Le recyclage, il y a quelques jours, d’anciens hauts fonctionnaires valorisés sous le harnais au temps d’Aziz et la permutation d’ambassadeurs ont fini de persuader les plus sceptiques d’entre nous que le changement tant attendu n’est pas pour demain. Pourtant nommément cités dans le rapport de la Commission d’enquête parlementaire, certains ont été blanchis d’un trait de plume et réhabilités. La palme d’or revenant bien entendu à Mokhtar Ould Djaye qui hérite du poste ô combien prestigieux de ministre-directeur de cabinet du président de la République. Une façon de lui dérouler le tapis rouge. Un vrai mutant, disent ceux qui le connaissent. Mais il n’est apparemment pas le seul. Ceux qui ont, comme lui, servi Ould Abdel Aziz et se sont pliés en quatre pour le faire changer d’avis à propos du troisième mandat n’ont pas hésité à retourner leur boubou lorsqu’ils ont senti le vent tourner. Faut-il leur en vouloir ? Il s’agit tout de même là du sport favori des Mauritaniens et cela oblige à tempérer les jugements. Mais aussi banal soit-il, il n’en reste pas moins condamnable…
Certes la formation du nouveau gouvernement la semaine dernière a permis d’insuffler du sang neuf avec la cooptation de technocrates à des postes importants mais la tendance générale demeure inchangée : la révolution attendra. Surviendra-t-elle enfin après la présidentielle de 2024, lorsque Ghazwani n’aura plus un nouveau mandat en ligne de mire et pourra donc gouverner à sa guise, en choisissant ses hommes à lui ? Et gérer en douceur la fin du système militaro-politique à l’horizon de son cinquantenaire ? Voilà qui serait sage : blanchir ne signifie pas remettre à neuf et entretient l’hypothèse de plus troublantes conclusions…
Ahmed ould Cheikh