Habib Ould Mahfoudh a légué à la postérité une œuvre importante dont le corpus des Mauritanides représente la quintessence. Malgré son ton résolument satirique et irrévérencieux, souvent désinvolte et toujours moqueur, ce texte réserve un traitement particulier à l’évocation du temps qui demeure un moment grave. Le sous-titre même de « la chronique du temps qui ne passe pas » que l’auteur a donné à ses articles est d’emblée assez éloquent pour exprimer la place centrale du temps dans cette œuvre. Le temps est ainsi une sorte de leitmotiv qui court à travers tout le texte, en nous référant ainsi au champ lexical du temps ? on peut relever que le terme jour apparaît plus de 2000 fois tandis que le mot temps est évoqué 560 fois sur les 632 pages représentant l’intégralité de l’œuvre.
Habib se réfère ainsi au temps soit pour critiquer certaines idées reçues à son propos, soit pour faire de l’histoire ou plus généralement exprimer quelques méditations.
Il serait dès lors intéressant de s’interroger sur le coup de sérieux et la tournure relativement conventionnelle que prend le texte de Habib à l’évocation du temps qui constitue une préoccupation permanente pouvant même parfois être considérée comme démesurée.
Le « franc-écrire » de l’auteur pourrait bien amener à envisager l’effet d’une mélancolie personnelle mais aussi à convoquer les effets de l’environnement sociopolitique, l’influence de la littérature française ainsi qu’un certain souci d’historicité.
C’est à travers un questionnement articulé autour de ces thèmes que nous proposons dans les paragraphes suivants une esquisse d’analyse de la perception du temps dans l’œuvre de Habib.
Mélancolie et amertume
Par opposition donc au style désinvolte dominant de l’œuvre, la référence au temps est souvent imprégnée de gravité. On pourrait même à certains moments déceler quelques soupçons d’anxiétés existentielles.
Ainsi l’une des grandes manifestations de l’exceptionnel traitement du temps par Habib pourrait être illustré par l’ambigüité de cette expression : « je serai plus content le jour où je fêterai l’anniversaire de ma mort ». Pourrait-on voir dans cette assertion un souhait d’immortalité ou plus simplement une crainte de la mort dont le temps serait l’agent comme le suggère une certaine tradition arabe citée dans le coran et signifiant que c’est le temps qui dévore les humains. On retrouve bien cette idée du temps « homicide » sous la plume de l’auteur lorsqu’il écrit à l’endroit de ceux qui veulent tuer le temps que c’est finalement «lui (le temps) qui aura leurs peaux ». C’est le même souci que se fait l’auteur en observant que « Le temps a de tout temps été le principal ennemi de l'homme. On ne voit pas pourquoi serait-il l'ami du Maure ». Dans cette perspective, le temps est considéré dans sa fonction exterminatrice des vies humaines et devient par conséquent un agent négatif et prédateur. L’évocation du temps devient ainsi une marque d’angoisse et un message de pessimisme.
En parodiant Lamartine, l’auteur évoque un temps qui dépouille, qui subtilise : le temps dit-il « kleptomane irrécupérable, continue de nous déposséder chaque jour de ce que nous avons de plus cher, confirmant que le vol dont Lamartine voulait parler ne t'envoie pas à un temps -oiseau mais à un temps- pickpocket ». Cette chose qui nous est chère est forcément un pan de la vie. Le moindre moment conquis est un gain à mettre au compte de la vie et en constitue un rallongement salutaire. Habib se félicite ainsi d’un supplément de temps gagné dans la lutte de survie dans son texte du fonctionnaire nommé soleil : « Le soleil s’est levé plutôt que prévu. On a donc gagné quelques minutes sur la vie. »
Cette grande préoccupation par rapport à l’effet ravageur du temps est parfois même explicitement indiquée, Habib dit ainsi : « Chaque jour qui passe (façon de parler, puisque c’est nous qui passons) nous apporte son lot de nouvelles de ce monde plutôt agité ». L’agitation du monde est évidemment une autre indication de l’anxiété de l’auteur et de ses appréhensions des remous de son temps qui accentuent ses angoisses. Cette forme de mal de vivre amène même l’auteur à douter d’une mort respectable en se demandant si « on pourra bien un jour nous refuser de mourir après nous avoir refusé de vivre ».
