La Mauritanie serait classée, dit-on, à la 146ème place des pays les plus indélicats. Là où, si tu déposes un avis, on te le vole et où tout devient œil blanc, aussitôt qu’on le voit. Au pays de la lutte contre la gabegie, à la chasse des prévaricateurs, de la recherche des fourbes et des Juda, c’est le branle bas. Surtout depuis maintenant deux semaines que des scandales éclatent quasiment de partout. La SOMELEC, avec la dilapidation de plus de quatre cents millions d’ouguiyas. Et ce n’est, semble-t-il, que la partie apparente d’un iceberg de plusieurs milliards. Mais c’est ça, la technique du camouflage. Manger sans laisser de traces. S’effacer soigneusement la bouche. Et laisser « mourir » de pauvres mesquins, en attendant de bien nettoyer les carreaux et de suivre, doucement, les petites informations qui viennent du côté de la forteresse. Pas la peine de revenir sur cette fastidieuse histoire de gabegie, de détournement, de vol. Si la Chari’a n’était pas en panne, la Mauritanie ne serait pas certainement ce qu’elle est aujourd’hui. Pourquoi ? D’abord, peut être que ceux qui ont fait, refait et défait son histoire, durant ces toutes dernières années, se seraient retrouvés manchots des deux mains ; moins un pied, peut-être même. Donc, civils ou militaires, ils allaient être reformés et reversés à la retraite. Impossibilité totale de bouger. Les autres, camouflés comme des jujubes dans des acacias, pour ne pas être reconnus. Les autres, les anciens des anciens systèmes qui « blatèrent » injures, blasphèmes et méchancetés sur les prévaricateurs, nouvelle version, en « ruminant » tranquillement les restes de leurs butins. Ceux-là seront inévitablement rattrapés par leur histoire. Les agresseurs d’un sénateur viennent d’écoper d’une peine de dix ans de prison ferme, assortie d’une amende de plusieurs centaines de milliers d’ouguiyettes. Des prisonniers anonymes sont oubliés dans les tréfonds de certaines prisons, pour de petits larcins sans valeur : un téléphone « Nebeykouh » (2 à 3000 UM), un âne, un pneu, une jante ou une clé USB. Des fonctionnaires sont « tombés », pour avoir acheté quelques balais, quelques sceaux, quelques serviettes. Sans justificatifs. Sans avis d’appel d’offres. Sans commissions de marché. Une véritable histoire des animaux malades de la peste. Les auteurs du crime d’esclavage, dans l’affaire Yarg et Saïd par exemple, n’ont écopé que de deux ans et d’une amende. Puis liberté provisoire, après trois à quatre mois de détention. En haut ? Ça vient d’en-haut, entend-on souvent dire. Un en-haut très clément envers les forts. Un en-haut qui n’écoute pas les pauvres. Un en-haut sans logique, sans référentiel raisonnable, sans envers, sans un droit. A les répéter, les choses deviennent fades. Mais que faire d’autre ? Laisser tomber ? De si haut ? D’en Haut ? C’est de là que nous venons. Il ne sert à rien de tourner en rond. Sortons de l’auberge. Avançons. Comme toujours, depuis six à sept ans. L’histoire commence par là. Puisque l’histoire commence par là, les gros scandales, qui brassent des milliards, on en parle sans les voir. Comme le diamant rouge. Beaucoup de bruit pour rien. Nous entendons un bruit, sans apercevoir de farine. Ah, si ! Il y aura, de la farine, d’ici quelques semaines, en janvier 2015 ! Le président de la Mauritanie, président en exercice de l’Union Africaine (ce que les organisateurs du dernier Sommet de la Francophonie ne semblent pas savoir), l’a annoncé, au cours de son discours, à l’occasion du cinquante-quatrième anniversaire de l’indépendance. L’augmentation des salaires, ça, c’est une bonne poignée de farine ou de poudre aux yeux ! Les fonctionnaires seront saupoudrés, pour la énième fois. Allah fasse que cela ne les aveugle pas. Pas de pessimisme. Non, mais qu’Allah fasse les vies devant ! Pour voir de combien elle sera, cette augmentation. Vous savez, elles ont un nom, les augmentations : l’augmentation de Haïdalla, l’augmentation de Maouiya, l’augmentation d’Ely. Vivement l’augmentation d’Aziz. Allah fasse les vies devant ! Mais attention, « ne portez pas de dettes » sur cette augmentation : attendez de savoir. C’est un conseil d’ami. Salut.
Elle était jeune, dans la fleur de l’âge. Issue d’un milieu conservateur, étudiante en deuxième d’université, elle s’apprêtait à convoler en justes noces.