Des souvenirs de mon école : « le directeur ne salue pas les femmes »

26 September, 2019 - 00:18

Le Directeur de la première école de Magta-Lahjar, Teyeb Ould  Bellal, que Dieu l’accueille dans son vaste paradis, était un homme pieux, dévoué et sincère, du genre irréprochable. Il était, malgré son âge (plus de 50 ans), l’homme idéal, charismatique et autoritaire. Il dirigeait l’école, avec ses sept classes et sa cantine avec désintéressement et droiture. Il était partout, pour tout contrôler, connaissait tous les élèves et leurs familles, rien ne lui échappait sauf le superflu. Quand il marche dans la rue, il le faisait à grand pas sans jamais regarder à gauche ou à droite, comme il allait tout droit vers son objectif. Quand certains gamins tentaient de l’interpeler, il faisait comme s’il n’avait rien vu ou entendu. Il murmurait, le plus souvent, des versets coraniques pour rester au dessus de la mêlée.

Quand, quelques fois,  il faisait l’appel en classe, vous sentez qu’il tenait à prononcer correctement les noms des élèves. S’agit de « Diyé Mangane » ou de « El khadhir », la prononciation était vivement respectée par le quinquagénaire dont le regard inspirait respect et adoration.  L’homme, le père, le tuteur de tous les élèves qu’il suivait dans leur comportement, mentionnant absences, bonnes ou mauvaises notes, tout, tout… Il arrive parfois qu’il interpelle un élève pour lui adjoindre de se coiffer de manière plus correcte… C’était encore la mode des Yé-yé surtout chez les élèves du CM1 et CM2 qu’on appelait, nous autres tout petits, « les gaillards ».

L’homme était plus attaché à Dieu. Il se transcendait par rapport aux préoccupations matérielles ici-bas et observait les prescriptions du Coran et de la Sounna.

Un jour, me racontait l’un de mes ainés, à l’occasion d’une visite, à Magta-Lahjar du président de la République, Teyeb Ould Bellal, faisant partie de la délégation d’accueil, avait été salué par la main tendue de Mariem Daddah, épouse du père fondateur de la Nation Moctar Ould Daddah.

Sans la moindre hésitation, le Directeur plaça sa main sur son cœur, avec beaucoup de courtoisie, en disant : « Mme, le Directeur ne salue pas les femmes » pour signifier qu’il ne peut tendre la main à cette dame en respect aux prescriptions de l’Islam. Il n’était offert à n’importe qui de prendre une telle position, notamment en ce moment solennel. Bien d’autres responsables l’auraient dit, peut-être, en cachette ou fond d’eux-mêmes.

Teyeb, qu’Allah l’agrée était un homme plein de générosité, de savoir, d’humilité et de droiture.

Ely Maghlah