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13 March, 2024 - 16:15

Déclaration Mauritanie-UE : « La Mauritanie ne sera pas un pays d’accueil ou de réinstallation de migrants étrangers en situation irrégulière »

La Mauritanie et l’Union Européenne, ont signé, le jeudi 7 Mars à Nouakchott, une déclaration conjointe relative à la migration. Le texte a été signé, côté mauritanien, par le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, monsieur Mohamed Ahmed ould Mohamed Lemine, et, côté européen, par la Commissaire aux affaires intérieures de l’UE, madame Ylva Johansson. Bien que non-contraignant, le document fait office de cadre de référence en la matière, affirment les signataires.

Dans son mot introductif à la session de travail précédent la signature de l’accord, le ministre de l’Intérieur a souligné que la présence en Mauritanie de cette délégation de haut niveau de l’Union européenne s’inscrit dans le cadre de la dynamique croissante qui caractérise les relations entre les deux parties. Le ministre a indiqué qu’en amont, plusieurs rencontres fructueuses, dont celle ayant réuni le président de la République mauritanienne, le Premier ministre espagnol et la présidente de la Commission de l’Union Européenne (UE), avaient eu lieu afin de faciliter la conception d’une déclaration commune sur la question migratoire. Il a souligné que ce partenariat stratégique est constitué de plusieurs volets : économique, diplomatique, sécuritaire, la migration régulière de mauritaniens vers l’Europe, la lutte contre la migration clandestine et les réfugiés.

De son côté, la Commissaire européenne chargée des affaires intérieures, a déclaré être venue à Nouakchott pour renforcer la coopération avec la Mauritanie, « un partenaire stratégique important ». Ce partenariat comprend un appui au financement sur la problématique de la migration. À ce propos, elle a estimé que celle-ci est un « défi mondial qui préoccupe tous les pays » et que « les liens de confiance tissés avec la Mauritanie ont permis d’aboutir à des accords et politiques de gestion des flux migratoires. […] le fléau requiert qu’on agisse au niveau global mais aussi au niveau local », avant de saluer « le travail remarquable accompli par la Mauritanie qui accueille beaucoup de réfugiés ». Le document signé vise à accentuer la coopération entre les deux parties, en s’attaquant notamment aux causes profondes du problème.

Il s’agira d’offrir aux jeunes des opportunités d’emploi, de formation et de financements, d’une part ; de lutter activement contre le crime organisé et le trafic d’êtres humains, d’autre part. « Je tiens à rassurer mes frères et sœurs citoyens de la Mauritanie », formule ainsi Mohamed Ahmed ould Mohamed Lemine, « ils sont les premiers bénéficiaires de la signature de cet accord commun qui est, sans aspect contraignant, bien plus qu'un accord politique ». Et son collègue de l’Économie et du développement durable, monsieur Abdessalam ould Mohamed Saleh, de préciser : « la Mauritanie ne sera jamais la patrie alternative de migrants illégaux étrangers. Nous ne les recevrons pas, ne les abriterons pas et ne leur accorderons pas la citoyenneté ». Concernant les retours en Mauritanie, le document ne mentionne en effet que le retour potentiel des « mauritaniens en séjour irrégulier en Europe ». Ces derniers jours, beaucoup de mauritaniens avaient vivement protesté contre cet accord craignant l’ouverture dans le pays de centres de rétention et d’accueil de migrants. En dépit des assurances des autorités, la tension n’avait pas baissé d’un cran.

