Les choix des candidats aux élections municipales, régionales et législatives avaient suscité une vague de mécontentements au sein du parti INSAF. On avait pensé que les listes nationales avaient endigué la grogne mais il n’en est hélas rien. Le parti risque d’en payer le prix et c’est pour éviter d’en arriver là – perdre plusieurs circonscriptions… – que le Premier ministre a été dépêché à l’intérieur du pays pour tenter de ramener certains transfuges au bercail et limiter ainsi les dégâts. Une mission très (trop ?) tardive, peut-être susceptible de porter un peu plus préjudice au parti du pouvoir. Par ses propos, Ould Bilal vient de fragiliser la majorité présidentielle. Ses attaques sont surtout concentrées sur les partis de celle-ci qui ont refusé de retirer leurs listes au profit d’INSAF en plusieurs circonscriptions, alors que persistent des rumeurs selon lesquelles certains partis de la majorité bénéficieraient du soutien du président de la République.
Pompier pyromane
Dans tous les cas, le pompier Ould Bilal risque de se transformer en pyromane. Ses propos n’ont pas hérissé seulement les partis de la majorité mais aussi les transfuges d’INSAF qui pourraient subir des sanctions de la part du gouvernement au lendemain des élections. Celui-ci les tient à l’œil par le truchement de ses coordinateurs de campagne investis d’une mission de renseignements. Tous les cadres récalcitrants feront l’objet de sanctions sévères de la part du gouvernement. Qu’ils se le tiennent pour dit. Face à ces différentes sorties et à celles de quelques-uns des membres de son gouvernement à Nouadhibou, Boghé, Aleg, Keur Macène, Nouakchott (El Mina) et ailleurs, les militants et cadres visés ont réagi : quasiment tous campent sur leur position, en dépit, disent-ils, des pressions exercées pour les amener à renoncer et à soutenir les candidats d’INSAF.
Les propos d’Ould Bilal ont aussi choqué une partie de l’opinion et les observateurs se demandent quelle mouche a piqué le PM, connu jusqu’ici pour sa discrétion, selon certains, ou sa « transparence », selon d’autres. On ne l’avait jamais vu, jusque là, faire de vagues, à l’instar de l’ex PM Ould Mohamed Lagdhaf. Contrairement à leurs prédécesseurs, cesPM s’abstenaient de déclarations susceptibles de les transformer en fusibles. Soit ils gardaient le silence, soit leurs sorties restaient toujours circonscrites à leurs fiefs. La question que l’on se pose est de savoir pourquoi Ould Bilal a troqué son costume de PM au profit du boubou de président de l’UPR. On l’avait été cité parmi les potentielles têtes de liste nationale de l’INSAF ; se préparerait-il à remplacer OuldEyih? D’autres rumeurs l’annonçaient au perchoir de l’Assemblée nationale…
Dans le premier cas, sa mission sera périlleuse dans la mesure où il devra gérer un parti fortement miné et diminué. Un parti qui a copté des candidats contestés, provoquant la grogne susdite. La commission d’arbitrage – PM, MSP, Dircab et président d’INSAF – dont il était membre porte une lourde responsabilité dans ce qui est arrivé. Un discours rassembleur et un ton diplomatique auraient contribué à apaiser et rassurer, alors qu’un second tour en certaines circonscriptions pourrait être fatal à l’INSAF dont les candidats sont en difficulté en beaucoup de celles-ci. À cet égard, le choix des passages du PM n’est pas fortuit...
Et les propos d’Ould Bilal laissent craindre en outre des manipulations de votes. En effet, les coordinateurs sont priés de fournir les listes des personnes inscrites pendant le RAVEL,afin de permettre un pointage le jour du vote. Chaque cadre ou acteur politique se retrouve ainsi comptable de ces inscriptions.
Dalay Lam