
Le militantisme pour les droits de l'homme en Mauritanie semble, dans bien des cas, davantage tourné vers l'étranger que véritablement enraciné dans les réalités locales. Son principal objectif paraît être de tisser des liens étroits avec les grandes organisations internationales de défense des droits humains, particulièrement influentes en Occident, lesquelles constituent bien souvent la clé d'accès aux sphères politiques européennes et américaines.
À travers cette stratégie savamment orchestrée, nombre de ces activistes parviennent à obtenir un statut privilégié, leur permettant de faciliter l'émigration de certains de leurs proches vers les États-Unis et d'autres contrées occidentales. De nombreux exemples, connus de tous, viennent illustrer cette pratique. Comme le résume avec pertinence une expression populaire de notre pays : « Le haut est une mosquée, le bas est un marché. » Cette parabole évoque l'histoire d'un citoyen ayant obtenu un permis pour ériger un lieu de culte sur une parcelle stratégique, mais qui, mû par des intérêts vénaux, construisit d'abord des boutiques lucratives, reléguant la mosquée à l'étage supérieur pour sauver les apparences.
Il en va de même pour ces pseudo-militants : sous le vernis d'une noble cause, ils exploitent les problématiques sociales et politiques pour obtenir une reconnaissance internationale. Leur méthode consiste à fabriquer des polémiques en accusant systématiquement l'État de tous les maux, afin d'alimenter leur stratégie de communication et de «marketing humanitaire ». Ils n'hésitent pas, par opportunisme, à s'emparer de certains épisodes douloureux : ainsi sautent-ils sur la question de l'expulsion d'émigrés, dénonçant que la majorité des expulsés seraient noirs, tout en omettant délibérément — ou en feignant d'ignorer — que, durant la guerre du Sahara, de nombreux membres de la communauté maure, pourtant innocents, furent arrêtés, torturés et martyrisés uniquement en raison de leur appartenance aux mêmes tribus que celles établies au Sahara Occidental.
Rarement, sinon jamais, on ne les voit au chevet des véritables damnés de la terre, auprès de ces populations brisées par la misère et l'abandon, sauf lorsqu'il s'agit de capter des images à des fins de propagande personnelle. La solidarité sincère, celle qui s'incarne dans la discrétion, la persévérance et l'effacement de soi, leur est étrangère ; leur engagement n'est, en vérité, qu'un instrument cynique destiné à masquer leurs ambitions personnelles sous les oripeaux du combat pour la dignité humaine.
Mohamed Eleya