Le silence entretenu par l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, depuis la fin de son contrôle judiciaire, le 7 septembre, est plus que troublant. En effet, ni lui, ni ses proches ni ses conseils n’ont fait de déclaration, ne serait-ce que pour exprimer leur satisfaction. Beaucoup de mauritaniens attendaient une conférence ou un point de presse. Les observateurs ont noté l'absence de manifestation de joie de ceux qui arpentaient les rues et les devantures du palais de justice pour réclamer sa libération. Pourtant l’homme, comme ses avocats se sont montrés très offensifs depuis quelques temps, il s’est dit prêt à parler, à prouver son innocence et à faire le déballage que certains redoutent tant. Peut-être devrons-nous attendre le procès ? Très hypothétique!
Aussitôt libre, l’ancien président a choisi de filer à Bénichab où il dispose d’un ranch pour probablement quelques jours de repos avant, semble-t-il, d’aller à l’étranger pour des soins. Tout ce silence fait émerger des supputations. Et fait penser à « un deal », entre le pouvoir et l’ancien président, suspectent les analystes. Ghazwani et Aziz ont toujours rappelé qu’ils sont des amis de quarante ans, ils ont gouverné pendant 10 ans, l’un comme président et l’autre chef d’état-major des armées et que tous les deux sont le fruit d’un système militaire pour ne pas dire une oligarchie militaire qui régente le pays depuis 1978. Il y aurait de gros enjeux et donc d’intérêts à préserver contre les contrecoups du dossier de la décennie qui pollue le règne de Ghazwani et la vie de son ami Aziz et, si l'on en croit les sceptiques, serait sur le point d’être enterré.
Outre les intérêts des deux camps, certains observateurs croient savoir que des pays du Golfe seraient intervenus pour trouver un "compromis entre les deux amis". Aussi engager le procès de Ould Abdel Aziz à moins d’une année des prochaines élections locales ne serait pas stratégique.
Après tout, qui aurait d’ailleurs cru à la tenue d’un procès contre l’ancien président, Aziz, même s’il a été humilié, lynché et jeté en pâture ? Des sceptiques avaient vite pensé que les amis de quarante ans nous servaient une pièce de théâtre de mauvais goût. Pour eux, ce qui se passe depuis trois ans incitait à douter de l’issue judiciaire du dossier ? Que de lenteurs et de spectacles depuis la publication du rapport de la commission d’enquête parlementaire en 2020! Beaucoup de salive et d'encre ont coulé. Certains des accusés ont été blanchis et réhabilités même. Pas étonnant alors que l’ancien président Aziz bénéficie lui aussi d’une certaine indulgence? Quel sort sera alors réservé aux fonds et autres patrimoine confisqués? wait and see