Les dettes extérieures de la Mauritanie me rappellent le fameux conte populaire que voici : une gourmande hyène découvrit un vrig (campement) en instance de déménagement sur un unique âne. Elle leur proposa de le lui donner à manger, en contrepartie de quoi elle se chargerait de transporter leurs bagages où ils voudraient. Après quelques négociations, l’accord fut conclu. La hyène dévora goulûment le pauvre âne jusqu’au dernier os et se coucha pour laisser les gens du vrig lui charger le dos. Quand tout fut fini, quelqu’un remarqua qu’une pierre n’avait pas été embarquée et la déposa au-dessus du chargement. « Vous pouvez mettre tout ce que vous voulez », commenta la bête, « de toutes les façons, moi, je ne me lèverai pas ! » Je ne sais depuis quand j’entends la radio, la télévision, le gouverneur de la BCM et le ministre des Finances nous faire part de signatures de conventions et accords de prêts de plusieurs millions voire milliards, sous échéance variablement lointaine de remboursement, le tout versé dans le portefeuille de la Mauritanie de manière à ce que les futures générations se retrouvent complètement noyées de dettes en nombre égalant les cheveux de leurs têtes. Et moi qui entends cela depuis au moins quatre décennies, je ne sais pas exactement à quoi cela a servi. Imaginez un peu le budget national : des centaines de milliards chaque année ; avec les dettes que nous contractons en secouant nos belles touffes ! Tout cet argent pour quoi ? Il paraît qu’au cours de la célébration du 63ème anniversaire de l’Indépendance, le pont de PK sera inauguré, ainsi que le siège du Conseil régional du Brakna, une classe dans le village de Foundou aux environs de Bababé, une petite unité industrielle pour tannage de peaux de chèvres à Garlol et un centre de formation pour artisans traditionnels vers le village de Bengou, entre Néma et Bassiknou. Au moins dix délégations en voitures TX et V8 seront donc mobilisées, en paquets de hauts fonctionnaires des ministères de l’Intérieur et de la décentralisation, de l’Éducation, de l’Industrie et des mines, de la Formation professionnelle et autres, pour inaugurer ces « grandioses réalisations ». Avec ce détail que le coût du carburant, des frais de mission et autres surfacturations dépasseront certainement le coût total de ces « grandioses réalisations ». Les rapports du FMI et de la BM et leur éternel satisfecit pompeusement « chantés » à tort et à travers par nos responsables ne valent plus grand-chose depuis déjà fort longtemps. Les dettes extérieures et intérieures, les ponts de Hay Saken, Madrid et PK, cette école républicaine dont les parents d’élèves doivent payer les accoutrements sous peine de voir leurs gosses renvoyés… Eskey la vraie école républicaine de nos glorieuses années 70 qui donnait à tous ses élèves fournitures scolaires et enseignement de qualité ! Salut.
Sneiba El Kory