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Les veuves, orphelins et rescapés militaires, qui devraient se rendre à Genève pour assister à la 64e réunion sur les droits de l’homme et que la police avait interdit de sortie du territoire, s’élèvent vigoureusement les propos du prote-parole du gouvernement, Mohamed Lemine Ould Cheikh les accusant, d’avoir tenté de voyager clandestinement avec de faux visas. La délégation des veuves était invitée par HRW et devrait s’envoler, le dimanche, le 21 pour Genève, mais c’était sans compter avec les autorités mauritaniennes.
Dépêchées au Calame par la présidente du collectif des veuves, , Madame Houleye Sall, la vice-présidente, Aissata Anne et la chargée de communication, Aissata Alassane Diallo, ont tenu à protester vigoureusement contre les accusations du ministre porte-parole du gouvernement, selon lesquelles, Aissata Anne, Maimouna Alpha Sy, Aissata Alassane Sarr, Baba Traoré, et Sy Yaya ont tenté de voyager clandestinement à Genève, avec de faux visas, délivrés par l’ambassade de ce pays au Sénégal.
« Après avoir accompli nos formalités, un policier est venu récupérer nos passeports, quelques minutes avant le décollage de l’avion ; il nous a demandé si on avait une lettre officielle d’invitation des autorités, nous avons répondu que non, qu’on était muni de visa en bon et dur forme. Mais comme l’objectif était de nous bloquer, il nous a demandé de contacter l’ambassade, de surcroit un week end. Néanmoins, l’ambassade a été saisie par mail et a notifié que les visas étaient authentiques. Mais, qu’a cela ne tienne, après avoir disparu, le policier ne reviendra qu’après, le décollage de l’avion pour nous dire que les photos sur nos visas sont différentes de celles sur nos passeports, et que les instructions sont venues de la DGSN », racontent les deux membres du collectif. Pourquoi on nous a empêchées de voyager à Genève pour assister à la réunion sur les droits de l’homme, se demandent les deux dames. Parce que les autorités du pays et leur bras, la DGSN cherchent toujours à cacher ce qui s’est passé dans ce pays, entre 1989 et 1991, expliquent les membres du collectif qui affirment que ce n’est là qu’un rendez-vous manqué et qu’on ne les reprendra pas la deuxième fois. Nous ne raterons aucune occasion pour dénoncer les exécutions de nos êtres les plus chers et pour réclamer que les tortionnaires soient traduits devant la justice, tonnent les veuves qui, visas à l’appui, fustigent l’attitude du gouvernement mauritanien qui s’est évertué à cacher la vérité sur cette page sombre du pays. « Nous ne baisserons pas les bras, si nous ne sommes pas là demain, nos enfants qui n’ont pas eu la chance de connaître leurs papas continueront le combat», font remarquer les représentantes du collectif.
Nos goudrons sont-ils solubles dans l’eau ? La question posée au milieu des années 80 par un chroniqueur dans un article publié par le quotidien Chaab, le seul qui existait à l’époque, et qui lui valut des déboires avec le pouvoir en place, est plus que jamais d’actualité.