Médecin psychiatre, spécialiste des armées mauritaniennes, Dr Anina Sogho est chef de service de psychiatrie au centre hospitalier des spécialités (CHS) de Nouakchott. Il est formé en psychiatrie à l'école de santé des armées sénégalaises entre 2004 et 2014 puis à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar où il décroche son doctorat. Interne des hôpitaux de 2014 à 2018, il effectue des stages à l'hôpital Fann de Dakar, spécialisé en maladies neuropsychiatriques et dans la région de Fatick et de Kaoloak. Rentré en Mauritanie en 2018, il officie au centre hospitalier des spécialités, ex hôpital Dia; il est depuis 2019, chef service de psychiatrie.
Dr. Sogho s'est spécialisé dans la prise en charge de la toxicomanie (addictologie) et membre de l'équipe d'intervention rapide (SURGE) et de l'équipe médicale d'urgence du pays.
Dans cette interview à Horizons, il livre aux lecteurs les aspects des maladies psychiatriques souvent taboues, de leur prise en charge, de la toxicomanie (addictologie) et les moyens dont dispose le service qu'il dirige.
Horizons : Vous êtes médecin psychiatre au centre national des spécialités de Nouakchott. Pouvez-vous nous dire quels sont les types de maladies psychiatriques que vous recevez dans cet établissement, spécialisé dans ce domaine ?
Anina Sogho : Nous recevons des malades souffrant de plusieurs types de maladies dont:
-Les troubles délirants
- La schizophrénie
-Les troubles de l'humeur
-Les troubles anxieux
-Les troubles de la personnalité.
-Les addictions aux drogues.
-les troubles psychiatriques secondaires à une cause organique ou iatrogènes
-Quels en sont les principales causes et qui sont les catégories de personnes et d’âges sont les plus atteintes? Peuvent-elles en guérir ?
Nous utilisons plus le terme de facteurs de risque de survenue d'une maladie mentale que le terme cause. On distingue:
- les facteurs génétiques
- les facteurs environnementaux
- le profil de personnalité
- les facteurs socioculturels et familiaux
- les facteurs économiques
Les catégories d'âge les plus touchés sont les adultes jeunes et les adolescents
Certains guérissent de leur maladie selon que le type de trouble dont ils souffrent est guérissable ou non. Cependant la plupart souffre de maladies chroniques ou récidivantes et devront vivre avec en essayant d'avoir une meilleure qualité de vie.
-De quels moyens dispose l’établissement pour leur prise en charge ?
-Le service de psychiatrie dispose de 8 psychiatres et 1 pédopsychiatre, d’un personnel paramédical compétent dans le domaine avec une bonne expérience, d’un bâtiment de 20 chambres individuelles.
Nous assurons une consultation régulière du lundi au vendredi par deux psychiatres dont l'un pour les urgences et l'autre pour les rendez-vous. Et une permanence tous les jours par des médecins généralistes et internes de 16h00 à 08h00, tous les jours ouvrables et le week-end de 24h00 sur 24. Ces équipes de permanence sont managées chaque jour par un psychiatre d'astreinte qui prend toutes les décisions médicales.
-Quels sont les rapports entre les maladies psychiatriques et les maladies neurologiques?
- Le rapport entre les maladies neurologiques et celles psychiatriques est étroit.
La plupart des maladies mentales résultent d'une perturbation neurobiologique correspondant à la désorganisation du fonctionnement de certaines substances biochimiques naturellement existantes dans le cerveau en rapport avec les récepteurs et certaines zones du cerveau responsables de nos fonctions intellectuelles, thymiques et comportementales
Les maladies neurologiques sont des affections souvent liées à des perturbations du système nerveux central et périphérique.
Les troubles sont souvent d'ordre sensitif ou moteur.
Les troubles neurologiques peuvent avoir aussi une manifestation psychiatrique
-Quel est l’état des accompagnants de vos patients face à ces maladies psychiatriques ?
-Les accompagnateurs des patients vivent parfois difficilement la situation de leurs parents aussi bien avant, pendant et après la période de l'hospitalisation. Ils doivent savoir qu'ils sont aussi importants que les soignants dans tout le processus de la prise en charge de leur malade.
Propos recueillis par Dalay Lam