Qui disait que nous n’étions juste qu'un million de poètes? Mais nous en sommes aujourd'hui à pas moins de quatre millions de tout ! De n'importe quoi : quatre millions d'érudits certains de qui est bon, qui est méchant, qui va « monter en paradis », qui va « tomber en enfer », qui est proche d'Allah et qui en est loin. Nous sommes quatre millions de sages-hommes, de sages-femmes et, même, d'infirmières d'État ! Quatre millions d'extraordinaires. Quatre millions de caméléons capables d'adaptation à la couleur et à la forme du moment. Quatre millions de prédateurs. Quatre millions de mauvais calculateurs. Quatre millions d’hyènes qui « volent sur leur tête »… Cette histoire de soixante millions dépensés par les argentiers en mission est ridicule. Partir nous endetter jusqu'au cou, décaisser, manger comme ça l'argent... Gros salaires pour quelques poignées de départements, gros frais de missions pour ces si haut placés dans la hiérarchie administrative qui servent le moins mais qui se servent le plus... Qui disait que « l'administration est comme une bibliothèque : les livres les plus haut placés servent le moins » ? Et les députés qui marchent avec les vieux bacheliers de plus de vingt-cinq ans ? Z'étaient où quand les dockers protestaient contre leurs employeurs? Z'étaient où quand les militaires violaient la Constitution ? Quand des militants des droits humains dénonçaient certaines pratiques inhumaines dans des affaires comme celle de Yarg et Saïd ? Z'étaient où quand d’autres s’élevaient contre la fermeture injuste et injustifiée de l'hôpital ophtalmologique dont les prestations gratuites soulageaient tant de milliers de déshérités ? Z'étaient où quand les autorités décidaient de dissoudre des organisations de bienfaisance ou des instituts universitaires ? Z'étaient où quand certains manifestaient contre les manœuvres « troisième mandat » ? Z'étaient où quand des groupes organisés pillaient à ciel ouvert les richesses nationales ? Les médicaments contrefaits qui font des ravages ; les produits alimentaires périmés achalandés dans les rayons des épiceries et étalés publiquement dans les marchés ; les très mauvaises prestations des établissements scolaires et sanitaires ; les conditions dramatiques de travail de nos quarante mille fonctionnaires ; la dommageable et dangereuse dégradation de la sécurité des biens et des personnes ; l'incapacité de l'université à accueillir tous les bacheliers, vraie raison de son refus d'y accepter ceux qui ont plus de vingt-cinq ans ; les clivages sociaux ; les récurrentes violations des droits de l'homme et autres incongruités répréhensibles…Autant de sujets suffisamment graves pour motiver les députés, les maires, les présidents de conseil régional, les généraux, les ministres et le président à ne plus quitter la rue pour demander, ensemble et fermement, la refondation de la République. Salut.
Sneiba El Kory