Il était plus de 18 heures, ce jeudi 25 Avril, les rues et ruelles avoisinantes de la mosquée de Thierno Amadou Néré Bâ de Médina 3 étaient envahies de monde et de véhicules de toutes sortes. Et pour cause, le départ pour le Daaka 2024, célébré, chaque année, à Médina Gounass, cité religieuse située dans la région de Tambacounda (Sénégal). Quelques heures séparaient les nombreux pèlerins du départ. L’agitation était forte.
Les pèlerins, hommes, femmes et jeunes venaient de tous les quartiers de la capitale, trimballant avec eux leurs bagages. Les ruelles avoisinant la mosquée grouillent de monde, les conducteurs et leurs apprentis montaient les bagages tandis que le chef du convoi discutait avec des passagers pour le transport de leurs colis. Un confrère et photographe professionnel, rencontré sur place nous apprend qu’il va effectuer son 17e Daaka, un autre, chapelet en main et psalmodiant des prières acquiesce de la tête pour indiquer qu’il est à son 30e pèlerinage. Tous reconnaissent les bienfaits de ce pèlerinage annuel fondé en 1941. A côté, des femmes s’attelaient à faire monter leurs bagages en discutant avec un chauffeur dont le véhicule est loué à cette occasion.
Pour ce 83e pèlerinage, une quarantaine de voitures dont 13 gros bus s’apprêtait à quitter, dans la soirée Nouakchott pour Médina Gounass. A leur bord, près de 300 pèlerins de Nouakchott et de Nouadhibou qui vont effectuer le pèlerinage annuel dénommé Daaka. Depuis quelques jours, deux commissions travaillent d’arrache-pied pour régler les problèmes de formalités administratives en vue de la traversée du fleuve, d’une part et pour la collecte de l’argent destiné à diverses contributions sur place à la famille maraboutique de Gounass, hôte du Daaka et aux descendants du prophète (Chorfas) venus du Maghreb et du Sénégal. Il faut signaler que de nombreux pèlerins quittent d’autres villes du pays pour ce rendez-vous religieux.
Dans la mosquée, la commission d’organisation vérifie les comptes, les autorisations administratives etc. De l’autre côté, chez l’Imam de la mosquée, les listes des pèlerins sont passées au peigne fin pour leur répartition dans les différents véhicules. Des véhicules personnels sont aussi mis à contribution.
Créé en 1941 par feu Thierno Mamadou Saidou Bâ, un grand érudit et illuminé, le Daaka est une retraite spirituelle en brousse, elle rassemble des milliers de pèlerins de toutes les nationalités, venus de tous les Continents. Réunis sur un site aménagé à cet effet, hors de la ville de Medina Gounass, les pèlerins effectuent, 9 jours durant, sous la direction du khalife et guide actuel, Thierno Amadou Tidiane Bâ, une quarantaine de prières. Le dixième jour est entièrement consacré aux Doua’a formulées par le guide, il consacre la fin du Daaka qui se déroule toujours en présence des autorités du pays ; le président de la République assiste souvent à l’ouverture ou à la clôture du pèlerinage ou il se fait représenter par son premier ministre et ministres. D’importantes dispositions sont prises pour rendre agréable cette retraite spirituelle. Il faut signaler que le Daaka est célébré sans interruption depuis 1960, excepté la période de la Covid 19. Les nombreux fidèles du Fouta ont prié le guide de fixer une date du pèlerinage, explique Anne Tahirou, membre de la commission de préparation et d’organisation. Rencontré sur les lieux, quelques heures avant le départ, cet habitué du Daaka mettait la dernière main sur les préparatifs d’embarquement. Sur place, les pèlerins sont répartis selon leur origine (village) dans les différents sites. Ils y restent durant tout le pèlerinage, priant ensemble avec le guide et partageant les mêmes repas.
Il faut signaler qu’après le départ de Nouakchott, jeudi, au crépuscule, le convoi traverse le fleuve le lendemain matin et passe la journée à Rosso Sénégal avant de s’ébranler dans l’après-midi pour Médina Gounass, un long voyage puisque les premières voitures, trop chargées, arrivent à destination entre le samedi et le dimanche. Beaucoup de commerçants profitent du Daaka pour faire du commerce. Ils peuvent venir des pays voisins: Mauritanie, Gambie, Guinée, Mali et même du Nigéria