Le Calame : Vous avez officialisé votre candidature à l'élection présidentielle de Juin prochain. Pouvez-vous expliquer aux Mauritaniens pourquoi sollicitez-vous leurs suffrages ?
Kane Hamidine : Notre pays souffre de plusieurs maux ; entre autres, les problèmes sociaux et économiques qui sont sources d’inégalités. Ma candidature s’inscrit dans leur résolution avec l’appui et l’implication de toutes et tous sans exclusive.
- L'élection présidentielle est un rendez-vous entre un homme et son peuple. Quel projet proposez-vous aux Mauritaniens ?
- Ce que je propose à mon peuple, c’est un projet d’unité nationale avec la résolution du passif humanitaire de manière juste et transparente, des retrouvailles et le développement économique. Avec toutes les potentialités dont nous disposons, nous sommes en mesure de relever les défis. Le peuple mauritanien a besoin d’un leader clairvoyant, ambitieux et déterminé. Moi, je suis prêt et engagé à mener mon pays vers des sommets où tout un chacun se retrouvera et sera fier de la Mauritanie.
- L'opposition mauritanienne est à la recherche d'une candidature unique. Avez-vous sollicité son parrainage ?
- Je me présente en candidat indépendant. Personne n’est venu me dire qu’une candidature unique de l’opposition était recherchée. Je n’en invite pas moins tous les Mauritaniens et les Mauritaniennes à se joindre à moi pour qu’ensemble nous changions notre pays. Aucun ne sera laissé de côté, puisque, quoi qu’on dise, nous sommes embarqués dans le même bateau et devons éviter de chavirer, alors que la tempête menace et ses vagues pourraient être très violentes. Je suis celui qui pourrait mener à bon port notre navire. J’en ai la volonté, la capacité et la vision et je tiendrai fermement le gouvernail.
- Notre histoire depuis 1992 nous indique que les candidatures indépendantes n'ont jamais réussi à prospérer en Mauritanie. Comment entendez-vous vaincre ce signe indien ? Ne redoutez-vous pas les capacités et la force du probable candidat Ghazwani dont les partisans réclament un second mandat?
- C’est juste, chacun veut tirer la couverture à soi et certaines positions sont difficiles à concilier : c’est ce qui avantage tout pouvoir en place. Ma candidature vient à point nommé pour bousculer tous les pronostics et repartir sur de nouvelles bases et interactions.
- Parmi les questions qui occupent le landerneau politique figure la question de l'unité nationale. Que pensez-vous de son état actuel ?
- C’est exact, l’unité nationale dont chacun parle est malmenée ou inexistante, les politiques menées lui sont contraires, tous les indicateurs montrent que des pans entiers de la population sont marginalisés, ce qui suscite des frustrations, des dérives et des radicalisations. Mais ces maux peuvent être soignés correctement et de manière définitive. Le vivre ensemble est fondamental. Aucun n’est plus mauritanien qu’un autre : la meilleure des Mauritaniennes et le meilleur des Mauritaniens sont ceux qui œuvrent pour la paix, la fraternité, l’entente, la cohésion et l’unité du pays. Béantes, les plaies existantes peuvent être traitées de manière définitive, sans esprit revanchard. Nous devons tous œuvrer à marcher main dans la main, en regardant toutes et tous dans la même direction.
- La Mauritanie s'apprête à devenir un pays pétrolier et gazier. Ce sont des richesses souvent sources de problèmes. Que faire pour que les dividendes qu’elles génèreront profitent à tous les Mauritaniens et qu'elles ne deviennent un facteur supplémentaire d'instabilité dans un Sahel déjà miné par des tensions armées et des coups d'État ?
- il faut dire d’emblée que notre pays est un pays agro-pastoral et que nous devrons miser, pour son développement, sur l’agriculture, l’élevage et la pêche. Certes des réserves importantes de gaz et de pétrole ont été découvertes sur notre territoire national. Cela aiguise les appétits et doit nous inciter à plus de vigilance pour la sécurité du pays en renforçant justement l’unité nationale avec une meilleure répartition et redistribution des revenus de ces ressources. Des industries de transformation doivent être développées sur place et l’extension de nos infrastructures doit figurer dans les priorités. Dans un contexte mondial instable avec une guerre de haute intensité en Europe, les pays africains en général et, plus particulièrement, nos voisins ont à se concerter davantage pour désamorcer toutes les sources de tensions et éviter l’irréparable d’un conflit armé.
- Malgré la volonté politique affichée par les autorités, la Mauritanie demeure gangrenée par la corruption et la gabegie. Que pensez-vous du bilan des cinq années du président Ghazwani en ce domaine ?
- La Cour des comptes a relevé à plusieurs reprises de forts soupçons de gabegie et de corruption. À mon avis, il s’agit d’un manque de rigueur et d’organisation. Il y a un laisser-aller et les organes de contrôle ne jouent pas du tout leur rôle de vérification, traçage et démantèlement de certaines filières. Mais il faut reconnaître qu’elles manquent de moyens suffisants pour mener à bien leur travail.
- Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent d'être quelque peu déconnecté de la réalité du pays, n’en êtes-vous pas resté très longtemps au dehors ?
- je ne suis pas du tout déconnecté des réalités de mon pays bien au contraire, je sais tout ce qui s’y passe et ne cesse de défendre mon pays où et quand c’est nécessaire, avec réalisme et pragmatisme.
Propos recueillis par Dalay Lam