Nous ne ressemblons qu’à nous. Des comme nous, y en a pas ailleurs dans le monde. Les problèmes augmentent. Les solutions diminuent. C’est nous qui avons inventé cette affaire du bûcheron. Qui, ne parvenant à porter son fardeau, ne trouve pas mieux que d’en ajouter. C’est exactement un peu comme nous. Dans tous les domaines. Ya rien qui va, chez nous. Quasiment rien. Même l’islam. Chacun y va de son interprétation. Suivant sa voie. Qui sait combien Nouakchott compte de mosquées ? C’est à chaque coin de rue, comme des boutiques. Au point même qu’il y en a des jumelles. Complètement contigües. Quand la prière finit dans l’un, l’appel commence dans l’autre. Bref, tout ça pour dire quoi ? Que nous sommes compliqués. Tellement compliqués. Que de petits problèmes par ci. Que de plus infimes et tortillés par là. Des choses tellement futiles qui n’ont rien à voir avec rien. Tout un peuple, avec ses enfants, ses filles, ses femmes, ses hommes, ses ministres, ses hommes d’affaires, ses imams, ses vendeurs de poissons, ses chauffeurs, ses laveurs de voitures, ses journalistes, ses instituteurs et professeurs, ses ambassadeurs… Ses banquiers, ses magistrats, ses hommes politiques (de la majorité et de l’opposition). Tout un peuple accroché à une vidéo ressassant des insanités choquant les consciences les plus insensibles. Un peuple vivant de futilités et d’indélicatesses. En cela, pas de grand, pas de petit. Mesdames, messieurs, les réseaux sociaux sont un couteau à double tranchant. Ce n’est pas pour du gnignigni ou du gnagnagna. Ha, les fameux vocaux ! Exécrables insultes entre individus, entre communautés, entre tribus, entre régions... Finalement, à quoi aura servi cette tapageuse marche contre la haine et la discrimination ? Vous savez, les Bédouins ne peuvent pas être autre chose que des bédouins. Avec tous les effets de la civilisation, ils restent des bédouins : bédouins du campement, bédouins des adwabas, bédouins de village, bédouins de villes, bédouins des champs. Regardez comment ils circulent en voiture, se garent, s’insultent, freinent, démarrent, clignotent à gauche pour virer à droite. Ecoutez-les au téléphone : des dizaines de minutes à débiter des puérilités, genre : tu es où ? Tu fais quoi ? T’as dormi quand, hier ? Qui est à côté de toi ? Celle de l’autre soir, c’est qui ? C’est quoi sa tribu ? Son mari ? Sa maman ? Son père ? Ses frères et sœurs ? Dis-moi, c’est quoi que tu manges aujourd’hui ? Avec qui chez vous ? Moi, je suis là, avec un ami. Dis-moi, le mariage de l’autre, là, c’est quand ? Mais comment, son fiancé n’est pas son cousin ? Sa tribu, en principe… C'est-à-dire que… Attends, je te rappelle. J’ai plus de crédit. C’est comme ça, avec les réseaux sociaux, les vidéos, les vocaux, les n’importe quoi. Facebook et ses mille et une sortes de posts. Des pages pleines. Des murs défoncés. Un peuple ivre. Comme si les problèmes structurels de l’école ne suffisaient pas à les occuper ! Comme si les disfonctionnements mortels du secteur de la santé ne les inquiétaient pas ! Comme si les déficits infrastructurels des villes nationales ne les « éhontaient » ! N’est pas Trump qui veut. Et comme ce fameux bûcheron ou cette fameuse esclave, on ajoute du bois à notre bois. Cette histoire d’officiers blancs ou noirs… Il ne faut quand même pas aller à reculons ! Si l’on n’avait fait qu’avancer, depuis l’Indépendance, on n’en serait certainement plus là aujourd’hui, à compter nos officiers blancs ou noirs. Nos ministres blancs ou noirs. Nos généraux blancs ou noirs. Nos hommes d’affaires blancs ou noirs. Nos gouverneurs centraux de banque, blancs ou noirs. Nos directeurs généraux, blancs ou noirs. Nos présidents de partis politiques, blancs ou noirs. Nos présidents de fédérations, blancs ou noirs. Nos chefs d’états-majors, blancs ou noirs. Premier gouvernement national de 1958, CMRN, CMSN, CMJD, HCE : quarante-sept officiers de l’armée. Vous cherchez la couleur ? Allez au hammam ou en prison. La canicule aidant, c’est le bon moment ! Salut.
Sneiba El Kory