Malek ou l’aventure hasardeuse du voyage vers l’inconnu (suite)

20 November, 2019 - 23:58

Très tôt le matin, je me suis réveillé pour quitter  le camion avant l’arrivée du chauffeur, mais c’était pour partir nulle part.

La ville me semblait être une suite sans fin de cubes de bétons démesurés sans âme et sans la moindre pitié, les passants n’étaient pas encore nombreux. J’avais froid et mon ventre était creux, je n’ai rien mangé depuis mon départ, à part quelques biscuits offerts par un voyageur. Au fait pour un villageois de mon âge, habitué à prendre du lait tous les soirs, c’était  terrible.

Au moment où je scrutais les passants pour  en découvrir quelqu’un qui aurait du cœur pour m’accueillir chez lui,  je tombe sur un homme avec la marque noire au visage provoquée par les longues prières et qui portait entre ses mains du beau pain. Je lui adresse un salut (Salam alaikoum) auquel il répondit promptement et avec beaucoup d’attention. Il semblait avoir la quarantaine.  Je lui demandais quel était son nom ? Il répondit «Diallo guinéen». Qu’est-ce que vous faites ? Il répondit « je tiens un restaurant  où je vends du pain, du café, des macaronis, du riz ». Ah, disais-je à moitié soulagé, car je n’avais aucun sou pour payer de quoi me nourrir, mais la retrouvaille me semble déjà être prometteuse et encourageante.

Arrivé à la boutique qui servait à la fois de restaurant et de logement pour Diallo, je me suis installé à table sur indication du maître des lieux. Très vite, et à ma grande joie, il me servit un grand verre rempli de café avec un morceau de pain au beurre et me souhaita bon appétit.

Je commençais alors à me confier à Diallo à qui j’ai livré toute mon aventure, soulignant, au passage, que je n’ai plus d’argent.

Sans hésitation aucune, il me dit : «  petit, tu es chez toi, tu mangeras à ta faim, seulement tu va t’occuper de certaines tâches en attendant que tu puisses avoir un vrai boulot, inchallah ». Diallo expliqua qu’il regrette de ne pas avoir de l’espace pour me permettre de dormir le soir, la boutique était très exigüe. J’acquiesçais, chaque fois de la tête pour signifier que j’acceptais tout         .

Le problème du repas résolu, il va falloir penser à une place où je pourrais dormir. Je découvris une épave de camionnette abandonnée dans la place jouxtant le restaurant de Diallo où  j’ai aménagé une sorte de lit plus ou moins confortable en utilisant des cartons. En tout cas, ma nouvelle couchette n’est pas moins confortable que le « khabta » ou « Thiegal » sur lequel je me couchais tous les soirs au village, à la différence qu’ici je suis très dérangé par les odeurs des urines et les saletés que les voisins déversaient sous la camionnette. Je ne pouvais rien leur dire me résolvant au silence espérant vivre des jours meilleurs.

 

Ely Ould Maghlah