Mais que t’arrive-t-il, Ô Football des Nations ?

27 November, 2019 - 22:02

Le football est un sport qui a toujours passionné tout le monde,  à toutes les époques, mais pas toujours pour les mêmes raisons. De nos jours, le football des clubs déchaine les passions, de par les rivalités entre les équipes, à l’échelle de leurs championnats ou des trophées continentaux ou encore des rivalités entre joueurs cherchant à glaner le plus de récompenses individuelles. Mais jadis, c’était le football des Nations qui primait, les compétitions internationales qui étaient tant attendues, et en premier lieu la Coupe du Monde. Comment justifier un tel changement ?

 

Bosman, l’assassin des compétitions internationales ?

Les compétitions internationales, telles que la Coupe du Monde, l’Euro, la Copa America, etc., sont toujours des évènements très attendus. Mais ils l’étaient encore davantage du temps où les clubs ne pouvaient pas acheter des joueurs comme ils le voulaient, contrairement à maintenant : En effet, naguère, pas plus de trois joueurs étrangers ne pouvaient être titularisés par un club durant un match. Jean-Marc Bosman, alors un simple footballeur belge, critique et dénonce ce système. En 1995, la Cour de Justice Européenne donne raison à Bosman, et depuis, les clubs ont le droit d’acheter et de faire jouer autant de joueurs étrangers qu’ils le veulent, ce qui facilite énormément la circulation des joueurs sur le marché des transferts. Le souci, c’est qu’avec ce nouveau système, les joueurs ont plus de possibilités de trouver un club dans lequel ils pourront développer leur niveau et ainsi se faire un nom, rôle que remplissaient généralement les équipes nationales, ce qui amène les acteurs sur le terrain à plus penser à leurs clubs qu’à leurs sélections.

Un côté spectaculaire de plus en plus négligé

Le spectacle était la principale raison qui faisait que le monde entier avait les yeux braqués sur chaque compétition. Il suffit de comparer les derniers grands matches des compétitions internationales de ces dernières années avec ceux d’il y a un peu plus longtemps : la finale France-Portugal de l’Euro 2016 est-elle du même niveau que celle de l’Euro 2000 Italie-France, ou même Italie-Espagne en 2012 ? La finale de la Coupe du Monde 2018 est-elle du même niveau que la finale de la Coupe du Monde 2002, Brésil-Allemagne. A chaque fois, il n’y a pas photo. A chaque fois, le contraste est frappant. Le parcours également des équipes vainqueurs en dit long : le Portugal, qui a gagné l’Euro en 2016, est sorti de son groupe en étant 3e, avec… 3 points ! Et a, plus tard éliminé la Croatie en se faisant dominer pendant tout le match ; la Pologne, aux tirs au but et puis enfin le Pays de Galles. Pas vraiment le parcours d’un champion digne de ce nom…La France, qui a gagné la Coupe du Monde en 2018, a, durant son parcours, éliminé une équipe sans entraineur (l’Argentine), et la Belgique, uniquement grâce à la Volonté Divine, tant l’humiliation subie dans le jeu était apparente. Rien à voir avec une Allemagne qui bat le Brésil, au Brésil par 7 buts à 1 en demi-finale, ou encore l’Italie qui bat par  2 buts à 0 l’Allemagne, en Allemagne, avant de gagner face à la France en 2006. D’autant plus que, la Coupe du Monde de 2018 est la première dont l’attaquant titulaire de l’équipe gagnante n’a marqué aucun but de toute la compétition. Ce qui en dit long…

 

Des modifications trop récurrentes des formats et des choix de lieux douteux…

Les formats des compétitions internationales ont toujours été sujets à débats. La première Coupe du Monde de l’histoire s’est déroulée en 1930, à 13 équipes. Aujourd’hui, 32 Nations ont le privilège de participer à la plus grande des compétitions. L’Euro, qui se déroule aujourd’hui à 24 (et dont le tirage au sort pour la prochaine édition suscite pas mal de polémiques) s’est pour la première fois déroulé à …4 équipes ! Idem pour la Coupe  d’Afrique et  pour la Copa America (bien que celle-ci ne se déroule qu’à 12 équipes puisqu’il n’y a que 10 pays en Amérique Latine, plus 2 qui sont invités). L’augmentation du nombre d’équipes se justifiait au départ par le fait que peu d’équipes participaient aux tournois et que donc,  le suspens et le nombre de matches étaient assez maigres. Cependant, force est de constater que ces problèmes ne sont aujourd’hui plus d’actualité. Alors pourquoi passer de 16 à 24 pour l’Euro et la C.A.N, et de 32 à 48 pour la Coupe du Monde ? Tout simplement parce que les dirigeants des grandes instances du football ne pensent plus du tout au football, mais aux revenus que peut générer le football. En ce qui concerne les lieux, là encore, les choix sont discutables : France en 2016, Russie en 2018… Qatar en 2022. Aucun de ces pays-là n’est un grand pays de football (même pas la France). Forcément, l’ambiance dans laquelle se déroulent les tournois s’en retrouve fortement impactée. Mais malgré tout, le  football des Nations va-t-il revenir au premier plan et redevenir ce qu’il était dans le passé ? En tout cas, d’après ce qu’on voit, ce n’est pas demain la veille…

Ahmed Sidi-Baba, Junior.

P.-S.: Une pensée pieuse pour Mohamed Naïl Ould Tanji, camarade d’école, malheureusement décédé samedi dernier dans un regrettable accident de voiture. Toutes mes condoléances à sa famille et à l’ensemble de ses proches.                                                                                    الله يرحمه