Ô civilisation ! de Pierre Lafrance est un roman historique et contemplatif explorant les interactions complexes entre les civilisations. À la croisée de la fiction, de l’autobiographie et de l’essai, l’œuvre mêle narration romanesque, souvenirs personnels et réflexions profondes sur les transformations culturelles. Pierre Lafrance, ancien diplomate et ambassadeur de France en Mauritanie dans les années 1980 et 1990, s’inspire de son vécu pour dessiner une fresque nuancée, bien que les événements rapportés soient en grande partie imaginaires. L’ambition de l’ouvrage n’est pas de renseigner, mais de raconter et d’inviter à la réflexion.
Le roman débute en 1070 et s’étend sur une histoire millénaire qui s’achève avec le départ de Lafrance de Mauritanie en 1991. L’intrigue se déploie principalement dans l’immensité du désert mauritanien, un lieu que l’auteur décrit avec une fascination quasi mystique. Pour Lafrance, le désert n’est pas un simple décor, mais un véritable protagoniste du récit. Ses dunes mouvantes, ses couleurs changeantes et sa lumière hypnotique incarnent une beauté intemporelle et insaisissable.
Depuis le Hodh, au-delà de Oualata, l’auteur contemple cet univers où la lumière et les ombres dansent sur les grains de sable. Il évoque un paysage à la fois serein et mystérieux, qualifié de “miraculeux,” offrant à ses personnages des moments de solitude et d’introspection. Le désert, avec sa grandeur et ses silences, devient une métaphore de la condition humaine, oscillant entre émerveillement et humilité face à l’immensité du monde.
En parallèle, Lafrance insère des anecdotes tirées de ses propres explorations et des scènes imaginées, illustrant les rencontres et les échanges entre les cultures. À travers ces récits, il questionne le regard occidental porté sur les sociétés nomades, les valeurs de celles-ci et l’impact des interventions extérieures sur leur évolution.
Un passage mémorable du roman évoque la découverte culinaire de Capolani, un personnage élevé en Algérie, et de son compagnon. Habitués au couscous traditionnel à la semoule fine, garni de légumes, de viande et d’épices, ils découvrent une version locale bien différente : un couscous de mil dense et gluant, accompagné de viande et saupoudré de feuilles de baobab pilées. Le plat, assaisonné de d’han (beurre cuit), provoque à la fois leur étonnement et leur admiration face à l’appétit des convives locaux.
Ô civilisation ! n’est pas un manuel historique, mais une invitation à la contemplation et à la méditation. En laissant libre cours aux réflexions de ses personnages et à ses propres interrogations, Lafrance compose un hommage vibrant à la Mauritanie et à ses habitants. Il offre également une critique subtile des influences extérieures et des idées préconçues sur ce qu’est la “civilisation.” Une œuvre intemporelle qui interroge l’humanité, le temps et la richesse des échanges culturels.
Est-il écrit quelque part qu’en ce qui concerne la qualité du réseau Internet, nous resterons indéfiniment en queue de peloton ?