A l’occasion du mois béni du Ramadan, nous re-publions ces Mauritanides écrits par feu Habib qu’Allah l’agrée en sa Sainte Miséricorde.
Au début du mois de Ramadan, la tradition veut que les diables, les djinns, soient ligotés et bâillonnés et jetés de l'autre côté de la mer bleue. (On ne savait pas que l'autre côté de la mer bleue, il y avait l'Amérique)
. Mais ça ne change rien. Ces exilés du troisième type sont libérés la nuit du 27 de Ramadan, " la nuit du destin " et rendus à la vie civile, si l'on ose dire. Nos diables à nous, il faudrait apprendre à les connaître. On les appelle de plusieurs noms différents, sans jamais la moindre once de méchanceté. Nos diables nationaux, à de notables exceptions près, sont très sympathiques. Ils n'ont rien à voir avec ces diables intellectuels, prétentieux et inquiétants de type Lucifer.
Nos diables n'ont jamais été anges et n'ont jamais fait la bête. Il conviendrait même de les appeler lutins ou farfadets, plutôt que diables ou djinns qui sous-tendent toute une métaphysique du mal et de la faute que nous ne trouvons absolument pas drôle.
Le Mauritanien tient à ses démons et ne veut pas des diables d'importations. Je crains qu'ils ne soient d'ailleurs la dernière marque de souveraineté qui nous reste.
(...) Je me pose toujours la question pourquoi " les partenaires étrangers ", les " bailleurs de fonds " n'ont pas choisi de traiter leur business avec nos diables plutôt qu'avec nos humains.
Pour transporter par exemple deux sacs de mil sur le dos d'un âne, les djinns ne procèdent pas comme " nous " (?) en mettant un sac sur chaque flanc du bourricot pour équilibrer la charge. Non, ils mettent les deux sacs sur un seul côté, l'un sur l'autre et ne mettent aucun contre poids de l'autre côté de la bête. C'est ce que les Maures appellent " rvudehllekhla ". On peut dire par exemple qu'au foot un score de 3 à O ou même de 8 à 1 s 'appelle " rvudehllekhla. Tout d'un côté et rien de l'autre ou presque rien.
(...) Je ne sais pas si ça peut s'appliquer à un parlement monocolore et à des résultats formule kobenni. Il me semble toutefois que la philosophie djinniste de l'équilibre est à la base de notre système de gouvernement, médias, et surtout médias, y compris.
Attention au Nord-Ouest !
Autre fait dominant de nos sympathiques ombres sans ombre : ils sont toujours au Nord-Ouest. Et comme le dit un mathématicien de mes amis, puisque chaque point P du globe est obligatoirement au Nord-ouest d'un autre point P'. On peut dire que la totalité de la terre est recouverte par les Djinns. Nos glorieux ancêtres qui étaient sûrs que la terre était plate comme un discours de ministre (Pourquoi pas le savant Horbiger défendait bien la thèse selon laquelle la terre était une sphère creuse) évitaient soigneusement les "Nord-Ouest "(à remarquer que la partie la plus intime des femmes était souvent appelée Nord-ouest aussi ).On interdisait aux femmes de jouer au Nord-Ouest des tentes. Les voyageurs ne sortaient pas du campement par le nord-ouest. Les étrangers n'abordaient pas par cette direction. Embargo total sur le nord-ouest. Comme on l'a vu ce sont des précautions inutiles vu que chaque point P du globe etc, etc, etc.
Je tiens à préciser que " l'évitement du nord-ouest " n'a pas empêché les mauritaniens de venir à Nouadhibou taquiner le poisson - qui ne leur a jamais rien dit - et expédier le fer du Tiris au-delà des mers.
Justement le fer joue un grand rôle dans cette histoire de diable : C'est l'arme absolue contre " ceux que nous n'avons pas nommés ". Pour les contrer, il suffit de brandir un couteau ou toute autre pièce métallique. Ainsi la femme qui vient d'accoucher aura toujours un couteau à la main. Pendant les quarante premiers jours, la jeune mère était littéralement mise en " quarantaine " afin d'éviter "l'échange " de son bébé contre un bébé-djinn. Nous remarquons que l'exportation du fer est une sorte de pacte avec le diable, vu sous cet angle-là.
Est-ce à dire que nos pouvoirs successifs ont eu partie liée avec le Malin ?
C'est un pas que je ne franchirai point mais que penser de " l'objectif SNIM 12,5 millions ", du projet Guelb, et tout ce tralala sinon c'est pour évacuer le maximum de fer du pays pour que les Djinns se sentent à l'aise ? Nous ne pouvons pas ne pas noter l'étrange affection que portent nos farfadets aux peignes et aux cure-dents, dans " l'imagerie populaire ".
On s'interdit ainsi de les jeter pour ne pas que les mauvais esprits s'en emparent. C'est sans doute dû au fait que les djinns aiment beaucoup les ossements, les cheveux que le peigne arrache et les ongles. (" Tout ce qui a été soustrait à un vivant " - maubina min hayyin - comme disent les jurisconsultes musulmans).
Un ministre limogé est-il considéré comme ayant été " soustrait à un vivant " ? Plus exactement, un ministre démis de ses fonctions est-il " habité " ?
Nous répondrons oui parce qu'on considère en général que tout ce qui est " tombé " est immédiatement " léché par les gens du vide".Heureusement-pour les ministres mais surtout pour les diables - un ministre, c'est notoire n'a pas bon goût, ce qui empêche qu'on puisse le lécher longtemps. En outre le ministre a plus l'habitude de lécher (avec une prédilection pour les bottes de type rangers ) que d'être léché. Il reste qu'être obligé, de par sa fonction naturelle, à lécher un ministre qui " tombe ", est une condition inhumaine, si on me permet le mot. Un peigne, un cure-dent, passe encore, mais un ministre ! Je ne voudrais que l'on me taxe d'être l'avocat du Diable, mais il est impératif à mes avis de créer une ligue nationale des droits des Djinns.