Le partenariat vise entre autres à renforcer les capacités des garde-frontières mauritaniens, en accroissant la coopération avec Frontex, l'agence européenne de garde-frontières et garde-côtes, pour ce qui est de la formation et des équipements. La coopération sur les opérations de recherche et de sauvetage sera aussi intensifiée. L'UE veut également appuyer les efforts de la Mauritanie dans ses capacités d'accueil, en particulier des plus vulnérables. Dans le pays résident quelque cent cinquante mille réfugiés du Mali. Des enquêtes conjointes doivent aussi aider à prévenir la migration irrégulière. La coopération sera renforcée en matière de retour et de réadmission, comme dit tantôt, en ce qui concerne les mauritaniens en séjour irrégulier dans l'UE, « dans le respect de leurs droits et dignité », assure la Commission européenne. Comme c'est le cas pour d'autres accords en gestation ou celui controversé avec la Tunisie, l'UE vise un large partenariat. Outre l’ouverture de perspectives d'emploi (accès à la formation professionnelle et au financement pour les entreprises), il vise également à promouvoir la migration légale (mobilité des étudiants, chercheurs, entrepreneurs, etc.). Le mois dernier, madame Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, avait annoncé, lors d'un déplacement en Mauritanie, la mobilisation de 210 millions d'euros en faveur de notre pays.

 

Passant par une dangereuse traversée atlantique, la route des îles Canaries est davantage fréquentée ces derniers temps. Plus de douze mille personnes l'ont empruntée au cours des deux premiers mois de cette année, soit six fois plus que l'an dernier à la même période, selon le ministère espagnol de l’Intérieur.  En 2023, plus de quarante mille personnes ont risqué leur vie dans l’Atlantique – près de mille en sont mortes – en voulant rejoindre l’Espagne par ce chemin. Une hausse sans précédent (+ 160 % par rapport à 2022) que les autorités locales ont du mal à gérer. Aggravés par les effets du changement climatique, l’augmentation du coût de la vie et le chômage élevé des jeunes, les conflits et l’instabilité au Sahel ont poussé des milliers de personnes à embarquer sur des pirogues de pêche surchargées vers les îles Canaries, un tremplin vers l’Europe continentale. Depuis le début de cette année, cent quatre-vingt-onze migrants ont été signalés morts ou disparus sur cette route, rapporte l’Organisation internationale pour les migrations.

 

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En Mauritanie, « Les perceptives économiques demeurent incertaines », annonce le FMI

« Les perceptives économiques demeurent incertaines. Une escalade des tensions géopolitiques pourrait affecter la Mauritanie en provoquant de nouveaux chocs des termes de l’échange. En outre, des catastrophes climatiques plus fréquentes pourraient détériorer les infrastructures, les terres arables et la production agricole, et amener une insécurité alimentaire relativement élevée. Des retards dans le démarrage de l’exploitation du projet gazier Greater Tortue Ahmeyim (GTA), ainsi que des fluctuations défavorables des prix sur les marchés des matières premières, pourraient réduire les recettes budgétaires, accroître les besoins de financement extérieur et aggraver le profil de la dette à moyen terme », selon les projections du FMI exposées dans un communiqué de presse. Le communiqué tempère cependant les inquiétudes : « côté positif, la mise en œuvre des phases futures du projet GTA ou d’autres grands projets miniers devrait améliorer la croissance économique et la balance des paiements ».

Rappelons enfin que la mission du Fonds Monétaire International (FMI) dirigée par monsieur Félix Fischer a tenu des réunions avec les autorités mauritaniennes à Nouakchott du 26 Février au 7 Mars 2024, portant sur la deuxième revue du programme appuyé par la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et le Mécanisme Élargi De Crédit (MEDC), ainsi que sur la première revue du programme au titre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD). […] Sous réserve de l’approbation de la Direction générale et du Conseil d'administration du FMI, la Mauritanie bénéficiera de 6,44 millions de DTS (environ 8,58 millions de dollars) dans le cadre de la FEC et du MEDC et d’un premier décaissement de 14,86 millions de DTS (environ 19,79 millions de dollars) dans le cadre de la FRD. […] Sur la base des données préliminaires, la performance des programmes appuyés par le FMI dans le cadre des accords au titre de la FEC et du MEDC est sur les rails et son exécution a été satisfaisante », indique en outre le communiqué.