La Commission Nationale des Droits de l’Homme a tenu une réunion d’urgence à la suite de la déclaration du bureau exécutif de l'organisation S.O.S Esclaves datée du 28 mars 2021, déclarant et condamnant des actes de glorification de l’esclavage et de non-respect de la dignité humaine lors d'un mariage entre deux familles à Ouadane où les mots de la déclaration de mariage étaient ainsi libellés à titre de dote : une esclave, un troupeau de chameaux, la somme d'un million d'ouguiyas et un cheval, pratiques considérées par eux comme une partie essentielle du patrimoine local.
La Commission Nationale des Droits de l’Homme( CNDH ) a pris l'initiative d'effectuer une mission sur le terrain, à la moughtaa de Ouadane, afin d’enquêter sur les faits présumés.
A l’invitation de la Commission, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’homme s’est joint à la mission en tant qu’observateur et conseil technique.
L’approche de la CNDH consiste à ce que, loin des discussions stériles, le débat au sujet de l’esclavage se transforme en travail de terrain qui mènera à l’éradication du phénomène par l’enquête impartiale et indépendante sur chaque cas signalé et le traitement des cas avérés en vertu de l’arsenal juridique complet, particulièrement la loi de 2015.
Suite à la décision prise lors de la réunion, une mission fut dépêchée à Ouadane, elle comprenait :
- deux staff de la CNDH dont un membre du bureau permanent et un conseiller
-Un staff du Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.
Dans un souci de transparence et d’ouverture la CNDH a adressé un courrier officiel en date du 30 mars 2021 à l’organisation de SOS Esclave l’informant de la mission dépêchée à Ouadane et transmettant les coordonnées de ses membres tout en l’invitant à mettre à la disposition de la mission et du siège l’ensemble des informations, témoins et preuves qu’ils souhaitent mettre à leur disposition pour éclairer les investigations.
La commission n’a pas reçu de réaction de la part de SOS Esclave.
Lors de son séjour à Ouadane, les membres de la mission ont rencontré, interviewé et enregistré les témoignages des personnalités suivantes qui étaient directement concernées et présentes au moment de la cérémonie de mariage, il s’agit de :
L’Imam de la Mosquée du Prophète qui a dirigé la cérémonie de mariage et a rédigé le document coutumier.
- le "Tuteur de l'épouse"
- le "Tuteur de l’époux"
- la mère de l’épouse
- l’un des témoins.
- une présidente d’organisation de la société civile présente
A l’issue des investigations menées par la mission de la CNDH et le bureau du Haut Commissariat des Nations unies aux Droits de l’Homme ( conseiller technique) à ouadane et Atar du 29 mars 2021 au 01 avril 2021 il n’a pas été établi une quelconque preuve des allégations de SOS esclaves relatives à l’apologie de l’esclavage lors de ce mariage.
L’ensemble des témoins interviewés ont catégoriquement confirmé que les propos contenus dans le communiqué de SOS Esclave notamment le terme « esclave » n’ont pas été prononcé lors de cette cérémonie.
En conséquence, et sur la base de ce qui précède, la CNDH restera fidèle a ses principes et s'engagera inlassablement de manière positive avec les organisations de la société civile et les militants des droits de l'homme sur toutes les questions relatives aux droits de l'homme, en particulier la question de l’esclavage tout en espérant que les activistes et militants des droits de l’homme soient vigilants quant aux informations publiée à leur initiative pour plus de crédibilité.
La CNDH renouvelle également sa condamnation et son rejet de toute pratique portant atteinte à la dignité humaine et en particulier toute pratique ou apologie de l’esclavage.
La CNDH note enfin l’importance de renforcer la capacité de la société civile concernant la documentation des violations des DH.
La Commission Nationale des Droits de l’Homme ( CNDH).
Nouakchott le 04 avril 2021