Philosophie et méditation
A côté des anxiétés ravageuses, le temps inspire à Habib Ould Mahfoudh une profonde réflexion qui s’exprime sous de nombreuses maximes et sentences décrivant le temps notamment dans son rapport avec la condition humaine.
Dans sa présentation de la poésie mystique maure du début du XXè siècle, il décrit celle-ci comme « source d’éternité » où « la relation homme-femme est une fuite du néant vers le néant ». De néant et d’infini, il est aussi question dans sa lettre adressée à Nâser al-Dîn où il propose une révision des emplois des temps, des expressions et perceptions du temps « Chaque jour » écrit-il « chaque heure, chaque minute sera un commencement. Chaque fois nous irons de zéro à zéro… l'apothéose… l'extase… du néant à l'infini et de l'infini à l'infini ! ». On ne saurait dire si ce nihilisme est le résultat de la fronde de l’auteur contre un certain héritage historique ou s’il s’agit tout simplement d’un accès de philosophie.
Dans la même lettre, il regrette que la fuite du temps ne soit plus « ressentie comme perte aussi irréparable, comme un facteur aussi lourd des préjudices » et que ce temps ne soit plus perçu qu’à travers des considérations matérielles comme « les salaires, les factures Sonelec. L'espoir d'un avancement, d'un coup juteux, d'une occasion à saisir ».
L’une des considérations les plus singulières est la proposition d’un temps horizontal, il s’insurge ainsi contre une idée reçue, selon lui, qui voudrait que le temps court horizontalement « que les instants se succèdent, qu’une chose vient après une autre ». Il pense au contraire que « le Temps est vertical ». Dans cette logique « Tout se passe en même temps », il donne même une illustration par les actions qu’il réalise lui-même : « je prends une cigarette, je l’allume, je la fume, j’écrase le mégot. Les actions ne se suivent pas. Elles se déroulent en même temps ! » Pour couronner cette argumentation il avance l’une de ses formules ambigües : « C’est moi-même qui me succède à moi ».
La Duodécimania
Dans le temps de Habib, le 12 décembre 1984, date du coup d’Etat qui marque le début du long règne de Maaouya Ould Taya, représente un thème central et pourrait même être considéré comme une obsession de l’auteur qui, comme pour répondre à une sacralisation de cette date et à l’intense propagande dont elle est l’objet, s’applique à la caricaturer et s’évertue à la tourner en dérision. Le 12-12 est ainsi l’objet des constantes railleries et satires de l’auteur. C’est d’ailleurs à cet effet qu’il a crée le terme de « duodécimania» pour appeler cette nouvelle pathologie qui avait affectée les esprits. Amel Daddah pour sa part a choisi le terme de « douze-douzie » pour désigner les nombreux articles traitant de ce thème.
L’histoire récente de la Mauritanie, notamment durant la décennie qui correspond à la rédaction des Mauritanides (1990-2000), est ainsi fortement dépeinte à travers une diatribe des agissements de Maouiya et de son gouvernement ciblant souvent la date du coup d’Etat comme élément symbolique de ce pouvoir.
Habib confirme ainsi que « la culture ‘‘duodécennale’’ est le thème central de (son) propos » et qu’elle fait partie de « nos mythologies nationales ».
Le destin singulier du 12-12 est étalé : « Aucune alerte pour le 12-12 depuis 1582, rien que le train-train quotidien, un univers limité au nord par le onze, au sud par le treize, sans aucune possibilité d'aller voir ailleurs » mais à partir de 1984, c’est le « début d'une nouvelle ère ». Une nouvelle ère qui, au-delà du jour du 12 décembre, se manifestera aussi par un changement au niveau des mois de l’année. Le mois de décembre lui-même était « un mois que rien, jusqu'en 1984, ne distinguait en Mauritanie des autres mois de l’année » mais à partir de cette date, il va ravir la vedette aux autres mois.
