Impulsée par son excellence Mohamed ould Cheikh El Ghazouani et soutenue par une enveloppe colossale de 50 milliards d’ouguiyas MRO, l’initiative de moderniser Nouakchott aurait pu incarner une source de fierté nationale et un levier d’émancipation pour tous. Mais derrière ces annonces ambitieuses et ces discours prometteurs, une question demeure en suspens, brûlante d’inquiétude : à qui reviendra la charge de financer ce grand dessein ?
Hélas, la réponse semble éclatante d’injustice. Ce sont les couches les plus vulnérables de notre société — artisans, chauffeurs de taxi, petits commerçants, et ceux que la misère accable déjà sans répit — qui porteront le fardeau. Les mécanismes sont aussi visibles que redoutables : augmentation des taxes sur les petites activités économiques, formalités administratives exorbitantes liées aux véhicules et multiplication des prélèvements fiscaux. Ces mesures étouffent ceux qui luttent déjà pour survivre, transformant leur quotidien en un combat interminable.
Pendant ce temps, les élites privilégiées, protégées par un système soigneusement conçu pour préserver leurs intérêts, continuent de prospérer dans une impunité insolente. Les grandes fortunes, les industriels influents, et les artisans du pillage des ressources nationales restent miraculeusement intouchables. Leur immunité semble gravée dans le marbre des lois non écrites de notre République. Monsieur le Premier ministre, vous qui semblez réitérer les erreurs tragiques de la décennie de l’ex-président Mohamed ould Abdel Aziz, percevez-vous la clameur désespérée de ce peuple épuisé ? Vous qu’on accuse de jouer davantage le rôle d’un percepteur, serviteur zélé d’un cercle restreint de corrompus, que celui d’un réformateur, comprenez-vous que ces pratiques délétères érodent la confiance nationale et annihilent tout espoir de renouveau ? Responsables de l’appauvrissement de la Mauritanie, ces mêmes corrompus continuent, imperturbables, de prospérer à l’abri de mesures pourtant nécessaires et urgentes.
Appel au Président pour un changement audacieux : dernière lueur d’espoir
Le moment est venu de redresser la barre. Ce projet de modernisation ne doit pas devenir un prétexte pour écraser ceux qui n’ont déjà plus rien. L’urgence commande de s’attaquer aux véritables racines de la misère : inégalités sociales criantes, corruption systémique omniprésente et Impunité scandaleuse dont bénéficient les puissants. Seule une politique équitable et résolument courageuse pourra restaurer la confiance du peuple et inscrire vos noms dans l’Histoire comme des architectes de la justice sociale. Faute d’une telle audace, vous serez honni par ce peuple à la mémoire tenace. L’Histoire, inexorable juge des hommes, se souviendra de vous comme des serviteurs d’une oligarchie insatiable, indifférents aux souffrances des faibles.
Monsieur le Président, ce peuple nourrit des espoirs immenses en votre sagesse et clairvoyance. Vous êtes attendu comme le capitaine capable de naviguer dans ces eaux tumultueuses pour corriger les failles, éradiquer les dérives et remettre le pays sur la voie d’un avenir digne. Ne laissez pas la prévarication, le clanisme, et les querelles intestines d’opportunistes en quête de pouvoir anéantir votre programme prometteur. La Mauritanie mérite bien plus qu’un théâtre d’intrigues où les puissants s’arrogent les premiers rôles, reléguant les faibles à de simples accessoires. Elle mérite un État juste, équitable et tourné vers l’épanouissement de tous ses enfants, sans distinction. Agissez avec courage et responsabilité, car l’Histoire n’attend que de graver votre nom parmi les grands bâtisseurs de nations.
Eleya Mohamed
« Le vieux professeur »