L’ONDFF mobilise pour accroître la participation et l’implication des femmes dans le processus électoral

4 June, 2024 - 15:15

Une rencontre nationale des femmes leaders pour la promotion de la participation des femmes dans les processus électoraux s’est ouverte, ce mardi 4 juin, à Nouakchott. Organisée par  l’observatoire national des droits de la femme et de la fille, en collaboration avec le PNUD, cette rencontre s’inscrit dans le cadre des préparatifs de la prochaine élection présidentielle et ce, en vue de discuter de la question du renforcement de la participation des femmes dans le processus électoral. Elle  vise à  renforcer la participation politique et le pouvoir des femmes dans toutes les sphères de la vie économique, politique et sociale. De  manière spécifique, il s’agit de sensibiliser les candidats sur la nécessité de placer les préoccupations des femmes dans leurs priorités des programmes de gouvernement ; de renforcer les capacités des femmes leaders en partageant les bonnes pratiques électorales et standards internationaux en matière d’inclusion politique des femmes ; sensibiliser les femmes à prendre part massivement au vote pour faire entendre hautement leurs voix dans la campagne électorale ; plaidoyer pour la participation des femmes dans la gestion des processus électoraux.

Cette rencontre regroupe des actrices, des femmes leaders de la société civile femmes venues de l’intérieur du pays. Après avoir rappelé le processus de mise en place de l’observatoire et de ses missions et des contacts entrepris auprès des leaders sociaux et religieux, sa présidente Mme Mehla Ahmed Talebna a indiqué que cette rencontre vise ‘’à renforcer la participation politique des femmes et leur autonomisation dans toutes les sphères politiques, économiques et sociales’’. ’’Nous ne visons pas par son organisation une quelconque manœuvre politique à but électoral. Notre intention n’est pas non plus de mettre en place des alliances ou alignements politiques. L’atelier se focalise plutôt, précise-t-elle, sur les droits politiques des femmes et leur participation au processus électoral afin que nous parvenions à un système électoral dans lequel chacun se reconnaît. Cela est de nature à nous mener aux meilleures possibilités qui garantissent une représentativité équitable, juste et efficace’’.

La présidente de l’ONDFF a estimé que malgré l’adoption d’un ensemble de mesures notamment l’octroi d’une liste de vingt députés dans les élections parlementaires, et leur implication dans la liste mixte et la liste des jeunes, ‘nous continuons à aspirer à certaines mesures qui devraient être prises pour parvenir à un équilibre social entre les genres.’’ Parmi ces mesures, elle cite la révision de la loi du quota réservé aux femmes dans les instances élues (parlement, conseils régionaux et municipaux) afin que ce taux atteigne 33% au moins comme préliminaire au parachèvement des ODD à l’horizon 2030.

Pour Mme Mehla, ‘’la participation politique des femmes demeure en deçà des aspirations en raison d’un certain nombre d’obstacles et de défis culturels ; sociaux, économiques, politiques et procéduraux juridiques et gouvernementaux’’. Selon elle, les femmes n’ont ainsi pas obtenu une représentativité acceptable aux dernières élections, en dépit des améliorations constatées dans le taux des femmes ayant accédé à l’hémicycle durant les élections législatives passées. ’’Nous avons constaté l’exclusion des femmes de toutes les structures de la CENI comme les coordinations régionales, les commissions départementales et les équipes électorales. Pourtant, fait-elle savoir, les femmes représentent plus de 52 % de la population et constituent le plus grand taux d’inscrits sur les listes électorales atteignant 53% des inscrits’’. ’’Cela augure du risque de persistance de l’exclusion et de la marginalisation des femmes’’, craint Mme Mehla. Pour la présidente de l’ONDFF, ‘’il est donc impérieux de prendre les mesures juridiques et pratiques supportant la représentation des femmes au niveau politique et général, l’élévation des moyennes de leur représentativité dans les instances élues et les sphères de prise de décision. Les femmes devraient prendre conscience de la nécessité de réclamer leurs droits. Un droit réclamé n’est en effet pas perdu’ ’, souligne-t-elle.

Pour sa part, le président de la Commission nationale des droits de l’homme, M. Ahmed Salem Ould Bouhoubeiny, a souligné l’importance de la participation des femmes aux processus électoraux et de leur habilitation à jouer le rôle qui leur est assigné, mettant l’accent sur leur rôle au développement selon les indicateurs internationaux.

Se fondant sur une analyse dans une perspective genre du dernier  rapport du développement humain (2022-2023), la représentante  résidente adjointe  du PNUD en Mauritanie, Mme Gozde Avci Legrand, a estimé que les données de la Mauritanie montrent une régression de la qualité du développement humain des femmes dans bon nombre d’indicateurs, alors qu’il y a une amélioration substantielle pour les hommes. De son avis,  cette rencontre constitue une ‘’opportunité pour mobiliser les femmes à prendre part massivement à l’élection et faire  valoir leurs droits et leurs préoccupations aux différents responsables politiques, notamment les candidats à l’élection présidentielle.’’

Elle a souligné que le monde est encore loin de l’égalité entre les femmes et les hommes, en dépit des progrès tangibles face à de nombreux obstacles dans des pays du monde, soulignant la nécessité de la participation des femmes dans tous les domaines jusqu’à ce que l’égalité soit atteinte, ce qui permettra d’élever le niveau économique et social du pays.

Plusieurs panels relatifs à l’intégration et l'inclusion politique des femmes ; état de l’intégration politique des femmes en Mauritanie sont au menu. Les participantes aborderont en groupe plusieurs thématiques: défis et enjeux pour l’intégration des femmes au développement dans les régions ; élaboration du plan de sensibilisation des femmes à l’élection présidentielle de 2024.

Les résultats attendus de cette sensibilisation sont :

-les bonnes pratiques sont partagées et les participants ont acquis les mécanismes d’audit du concept genre dans le domaine électoral ;

-les préoccupations  des femmes sont prises en compte dans les programmes des candidats. La participation des femmes au vote est accrue. Les propositions concrètes  pour accroître l’implication des femmes dans la gestion des processus électoraux  sont faites.