Le Calame : Le dialogue en gestation semble plutôt se jouer entre la majorité et le FNDU qu’avec votre coalition. La CUPAD, qui a déjà dialogué avec la majorité en 2011, n’aurait-elle pas de place dans cette consultation dont les préliminaires pourraient démarrer sous peu ? Allez- vous rester en marge ?
Abdessalam Ould Horma : Je vous signale, tout d’abord, que le dialogue en question a été initié par le président en exercice de la CUPAD, le président Messaoud ould Boulkheïr, auteur de la note en quatorze points, discutée auparavant avec les personnalités influentes du forum et à laquelle a répondu le gouvernement. Depuis Août 2014, notre coalition n’a cessé en outre d’appeler, dans toutes ces sorties médiatiques – conférences de presse, communiqués, etc. – au dialogue national. Ceci étant dit, je pense que tout dialogue sérieux ne peut se faire qu’avec tous les acteurs politiques et, surtout, la CUPAD.
- Après près de deux mois de conflit à la SNIM, le maire de Zouérate a réussi à obtenir un accord entre les grévistes et la société minière. Que pensez-vous de cette solution qui met out le ministre de tutelle et l’ADG de la SNIM ?
- D’une manière générale, la SNIM est l’entreprise nationale la plus importante du pays. Sa contribution à l’emploi, au financement du budget national et à la stabilité de la monnaie nationale est déterminante. Son avenir ne pas être garantie sans une parfaite entente entre les différents partenaires sociaux et une gestion prévisionnelle de ses moyens. Et, pour répondre à votre question, je rappelle que Sawab, notre parti, avait, dès le début de la grève, appelé, par communiqué, à la satisfaction des doléances légitimes des travailleurs. Après l’accord intervenu entre les parties, on est endroit, quand même, de se demander pourquoi ce bras de fer, qui pouvait être évité le premier jour, a tant duré.
- Au cours de sa conférence de presse du 26 Mars, le Président est revenu sur les intentions qu’on lui prête de modifier la Constitution actuelle, pour la déverrouiller, voire transformer le régime présidentiel en un régime parlementaire. Son argumentaire, niant, au passage, ce qu’on pourrait qualifier d’allégations, vous a-t-il rassuré ?
- En Mai 2004, Sawab s’est prononcé, dans sa déclaration de politique générale, pour un régime parlementaire et a réitéré sa position au dialogue national de 2006. Néanmoins, nous pensons que le moment n’est pas propice à une réforme constitutionnelle majeure, compte-tenu du climat politique tendu. Nous certifions, surtout, que les articles 28, 29 et 99 de la Constitution sont les plus grands acquis qui garantissent le fondement et l’ancrage de la démocratie, pour l’alternance pacifique au pouvoir. Ces articles ne peuvent être touchés. En aucun cas.
- Que pensez-vous de la déclaration des oulémas de Mauritanie niant l’existence de l’esclavage en Mauritanie ?
-Nous sommes une force progressiste qui a combattu l’esclavage depuis longtemps et ce combat continuera, incha Allah, jusqu'à la disparition totale de ce fléau, et de ses séquelles. Nous pensons que l'esclavage est un crime social qui devra être éradiqué avec force et sans ambages, sur le plan juridique et social, avec la mobilisation de l’ensemble des Mauritaniens. Toute fatwa doit criminaliser et combattre l’esclavage. Elle ne doit, en aucun cas, lui donner ou sous-entendre une légalisation religieuse ni maintenant ni par le passé.
- Une querelle, concernant la représentativité de la délégation du FNDU, aurait occasionné le report, sine die, des négociations qui devaient démarrer la semaine dernière, entre le pouvoir et cette opposition. Qu’en pensez-vous ?
- Toute querelle oppose au moins deux parties, c’est vous dire que la responsabilité, sur ce plan, est partagée, surtout pour une étape formelle, car il s’agit de la remise d’un document-réponse. Le FNDU a reçu, via monsieur Mohamed Vall ould Bellal, son secrétaire exécutif, la note du gouvernement, par le biais du Premier ministre. Selon nous, le FNDU devra faire quelque chose, sans se formaliser, pour ne pas alourdir la dynamique déjà engagée.
La CUPAD a demandé dans sa note remise au président de la République que les étapes préparatoires soient entourées d’une grande discrétion, loin des micros, chose malheureusement qui n’a pas été prise en considération par le gouvernement.
Nous souhaitons que toutes les parties prennent conscience de la gravité de la situation politique et sociale du pays et fassent preuve de discernement pour l’enclenchement d’un dialogue sérieux et inclusif.
Propos recueillis par Dalay Lam