En réalité, il est impossible de savoir « où venir aux Mauritaniens ». Autrefois, c'est-à-dire, il y a quand même longtemps : au moins dix à onze ans, pour être clair et éviter la confusion avec cette fameuse « dernière décennie » dont se réclamerait le nouveau Président, selon un membre important de l’Union Pour la République qui, soit dit en passant, est entrain de déménager vers un nouveau siège où leurs membres auraient réservé un bureau, au président fondateur Mohamed ould Abdel Aziz qui devrait revenir, dixit un autre upériste, au mois de Novembre, pour assister au congrès du parti, et qui, avant de revenir, a envoyé un message, dixit Ould Abdel Vettah, demandant, aux militants et militantes, de ne pas écouter les imbécilités ni les idioties des autres, tout le monde compris. J’écris comme ça, puisque mon ancien prof de je ne sais plus quelle matière à l’ENS (Ecole Normale Supérieure) nous avait enseigné que phrase longue sans ponctuation, c’est du tralalala plus à la mode. Avant 2005, pour sortir carrément de cette histoire de CMJD/HCE/Rectification/Dernière décennie, un homme et son fils conduisaient tranquillement leur âne vers on ne sait où. Ils passent devant des gens qui s’étonnent : « Qu’ils sont cons, ces deux-là, en marchant à pied, alors qu’ils ont une monture ! » Ayant entendu l’avis, le père monte en croupe et le fils suit à pied. Passant devant un autre groupe, celui-ci se demande : « Comment cet homme peut-il laisser son fils marcher à pied? ». Le fils monte et le père le suit. Quelques instants plus tard, d’autres gens s’indignent : « Quel insolent malpropre de laisser son vieux papa marcher ! » L’homme et son fils décident alors de se mettre tous deux à dos d’âne. Mais passant devant un énième groupe : « Quels criminels ! Comment monter à deux sur cette pauvre bête ? » C’est un peu comme chez nous. Des indépendances à aujourd’hui. Comment ça ? Ho lala, mais c’est comment cela ? S’il ya une dernière décennie, c’est logiquement qu’il y en eut une première. Peut-être même deux. C’est pourquoi qu’ils ont fait la guerre du Sahara ? Alors, c’est normal qu’il y ait eu le coup d’Etat, la nationalisation, la révision des accords militaires, la monnaie nationale… Tout ça, il fallait, il ne fallait pas. C’est pourquoi les structures d’éducation des masses ? La Charia islamique ? Hé, Maaouya et ses classes d’alphabétisation, son PRDS, ses nombreuses visitations et ses je n’en sais plus encore ! Et puis encore et puis ensuite et puis enfin. Le président démocratiquement élu. Le premier qui ne savait pas qu’il ne fallait pas dire la vérité et qu’il ne fallait pas non plus ne pas dire son contraire. Les Mauritaniens sont paradoxaux. Tu leur parles franchement ? Ils se fâchent. Tu leur parle couci-couça, ils se fâchent. Un président-haut parleur ? Ils manifestent. Un président aphone ? Ils manifestent. Un président insolent, méprisant, « snobman » ? Ils marchent. Un président sérieux, patient, calme ? Ils grincent des dents. Mais un mois, c’est encore tôt pour savoir si le nouveau président est bavard ou pas. Pigeon voyageur, gazelle qui meurt en son terroir, marabout ou guerrier. Il n’a qu’un mois. Et tout le monde sait qu’on ne parle pas au bout d’un seul mois. Les choses continuent. Les conseils des ministres s’organisent. Les salaires ont été payés. Les ministres vont et viennent. Le marché du poisson est toujours à sa place. Les vendeurs ambulants des environs des banques primaires du centre-ville sur place. Les engorgements matinaux de Noukta Sakhina, du carrefour BMD et autres sont toujours passablement régentés par les agents de la sécurité routière. L’UPR, ce n’est ni le PRDS ni ADIL, morts de coups d’Etat. Lui, c’est pas ça. Lui, c’est lui. C’est la continuité entre le président naissant et le président-fondateur en route pour son bureau au nouveau siège du parti. Et, si la parole est d’argent, le silence est d’or. Salut.
Sneiba El Kory