La liberté de la presse est l'un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques. Elle repose sur la liberté d'opinion, la liberté d'expression. Cependant elle a toujours été la bête noire des dictatures, qui cherchent constamment à l’apprivoiser. Les régimes d’exception, qui ont abouti chez-nous à la démocratie militaire, soutenus par l’occident, n’ont pas fait exception. Même quand ils proclament la liberté d'expression, pour faire semblant d’être démocrates, ils cherchent toujours à mettre la presse sous leurs bottes par des dispositions d'ordre administratif ou judiciaire afin d'étouffer cette liberté.
Tantôt ils utilisent le bâton en intimidant ou en menaçant les journalistes, tantôt ils utilisent la carotte en corrompant les gérants de journaux et écrits périodiques pour que la presse demeure, sous étroite surveillance, au service du pouvoir politique.
Le Calame est l’un des rares journaux de la place, à subir les effets du bâton - interdit de paraitre à plusieurs reprises, censuré trente-trois fois - sans courber l’échine. Il est aussi l’un des plus sollicité par la carotte sans jamais obtempérer. Parce qu’il a choisi le combat pour la liberté d’expression, pour la liberté d’opinion, pour la liberté des hommes. Parce qu’il a choisi le combat pour la vérité, pour la justice et contre l’impunité. Parce qu’il a choisi le combat pour une vraie démocratie.
Le fondateur et premier directeur général du Calame, le génie feu Habib Ould Mahfoudh était membre fondateur de SOS esclaves, son journal est parmi les premiers à dénoncer et à combattre ce fléau encore tabou, qui gangrène notre société. Il est aussi le premier à dénoncer les massacres extrajudiciaires, les humiliations et les viols subis par les populations négro-mauritaniennes pendant l’occupation de la vallée et durant les années de braise.
Le calame est aussi l’un des rares journaux à avoir dénoncé les fraudes massives pendant la mascarade d’élection présidentielle en 1992 ; ainsi caricaturée par le talentueux. Feu Habib Ould Mahfoudh écrivait dans ce cadre : « Un Négro-Mauritanien se présente au bureau de vote le 24 janvier (1992). Tout est conforme : Numéro carte d'identité, numéro carte d'électeur, numéro d’enregistrement, tout, tout. Le président du bureau de vote le refuse. Motif : il mesure 1mètre 68 alors que sur la carte d'identité on a porté 1 m 70. Ainsi 2 cm sont suffisants en Mauritanie pour qu'on vous refuse un droit garanti par la Constitution. Nous savons maintenant la distance qui sépare la démocratie de la dictature en Mauritanie : deux centimètres.".
Au plan de la littérature français, Le Calame est l’unique journal mauritanien à avoir donné aux lecteurs francophones un best- seller avec la publication de la centaine de chroniques écrites par son fondateur, sur une période de dix années, dans un livre intitulé, "Mauritanides: chroniques du temps qui ne se passe pas."
Le bataillon commandé depuis quelque temps, par Ahmed Ould Cheikh, qui a repris le flambeau après la disparition du fondateur, continue son offensive contre vents et marées pour que la vérité et la justice triomphent et que la démocratie s’installe. Il est le porte-parole des sans voix. Il est la voix des victimes d’esclavage. Il est la voix des ayants droit, victimes de massacres extrajudiciaires, de viols, d’humiliations et de frustrations qui attendent depuis plus d’un quart de siècle que justice leur soit rendue.
Il est l’espoir d’une élite, il est le rêve d’un peuple.
Oumar Ould Beibacar