Le MEN sur les antennes de Radio-Mauritanie : Un public trié sur le volet interroge le magistère

7 January, 2015 - 16:05

Radio Mauritanie invitait, au soir du mercredi 31 Décembre, le ministre de l’Education nationale, à l’occasion, semble-t-il, du nouvel an décrété, là-haut, Année de l’Enseignement. Sans que l’on sache vraiment en quoi cela consiste ! Notre cher Président va-t-il engager une réforme du système ou procéder, carrément, à sa refonte ? En attendant de voir plus clair dans ce slogan creux et, comme la nature a horreur du vide, on nous offre, encore une fois, du prêt-à-penser et, surtout, à consommer, genre : « Réalité et perspectives ». La procédure est, en apparence, simple et simplifiée : un public de même bord, trié sur le volet, dont les orientations sont, donc, préalablement connues, pour ne pas dire orientées, fait parler le MEN, via les stations régionale de RM : questions, suggestions, voire recommandations, fort utiles, nous dit-on, pour tirer le système du labyrinthe de médiocrité dans lequel il se débat depuis quelques décennies. Mais cet objectif affiché en cache mal un autre, inavoué : offrir, aux laudateurs, la tribune de RM, pour magnifier « les prodigieux progrès enregistrés » et glorifier leur Artisan.

Jusqu’à quand ce média qui se réclame, pourtant, de service public, va-t-il continuer, avec la bénédiction de ses chefs, de biaiser la vérité, en ne tendant son micro qu’aux  applaudisseurs et réduisant d’autant son rôle à un simple outil de propagande ? Au Hodh El Gharbi le choix délibéré a porté sur un professeur de sociologie à l’Université des sciences islamiques – d’un autre département ministériel, donc, celui des Affaires islamiques et de l’enseignement originel – un membre du bureau régional des parents d’élèves – pas son président, connu pour son franc-parler – et, embarquée d’on ne sait où ni trop comment sur la galère, une institutrice qui n’est même pas arrivée, après moult tergiversations, à trouver un mot à dire, ce qui a contraint l’animateur de l’émission à passer la parole au suivant, en lui promettant poliment de la lui rendre plus tard. Pourtant, le milieu scolaire regorge de routiers chevronnés du métier qui connaissent, parfaitement, les arcanes du secteur et dont les contributions, en ce type d’émission, seraient d’un apport substantiel, aussi bien pour les décideurs que pour les auditeurs.

Ce vivier de connaisseurs de l’école dans tous ses états fut, tout bonnement, ignoré par les organisateurs de l’émission qui ont puisé, sciemment, dans la f(r)ange des aplatis et des glorificateurs, pour des raisons que la raison n’ignore pas. A qui la faute ? RM aurait-elle ainsi agi pour éviter, à monsieur Bâ Ousmane, les questions qui dérangent ? Mettant à nu un système éducatif qui agonise, la pertinence des interventions risquait de compromettre l’émission. Le choix d’invités de marque a suscité un certain nombre d’interrogations soulevant des vagues au sein de la famille scolaire, la vraie, celle soucieuse de l’avenir de nos enfants et du devenir de l’école.

Malgré toutes les précautions, Il eut, ici et là au cours de l’émission, des brebis galeuses d’autres wilayas qui ont sonné le glas, mettant en exergue certaines failles du système : infrastructures et manuels scolaires, ressources humaines, carte scolaire ou mécanismes de motivation et affectations… Une kyrielle de problèmes connus de tous et, pour leur apporter des solutions, on n’a pas besoin d’une émission sur commande ni de ressasser les mêmes litanies. Parler, parler… on en a assez parlé. Ce qui manque, c’est de passer aux actes. Cette nouvelle sortie tapageuse sur l’enseignement chante un air de déjà-vu. Elle intervient, après celle consacrée au dossier, encore pendant, des détachés du MEN et de leurs frères de banc, les enseignants qui végètent dans la nature. Et, en remontant un peu la petite histoire, on est en droit d’interroger le ministre sur les recommandations formulées à l’issue des états généraux de l’éducation. Que sont-elles advenues ? Tout cela ne s’est révélé, au bout du compte, que perfides manœuvres politico-politiciennes, visant, avant tout, au bourrage des crânes, les esprits étant plus aguerris. Façon de meubler le temps et de remplir l’espace… en attendant un nouveau scoop médiatique ?

 

Moustapha ould Bechir

Cp Hodhs