Des séquences insoutenables
Deux images m'ont profondément bouleversé. Deux images inouïes qui m'ont marqué comme au fer rouge. Ces images, je n'arrive pas à les chasser de mon esprit. Tel l'œil de Caïn, je les revois toujours avec la même acuité malgré le temps qui passe.
La première image fut ce déluge de fer et de feu sous forme de barils d'explosifs qu'on déversait du ciel sur la ville martyre d'Alep en Syrie.
La télévision montrait des pans entiers d'habitations qui s'écroulaient et, dans le fracas des bombardements, on devinait, noyées dans la fumée et la poussière, les silhouettes des habitants affolés qui couraient dans tous les sens.
Dans ce paysage apocalyptique, on entendait du haut des minarets pointés vers le ciel, l'appel synchronisé des muezzins de la ville qui invoquait l'aide d'Allah pour mettre fin à ce calvaire.[1]
Le spectacle était poignant. Les habitants entassés par petits groupes, ici ou là, dans des abris de fortune, regardaient, impuissants, la mort leur tomber du ciel.
La deuxième image se déroulait en Palestine occupée. Une caméra cachée, filmait une scène insoutenable. Un enfant de douze ans, en pleurs, l’œil hagard, subissait un interrogatoire musclé de la part des agents de la sécurité sioniste.
Les réponses décousues du garçonnet étaient entrecoupées par des sanglots pathétiques. L'enfant était accusé d'avoir voulu poignarder un colon israélien.
A la vue de ce bambin terrorisé, il m'a semblé en cet instant précis, que les principes et les valeurs morales qui sous-tendent l'humanité se sont subitement évanouis.
Ces deux images particulièrement parlantes, résument, à elles seules, l'état détestable où se trouve aujourd'hui le monde arabe. La première image montre le fossé abyssal qui existe entre les gouvernants arabes et leur peuple.
Des dirigeants qui, pour se maintenir au pouvoir, sont amenés à massacrer, de sang-froid et de la façon la plus cruelle, leurs propres compatriotes.
La deuxième image met en exergue le degré d'avilissement et de démission coupable de ces mêmes gouvernants arabes face à des crimes et des exactions commis par Israël sur une terre arabe occupée.
Israël n’a pas, loin s’en faut, les atouts d’un Etat viable. Sans profondeur stratégique, ses dimensions géographiques, démographiques et économiques sont fort réduites.
Tout le monde sait que ce minuscule pays est maintenu sous perfusion par les Américains. N’eût été ce soutien inconditionnel de l’oncle SAM sur les plans militaires, financiers, diplomatiques, politiques et du renseignement, l’entité sioniste aurait, sans doute, disparu de la scène ou, tout au moins, réduite à sa plus simple expression.
Monde arabe : des atouts en trompe-l’œil
Cette situation est d'autant moins supportable qu’Israël compte seulement quelques 7 millions d'habitants contre près de 500 millions dans les pays arabes. Sans parler de la puissance financière colossale des Arabes qui n'a aucune commune mesure avec celle, somme toute, fort modeste de l'Etat hébreu dont le budget est toujours en déficit chronique en raison, notamment, des dépenses militaires et du coût de l'intégration des immigrés juifs venus du monde entier. Autres handicaps de taille pour Israël : une énorme dette publique et une balance commerciale lourdement déficitaire.
Sur le plan de la géographie, le monde arabe occupe un sous-continent alors que Israël a été greffée sur quelques arpents de terre (21.000 km2) en plein cœur de ce monde arabe.
Sur le plan militaire, la puissance de feu (sur le papier) est aussi très largement en faveur des Arabes. L'arsenal militaire cumulé des pays arabes (avions, missiles, chars, artillerie, navires de guerre) est de très loin supérieur à celui d’Israël (cf. les rapports annuels des instituts d'études stratégiques, notamment ceux de Stockholm, Londres et Washington).
Puissance démographique, puissance financière, puissance territoriale, puissance militaire, les Arabes ont tous les atouts pour se soustraire au diktat du minuscule Etat hébreu.
Mais là où le bât blesse, c'est la valeur intrinsèque des dirigeants et leur manque de foi en l'avenir et le devenir de leur nation.
Pendant que certains sont obnubilés par l'argent, le pouvoir, les honneurs, le luxe et le farniente, d'autres, en revanche, constamment sur le qui-vive, sont obsédés par la sécurité et le bien-être de leur population.
La prophétie du Messager d’Allah
L'explication de ce phénomène de soumission et de faiblesse des Arabes, aussi bien envers Israël que face aux agressions des puissances occidentales en Irak, en Syrie, en Libye… a été donnée par le Messager d'Allah, dans l'une de ses prophéties.
Thawbân rapporte que le Prophète a dit: "Bientôt les nations vont se rassembler contre vous comme se rassemblent les gourmands autour d'un festin". Un de ses Compagnons lui demanda: "Serions-nous si peu nombreux ce jour-là?" Le Prophète lui répondit: "Non, en ce jour vous serez très nombreux, mais vous serez semblables à de l'écume; Dieu ôtera des cœurs de vos ennemis la crainte qu'ils avaient de vous et placera dans vos cœurs la faiblesse". Le Compagnon renchérit alors en s'interrogeant sur la nature de cette faiblesse. Et le Prophète explicita son propos sur cette faiblesse: "L'amour de la vie terrestre et la crainte de mourir".
C'est dire que les Arabes, jadis redoutés et redoutables, sont devenus comme le dit si justement le hadith, "semblables à de l'écume" à cause de "l'amour de la vie terrestre et la peur de mourir".
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1. Dans les premiers temps de l'islam, Al Adhan, en dehors de ses horaires habituels, invitait les fidèles à venir, toute affaire cessante, à la mosquée pour une communication urgente. La tradition a maintenu Al Adhan pour conjurer le sort en cas de danger imminent comme les calamités naturelles ou les agressions armées. Car la bénédiction attachée à l'évocation du nom d'Allah dans Al Adhan appelle Sa Protection et Sa Miséricorde.