La semaine marocaine, qui s'est ouverte à Nouakchott le 16 décembre et se prolongera jusqu’au 22 décembre 2019, pourrait peut-être constituer un nouveau jalon important dans le renforcement des relations entre le Maroc et la Mauritanie, ces deux pays que tout unit : histoire, géographie, langue, religion et complémentarité économique évidente, potentiellement très prometteuse.
Voilà donc une manifestation économique qui s'est ouverte en grande pompe, du côté mauritanien par plusieurs ministres et du côté marocain par l'Ambassadeur à Nouakchott. On pourrait déjà noter un petit déséquilibre à ce niveau, mais, bon, passons.
A en juger par les discours des officiels et des échos repris dans la presse, il s'agit d'expliquer 7 jours durant, les opportunités d'investissement que le Maroc pourrait offrir aux opérateurs mauritaniens et les secteurs économiques concernés.
Le message est clair : si le Maroc réalise déjà beaucoup d'investissements en Mauritanie, il ne se contente pas de cela et veut désormais réaliser encore plus.
Rien de plus normal et de plus légitime, dirions-nous. Seulement, une petite question pourrait gâcher tout : Et l'intérêt de la Mauritanie dans tout ça ? Evidemment, nous profitons des investissements marocains en Mauritanie qui sont les bienvenus parce qu'ils créent chez nous des emplois et paient des impôts, mais nos investisseurs n'ont-ils pas le droit de s'installer à leur tour au Maroc, s'ils le désiraient, et de bénéficier de la règle de réciprocité garantissant un traitement égal avec les entreprises marocaines ?
Naturellement, on dira que oui, mais dans la réalité, c'est non. C'est non parce que l'unique investisseur mauritanien qui s'est aventuré à explorer le terrain, M. Mohamed Ould KERKOUB, l’a appris à ses dépens.
Cet investisseur a rencontré des tracasseries de toutes sortes sur lesquelles il a attiré l'attention des hautes autorités marocaines de tutelle, ainsi que les organisations patronales marocaines et mauritaniennes, mais jusqu'ici sans succès.
Pourtant c'est sur invitation de Feu l'ex Ambassadeur Marocain à Nouakchott, M. Abderrahmane BENOMAR et avec sa bénédiction, que M. Mohamed Ould KERKOUB avait décidé de s'étendre à l'international en commençant par le Maroc, mais depuis lors, point d’interlocuteurs.
Alors, si le Maroc n’arrive pas à appliquer la règle de réciprocité pour le seul investisseur mauritanien qu'est M. Mohamed Ould KERKOUB, comment pourrait-il prétendre l'appliquer à des dizaines de nouveaux candidats ? Il faudra plus d'une semaine marocaine d'explications à Nouakchott pour nous convaincre car l'explorateur déjà parti- ou le Bewah, comme on dit chez nous- n'a pas la même appréciation des choses...
Alors, de grâce, Monsieur l'Ambassadeur, la balle est dans votre camp et ne bottez pas en touche...
Alioune Ould Salem