien de plus approprié, en effet, que le fascisme pour engendrer le fascisme… et ses navrants retours de bâton.

                                                                                                                Ben Abdalla

 

Les 146 pays qui reconnaissent l’État de Palestine

 

 

Notes

  1. : Mais on doute fort qu’elle en subisse le même traitement que monsieur Sébastien Delogu, en dépit de la pétition réunissant plus de deux cent mille personnes le réclamant. Question de « nuance », je présume…