Une page est tournée et une autre commence, avec un espoir grandissant et le désir d’en voir tous les souhaits exaucés. En sa faveur, le président élu, a, non seulement, le bénéfice du doute mais, aussi et surtout, son programme qui a réuni, pour la première fois, différents segments politiques jadis opposés, prouvant que les divergences ne sont pas une fatalité irréversible mais une approche de vues qui peuvent converger après s’être longtemps éloignées. C’est ainsi à juste titre qu’on définit la politique comme « l’art du possible », art que l’homme exerce depuis la nuit des temps ; en volonté de porter, dans un projet de société, personnel ou collectif, les problèmes d’une société donnée, d’une contrée, d’un État, pour leur trouver des solutions.
Un handicap du passé
Souvent mitigés, les premiers rôles débutent par des hésitations, des questionnements en des cercles fermés, groupes d’amis, camarades d’obédience, parents, assez souvent, qui prennent forme, au fil du temps, et évoluent en fonction des opportunités. Comme les autres partout ailleurs, notre société a ses tares qui pèsent sur son évolution. Un joug sous la pesanteur duquel elle traîne et dont le débarras n’est pas pour sitôt. Un handicap du passé qui nécessite compréhension, d’abord, et acceptation, ensuite, de le traiter en commun, sans en responsabiliser le présent. Résultat de l’ignorance, ce défi majeur se résout dans l’éradication de celle-ci.
Un objectif inscrit, parmi tant d’autres, dans le programme du président Mohamed ould Cheikh El Ghazwani, qui a pu réunir beaucoup de sympathisants issus de divers horizons. Il a entendu les appels au changement, et quels changements, de sa déclaration de candidature à sa prise de fonction, en passant par sa campagne électorale. Ces appels viennent de partout, même de la part de ceux censés en devenir victimes et directement concernés. Comme quoi, leur cynisme les amène réclamer ce qu’ils n’aiment pas. Par crainte d’aller contre le vent.
Attentif et peu pressé, le Président a formé son premier gouvernement. Dirigé par l’ingénieur Ismail ould Bedde ould Cheikh Sidiya, en guise de récompense, diront certains, au Trarza dont il est ressortissant. Et de s’entourer d’inconnus de la sphère politique, réputés « technocrates ». Les habitués des fauteuils et acolytes expriment alors leur mécontentement, estimant qu’ils perdront du terrain au fur et à mesure que le Président développera son pouvoir, les reléguant au passé.
Dans un calme pesant, Mohamed ould Cheikh El Ghazwani suit l’exécution de son programme de campagne, de près, avec assiduité et attention dignes et responsables. Prenant à cœur tous les problèmes, l’équipe gouvernementale est à pied d’œuvre sur tous les fronts. Mais, pour un meilleur résultat, il fallait jumeler, à l’équipe de l’Exécutif, une aile politique qui vulgariserait, soutiendrait et défendrait le programme, en vue d’assurer le suivi parallèle de son application, au plus près de l’engagement du Président.
Place au politique
C’est en cette perspective qu’a été précipitée l’organisation du congrès de l’UPR et la mise en place de ses nouvelles instances, à la suite de sa session des 28 et 29 Décembre. Ce rassemblement aura permis deux choses : d’abord, installer la nécessaire aile politique susdite et apporter, ensuite, les correctifs aux insuffisances liées à la composition du gouvernement. Un objectif réalisé surtout dans celle du Bureau Exécutif. Rien ne semble y être laissé au hasard. La présidence du parti est octroyée à Sidi Mohamed ould Taleb Amar, ingénieur, ancien ambassadeur et ancien ministre, ressortissant du Hodh ech-Charghi, cette autre région populeuse, à l’instar du Trarza. Comme quoi la récompense en politique, ne se fait pas attendre et la gratuité n’a pas de sens.
Le recours aux méthodes politiques orthodoxes est évident et la dimension tribale est talonnée par ses sœurs politique et idéologique. Les baathistes (Abdallahi ould Nem), nassériens (EL Kory ould Hmeity), islamistes (autres que Tawassoul) et même divers opposants invétérés depuis vingt ans (Mohamed Mahmoud ould Lemat, RFD) et dix ans (Yahya ould Ahmed El Waghf, Adil), font leur entrée audit Bureau. Sans oublier quelques personnalités ayant participé aux différents dialogues entre le pouvoir et l’opposition, depuis celui de Dakar en 2009 (Sid’ Ahmed ould Rais, Mohamed Yahya ould Horma) à ceux de Nouakchott, en 2011 et 2013 (Mohamed Mahmoud ould Lemat, Yahya ould Ahmed El Waghf). Le politique retrouve sa place.
Tout en tenant compte de l’expérience avérée de certains d’entre eux en différents gouvernements tels l’ancien Premier ministre Yahya ould Ahmed El Waghf, Sid’Ahmed ould Rais, Fall N’guissaly et autres… La composition du Bureau Exécutif a été mûrement réfléchie, visant la compétence et de l’expérience. Ce qui permettra d’orienter et soutenir l’action du gouvernement.
La lecture politique du tableau met en exergue la prépondérance de l’ancienne élite jumelée (partisans, opposants) qui influencera, sans nul doute, le cours des évènements politiques et les décisions du gouvernement dans ses grandes orientations. La relève n’ayant pu être assurée par les plus jeunes, malgré leur association à la gestion des affaires, à tous les niveaux. On note également que les nouveaux soutiens du Président, n’émanant pas des mailles de l’ancien régime, n’ont pas obtenu une représentativité à la hauteur de leur appui. Mais autant ont-ils adhéré à favoriser une alternance qu’ils ont portée en eux, durant la dernière décennie, autant seront-ils disposés à continuer de soutenir le Président, pour la réalisation de son programme « Taahoudaty ». La bataille d’avenir ne s’arrête pas à la satisfaction d’une représentativité dans une commission donnée. Elle relève d’un idéal plus consistant, des objectifs plus probants, visant à un infaillible développement. Auquel cas cette nouvelle configuration des soutiens du Président est significative à plus d’un titre, exprimant le désir réel de celui-ci à rassembler, autour de lui et tant que faire se peut, les différents segments de la classe politique. C’est là son empreinte personnelle.