La nuit du 11 décembre, qui se trouve à la veille de la « nouvelle ère » est créditée d’une position chronologique bien particulière. « La nuit du 11 ne va pas seulement du 28 novembre 60 (Mokhtar 0. Daddah) au 11 décembre 84, passant par le 10 juillet 78 (O. Saleck), le 6 avril 79 (O. Bousseif) et le 4 juin (Haïdalla). Elle commence bien plus tôt, vers la fin de l'ère quaternaire, deux heures 10 minutes après l'invention du feu ».
Le 12-12 jouira d’un tel succès en Mauritanie et bénéficiera de suffisamment de privilèges pour attirer ses collègues des autres pays : « tous les 12 décembre du monde (viennent) s'installer chez nous. Et on cherchera en vain le 12-12 en Corée, en Inde, en France, au Chili, au Zimbabwe ou dans d'autres pays. » Devant le fulgurant succès de ce jour, Habib se demande finalement si la Mauritanie aura « la chance de s’appeler la Douze-douzie (ou Douze-douzaine) ».
Le Douze-douze est aussi souvent dépeint sous sa forme militaire, comme une référence au coup d’Etat et à l’armée voire à la cadence de la marche des soldats, mais aussi comme symbole d’une anti-culture : celle des militaires : « il est temps en tout cas de songer à remplacer notre indicatif téléphonique international : au lieu de ce 222 qui ne rime à rien, mettons tout simplement 12-12 et on lira 1-2-1-2, un-deux-un-deux - et c’est parti pour un tour avec les militaires ».
Histoire contre histoire :
L’œuvre de Habib trahit un intérêt particulier pour l’histoire et une volonté tenace de fustiger les versions classiques de l’histoire de la Mauritanie. Il est ainsi particulièrement significatif que l’un de ses premiers courriers soit adressé à Nâser al-Dîn avec pour objectif avoué de démystifier ce personnage de l’historiographie du Sud-ouest mauritanien (Gibla).
On retrouve ainsi chez l’auteur une affirmation de l’intérêt de l’histoire : « Un pays ne peut pas se construire au jour le jour (…) ignorant le passé, négligeant l’avenir. Le présent n’existe pas, il n’est que le point où le passé rejoint le futur. ». Habib regrette d’autre part la négligence de l’histoire mauritanienne qui souffre aussi de la langue de bois : « ce sont des pans entiers de notre histoire escamotés, des périodes qui sombrent corps et âmes sous la langue de bois ». Il s’insurge contre les tentatives d’annihilation de la mémoire et contre les amnésies décrétées au lendemain de l’avènement de chaque nouveau pouvoir. Il écrit ainsi « L'Histoire de la Mauritanie commencera chaque fois avec le Prince en place. Si on parle de la période antérieure c'est toujours pour en faire une non-histoire, au mieux en en faisant la source de tous nos maux ».
Habib souhaite parfois se mettre à la place de l’historien et avance même une périodisation de l’histoire contemporaine de la Mauritanie : « Je croirai (…) y discerner des cycles de 10 ans qui donnent trois périodes étonnamment proches 1961-1971, 1971-1981,’1981-1991 »
Le recours à l’histoire dans l’œuvre de Habib prend plusieurs aspects. On peut y déceler des moments où l’auteur procède à une narration dans les règles de l’art historique, mais la rigueur historique ne l’empêche pas toutefois d’opérer une relecture des faits, c’est par exemple, le cas dans Lettre à Nâser al-Dîn, mais surtout dans la série intitulée « Comprendre Mokhtar Ould Daddah». Dans ces deux textes, Habib se présente comme le porte parole d’une classe guerrière qui a souffert dans le passé d’une diabolisation dans la tradition tendancieuse de l’historiographie savante et qui fait face actuellement à l’hégémonie de la « République Maraboutique ».
D’autres textes d’histoire semblent plus ambigus autant dans leur forme que dans leurs mobiles comme c’est, par exemple, le cas de l’histoire des Femmes. Dans tous les cas, la plume de Habib s’assagit et devient plus rationnelle lorsqu’il s’agit du temps et plus spécialement d’histoire.
