
Dans « Un physicien au pays des diplomates : Berlin - Le Caire - Sao Paulo - Rabat », Christophe de Beauvais, ancien chercheur au CNRS en physique des solides, nous plonge avec vivacité dans l’univers diplomatique. Fort de ses affectations variées, il nous livre un récit empreint d’humour et de lucidité sur la vie des ambassades, ses codes, ses hiérarchies, et les personnalités parfois hautes en couleur qui peuplent ce microcosme.
À travers ses tribulations, l’auteur dresse le portrait d’ambassadeurs aussi différents que fascinants :
• Certains peu sympathiques, d’autres incroyablement humains.
• Certains compétents mais distants, d’autres à la fois incompétents et distants.
Il se souvient par exemple :
• D’une ambassadrice qui, lors de chaque réunion de service, choisissait un souffre-douleur pour l’humilier avec un plaisir manifeste, répétant presque mécaniquement l’adage publicitaire : « Parce que je le vaux bien. »
• D’un ambassadeur qui refusait de partager l’ascenseur de l’ambassade avec quiconque, convaincu de son mantra : « Je ne mélange pas. »
• D’un autre encore, qui voyait dans les donations d’industriels pour les célébrations du 14 juillet un moyen d’alimenter ses propres comptes personnels, adaptant l’adage en « Parce que c’est moi. »
Malgré son intérêt pour le métier, Christophe de Beauvais ne se prive pas de dresser un tableau peu flatteur et souvent anecdotique de la vie au sein des missions diplomatiques. Il y souligne la rigidité des codes, les rivalités mesquines entre conseillers, attachés et secrétaires, et les défauts d’un système qu’il qualifie de « vaste maison à défauts, tout enveloppée dans l’idée de grandeur, mais lézardée de fissures d’Ancien Régime. »
Cependant, il reconnaît que le Quai d’Orsay, malgré ses failles, offre des bouffées de liberté à ceux qui savent les saisir. Et à la décharge des diplomates français, il rappelle que ces travers, qu’il dépeint avec un humour décapant, se retrouvent dans toutes les représentations diplomatiques à travers le monde : érosion des budgets, réformes incessantes, suppression d’alliances, et querelles intestines entre diplomates et attachés ministériels.
Un grand merci à Christophe de Beauvais pour la dédicace de son récit souvenir, qui m’a rappelé des situations similaires vécues lors de mon propre parcours diplomatique. Une lecture à la fois savoureuse et éclairante sur les coulisses de ce métier si singulier.