Qui disait que le pouvoir avait une certaine saveur ? Un goût si puissant qu’on a peine à s’en défaire. Un peu comme les retraités qui passent tant de temps à radoter. Après avoir passé des décennies à aller et venir. N’importe où et n’importe comment. Comme la vie n’est rien ! Hier, troisième mandat, Président-fondateur, décennie des réalisations prodigieuses, ne nous quitte pas ! Et autres trouvailles inédites, à qui mieux. Aujourd’hui, communiqués, déclarations, menaces. En fait, c’est quoi, au juste, cette affaire de deux présidents dont un a fondé et l’autre n’a pas fondé ? Les Mauritaniens sont avec le pouvoir et ceux qui l’exercent. Pas avec les leçons ni ceux qui en donnent. Conférez les communiqués de soutien à qui vous savez des associations de maires, présidents de Conseil régional et des dizaines et dizaines de députés frondeurs. Cette histoire de référence, mot-clé ou mot « de place » : un jargon vraiment jargonneux pour dire des choses si ordinairement simples : il y avait un président qui ne l’est plus, il y a un autre qui l’est devenu. Celui qui n’est plus président doit savoir qu’il n’est plus président. Le savoir, c’est-à-dire : le comprendre et l’intégrer. Pour une raison très simple : Lui, il a remplacé un président. Comment ? On ne reviendra pas là-dessus pour ne pas entrer, encore ; dans une autre histoire. Pour une autre raison plus évidente encore que la première : il n’y pas que lui en ce pays. Même s’il croit – et on veut bien l’admettre avec lui, pour adoucir sa peine – qu’il est le plus intelligent et le plus fort. En quelque chose d’autre, sans dire quoi, pour ne pas entrer dans une autre histoire. Disons plutôt qu’il y a aussi une autre chose dont il n’est, en réalité, pas responsable. Certains des « gens » de la Mauritanie doivent comprendre – c’est-à-dire : savoir et intégrer – avec lui qu’il n’est plus le Président. C’est vrai que le risque et l’aventure peuvent mener à quelque chose. Mais souvent mortel, hélas. Et encore une autre chose : un adage arabe dit que les hommes sont des malles hermétiquement fermées. Personne ne sait ce qu’il y a dedans. Ce qu’il y a dans leur tête, personne ne le sait, même pas leurs amis de quarante ans, voire plus. Et à trop « gratter leur cuivre », on peut les faire exploser. Celui qui est devenu président doit aussi le savoir, c’est-à-dire : le comprendre et l’intégrer. Surtout comprendre que ce peuple de Mauritanie est très spécial. Il faut le faire marcher sur une corde raide. Lui montrer en conséquence « l’œil rouge », sinon il fera de ce pays un « œil blanc ». Soixante ans que nous discutons ! Divisons les gens ; additionnons les problèmes ; multiplions les manœuvres ; soustrayons les valeurs. Et toujours dans la même quadrature du cercle. À tourner en rond. Sans vraiment avancer, sinon pour mieux reculer. Un peuple terrible ! Qui vit sur les futilités inutiles (bonjour le pléonasme !). Dix ans passés sans rien de vraiment visible. Six décennies de quasiment rien. Une année à préparer un festival ou à suivre les détails de la vie privée d’un Président, de ses ministres ou de ses autres responsables pourtant tous investis de missions régaliennes sur lesquelles nos élites (presse, justice, politique, société civile…) devraient être plus regardants, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des programmes et stratégies de leur département respectif, la nature de l’amitié entre gens de bonne ou de mauvaise famille, leurs dîner, déjeuner, amours interdites ou légales, fréquentations, argent, préférences ou références. En quoi ça concerne quelqu’un. Le peuple doit changer son fusil d’épaule. Oui, le peuple, tout le peuple : ses autorités, ses notabilités, son ou ses opposition(s), sa ou ses majorité(s). L’ancien Président est entré par ci, sorti par là, revenu, reparti. Le nouveau Président a dit ceci ou cela. Il va à Aleg ou il n’y va plus. L’UPR est divisé, multiplié, soustrait ou additionné. Des choses qui ni n’avancent ni ne reculent. Salut.
Sneiba El Kory