Influences de la littérature française :
Lecteur boulimique, Habib a évidemment été influencé par plusieurs auteurs ; en ce qui concerne le temps, trois auteurs français semblent avoir laissé une marque indélébile sur ses écrits. Il s’agit en premier lieu de Lamartine, puis d’Apollinaire et en fin de Cavanna.
L’auteur cite ainsi couramment des expressions ou des hémistiches du poème « le lac » de Lamartine. On retrouve ainsi dans l’un des textes "O temps ! suspends ton vol!" Mais Habib prétend « que le vol dont Lamartine voulait parler ne t'envoies pas à un temps -oiseau mais à un temps- pickpocket». La référence à un temps argent sert souvent à parodier le poète français : « Ô temps suspends ton vol et vous, heures propices, suspendez votre cours (de change)». De manière plus explicite Habib écrit encore : « Ô argent suspends ton vol, et vous dollars propices, suspendez votre cours..». Parfois on retrouve une interjection du temps qui renvoie bien à la formule du lac : « ô temps ». Plus généralement, l’auteur évoque continuellement la « fuite inexorable du temps » comme pour rappeler le thème principal du poème de Lamartine et pour exprimer l’amertume que provoque chez lui le temps qui s’en va.
Pour sa part le poème de Guillaume Apollinaire, « le pont Mirabeau » est souvent cité par Habib dans sa référence au temps. Habib avoue même son penchant pour Apollinaire « Mais, n’est ce pas (dit-il), je préfère Apollinaire et j’espère que vous l’aimez».
La dernière strophe du poème d’Apollinaire est la plus récurrente, seul son dernier vers « sous le pont Mirabeau coule la Seine » est omis. C’est cette forme qui exprime en effet la fuite du temps. Habib est comme soulagé par les vers de ce poème au point d’en remercier l’auteur : « merci Guillaume, ni temps passé ni les amours ne reviennent ». Apollinaire semble exprimer le sentiment profond qu’éprouve Habib face au mouvement du temps. Il ne se prive pas alors de répéter ses formules « ni temps passé ni les amours reviennent...». La dernière strophe est même reformulée pour s’adapter davantage aux tournures que souhaite l’auteur, on retrouve ainsi « ni le temps passé ni les amours reviennent » ou encore « Passent les jours et passent les semaines …». L’utilisation fréquente de la dernière strophe du poème a mené Habib à la parodier pour aller du sens de mouvement du temps à une idée non moins chère à lui, celle d’un temps argent. C’est par cette combinaison du temps et de l’argent qu’il parodie Apollinaire : « Passent les jours et passent les semaines ni argent passé, ni Accords reviennent. ».
Le troisième auteur qui a influencé Habib est François Cavanna auquel il se réfère dans ses essais historiques. Il le cite ainsi au tout début de son histoire sur l’Homo Sapiens mauritanien. Après l’introduction de la phrase : « Dans une famille de singes jusque-là respectable. Sa mère meurt de honte. Son père se livre à la débauche », Habib précise que c’est l’explication forte que propose « Cavanna dans son Histoire du Monde ». L’érudition doublée de satire qui caractérise le style de Habib l’historien fait bien penser à Cavanna. Le profil professionnel et littéraire des deux hommes est à tel point semblable que l’on ne peut s’empêcher d’appliquer à Habib la même interrogation suscitée par le statut de Cavanna qu’on hésite à classer entre journaliste, historien ou humoriste.
Comptabilité du temps
Dans une sorte de plaidoyer pro-temps, Habib s’insurge contre le traitement qu’on réserve à cet « être ». Il exprime ainsi son indignation du fait que « nous tuons le temps à petit feu. On le met en pièces détachées : heures, jours, mois, années, Et on le massacre méthodiquement. Nous avons collé le Temps en prison et donné des noms matricules à ses nombres 1918, 1956, 1960, 1978, 1984, 1991, 1993. Les hommes sont les geôliers du temps ».
