Procès de Biram et ses compagnons mercredi

24 December, 2014 - 01:08

Une dizaine de militants antiesclavagistes issus de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), seront jugés mercredi par le tribunal de Rosso.

Parmi ces individus, détenus à titre préventif depuis le 11 novembre dernier, figure Biram Ould Dah Ould Abeid, leader du mouvement, arrivé deuxième à l’élection présidentielle mauritanienne du 21 juin 2014 et  prix des Nations Unies (ONU) pour les droits de l’homme en 2013.

Ces militants arrêtés à l’occasion d’une caravane dénonçant «l’accaparement des terres et l’esclavage foncier » dans le Sud de la Mauritanie,  doivent répondre de plusieurs chefs d’inculpation parmi lesquels la création et l’administration d’une organisation non reconnue, troubles à l’ordre public….

Initialement prévu la semaine dernière, ce procès avait été reporté  à la demande de  la défense, qui déplorait le fait de n’avoir eu que 24 heures pour préparer une  « bataille » aussi importante.

 Maître Lô Gourmo Abdoul, membre de ce collectif déplore « l’incarcération depuis plus d’un mois sans raison autre qu’un règlement de compte de caractère strictement » de ces activistes antiesclavagistes.

 Le même avocat met en garde contre « l’un de ces procès bidons auxquels notre système est rompu depuis les années Taya (chef de l’Etat de 1984 à 2005).

Aujourd’hui, notre pays n’a pas besoin que l’on en rajoute encore en termes d’injustices et de récriminations. Nous avons besoin d’une politique de détente sociale sur la base du respect des règles et des institutions de la République. Notre peuple veut l’unité, notre pays veut la paix et notre nation la démocratie. Le maintien en détention de Biram et ses amis éloigne de telles perspectives ».

Ce procès retient également l’attention à l’extérieur, avec une résolution du parlement européen exigeant la libération des militants antiesclavagistes, alors que Paris plaide en faveur d’un traitement judiciaire équitable dans le respect des droits de la défense.

Abolie par une disposition constitutionnelle, suivie d’une  feuille de route gouvernementale visant à en  éradiquer ses effets, le phénomène social de l’esclavage reste au centre d’une divergence entre les autorités mauritaniennes et les organisations antiesclavagistes.

Au niveau officiel, on admet la subsistance de « séquelles » pendant que les ONG dénoncent « une pratique persistante ».