Chronique: Entre Nous

29 May, 2024 - 10:17

Vraiment, l’autre ne savait jamais si bien dire en affirmant que, fort ou faible, l’État nous écrase toujours. Des indépendances à maintenant, les Nou’z’autres, nous du pays des hommes bleus, les hommes du désert, nous du pays d’un million de poètes (et dont le nombre n’augmente jamais),voire d’un million d’énergumènes, de clowns, de bouffons ou d’applaudisseurs et fiers de l’être! Vive Booder contant l’histoire d’un alcoolo bourré qui se lève dans un bus pour proclamer à très haute voix : « Ceux qui sont à droite sont des imbéciles et ceux qui sont à gauche sont des cons ! »Quelqu’un du côté droit proteste : « Je ne suis pas un imbécile ! – Alors, mets-toi à gauche ! », rétorque le pochard. C’est un peu exactement comme nous. Si l’on n’est pas l’un, on est très probablement l’autre. Certes, il existe quelques poignées hors-jeu : des inclassables, des à plusieurs « compétences » et aussi des vertueux (bil’vall) ! Cette histoire de tribus, c’est tellement antique ! Les Aguarunas, les Mastigenkas d’Amazonie, les Himbas, les Noubas ou les Surmas en Afrique... Des tribus aux gestes et comportements frisant la sauvagerie et l’incongruité. Qui disait que nous allions à reculons ? Nous sommes même des « paradoxaux ». Il y a quarante ans, la tribu a failli disparaître. Complètement. Á l’époque, tu demandais à quelqu’un de se présenter, il te disait : « Je suis du Ksar, du Cinquième ou du Sixième ».  Ou encore de la Médina 3, Nouadhibou, Tidjikdja, Néma, Sélibaby, Aleg,

Boghé, Méderdra, Rosso-Mauritanie ou Rosso-Sénégal. Mais jamais qu’il était de telle ou telle tribu. Pour une raison généralement très partagée : C’est qu’il ne savait même pas de quelle tribu il était. C’était le temps où cette monstrueuse entité ne représentait absolument rien et ne prédisposait à absolument rien. Maintenant que les tribus ont fait renaissance au point de « se prendre les bâtons » pour se faire valoir ; qu’elles s’insultent et se menacent par vocaux et enregistrements interposés, au vu et au su de toutes les autorités possibles et imaginables. Maintenant qu’elles se constituent en États dans l’État. Avec leurs banderoles et leurs slogans à leur effigie. Avec leur organisation et, bien sûr, leurs cotisations pour Gaza. Les ministres sont comptés au prorata de la tribu. Combien de ministres ? Combien de secrétaires généraux ? Combien de directeurs généraux ? Combien de coordinateurs de projet ? Combien de conseillers à la présidence ou à la primature ? Combien d’ambassadeurs ? Combien de walis ? Combien de généraux ? Combien de banques ? Et les présidents (actuel, anciens, morts, vivants…), de quelle tribu proviennent-ils ? On demande même celle du moindre clown, entremetteur ou arnaqueur… Alors tribus de toute la Mauritanie, unissez-vous ! « Ouvrez-vous » des représentations tribales les unes chez les autres, aiguisez vos conseils de guerre et affutez vos armes… puisqu’on ne sait jamais ! Salut.      

 

Sneiba El Kory