Contrairement à l’anonymat des jours, dans lequel les confine le commun des mortels qui les perçoit comme de simples «dates ou des moutons qui marchent en file, un numéro de matricule tatoué au fer rouge sur l'épaule », Habib affirme que « Les jours vivent, plutôt bien, travaillent, mangent, se reposent, se reproduisent, tombent amoureux (de la nuit) ». Les jours sont des êtres jouissant chacun d’une personnalité particulière contrairement à ce que pensent les humains qui tendent à les emprisonner dans les normes de la mesure du temps que représente le calendrier. Il existe bien « des jours de chair et de sang qui naissent, vivent et meurent, libres, indifférents aux calendriers qui prétendent les emprisonner, les classer, les classifier, les numéroter ».
Habib s’oppose aussi à la précision et plaint « les montres qui sont condamnées à faire perpétuellement ce boulot si ingrat, Sisyphe sans âme et Danaïdes sans chair ». Il affirme qu’il n’est pas venu au monde pour indiquer l’heure et la date, comme pour dire que l’estimation du temps n’a rien d’indispensable, particulièrement dans le monde littéraire qui l’intéresse.
Pour souligner l’aberration de la mesure du temps, l’auteur pense que « les hommes n'ont pas trouvé une bonne formule pour compter ce qu'ils consomment » (le temps). « Ils avaient (dit-il) un peu compris au début que c'était un compte à rebours mais ils avaient placé la barre à zéro le temps n'était toujours pas épuisé (…) Après la naissance de Jésus Christ on a eu l'idée de compter bêtement en étalant le temps horizontalement. C'est une erreur. On aurait dû continuer le compte à rebours. Pour que l'on puise dire: 85, puis 84, 80, 79, 78… »
Cela n’empêche, cependant pas, Habib de s’adonner à son tour au jeu du thaumaturge en procédant à la « comptabilité du temps » en soulignant, par exemple, que les mois s’offrent « tous les quatre ans, le luxe de se faire un petit bénéfice d'un jour pour pouvoir boucler les fins de mois difficiles » ou en revendiquant une année du mandat du président mauritanien pour la placer dans un compte au Burkina Faso afin de la faire fructifier : « de chaque année, je détournais quelques jours, parfois quelques semaines, une ou deux fois tout un trimestre et mettais le tout sur mon compte de Ouagadougou. Mon capital-Temps faisait des petits. »
L’idée d’un temps argent est souvent discutée et sert ainsi d’alibi pour imaginer le rendement financier des ressources en temps. Considérant que « nous avons beaucoup de temps, de temps à perdre, de temps à gaspiller », Habib conclut que la Mauritanie « aurait fait de sacrées ressources en devises ». Il y aura ainsi la possibilité de vendre la grande quantité de temps dont elle dispose à des cités qui en manquent Hong-Kong, Osaka, Manhattan, Francfort. Cette envolée financière n’empêche pas cependant l’auteur de rappeler la vulnérabilité du temps : « une denrée éminemment périssable et il faut y mettre de l’argent, qu’on ne peut obtenir qu’en gagnant du temps qui, pour qu’il ne pourrisse pas sur pied, demande un investissement considérable, etc. ». En acceptant la proposition : l'argent est du temps, Habib revient à l’idée du passage du temps en disant « que l'argent passe, que l'argent s'en va, que l'argent s'enfuit inexorablement ».
Conclusion
Même en se transformant en argent, le temps continue de susciter chez Habib un souci de fuite inexorable. La perception du temps émerge généralement du texte plutôt plaisant de Habib pour marquer un moment méditatif pour ne pas dire mélancolique. Ses nombreux articles où il traite du second millénaire de l’ère grégorienne renvoient eux aussi à cette anxiété relative au temps et à sa fuite. Il serait aussi intéressant de s’interroger sur la possibilité de sa prise de conscience de son état de santé pour interpréter le traitement du temps dans ses derniers articles. Mais tout cela dépend d’un travail de critique littéraire qui reste à faire et que cette ébauche ambitionne de susciter auprès des spécialistes.
*In Fabula, Interculturel Francophonies, n° 26, nov.-déc. 2014