C’est le thème abordé, devant les participants au salon des mines – Mauritanides 14 – tenu, entre les 13 et 15 octobre à Nouakchott, par HamadouTidjane Sy, expert en communication et directeur d’Africaine de Conseils et de Communication (ACC).
Dans cette intervention très didactique, l’expert est parti d’une carte de l’Afrique montrant son immense potentiel, avant de relever le paradoxe d’un continent qui peine à sortir ses populations de la misère. Selon lui, la raison en est toute simple : l’exploitation du fer, de l’or, du pétrole, de l’uranium ou de la bauxite n’a pas profité, jusque-là, à l’Afrique. Et Hamadou Tidjane de relever trois chiffres qui font froid au dos : l’Afrique détient 46% des réserves mondiales en or, 21% de la production mondiale de ce précieux métal et 16% de celle d’uranium. L’uranium du Niger, justement, second producteur mondial, alimente les centrales de la France, tandis que l’écrasante majorité de la population de ce pays s’éclaire avec des lampes à pétrole et des bougies. Autre fait accablant, les ressources sont exploitées dans une grande opacité ; la majorité des comités d’initiatives sur la transparence des industries extractives manquent… d’initiatives et de moyens. Leur capacité de sensibilisation et de mobilisation des sociétés civiles reste encore très en deçà des attentes des citoyens.
De nouvelles exigences décisives ?
Que faire, s’interroge le conférencier ? Corriger les perceptions, là où il s’agit, évidemment, de perceptions ; la communication, donc, en mettant autant l’accent vers les investisseurs que vers les citoyens ; mieux informer sur les réalités locales ; refuser, enfin, le jeu de certaines élites qui ont tout à gagner dans l’opacité qui gangrène le secteur. Un gros challenge que l’autre potentiel du continent pourrait permettre de relever : l’intrusion des réseaux sociaux, devenus plateformes d’échanges et de protestation. Si les négociations, entre le Niger et Areva, ont tant traîné, avant d’aboutir à la réévaluation du nouveau contrat, c’est surtout grâce à la très forte pression de la société civile nigérienne, croit ainsi savoir le conférencier. Avec la crise du capitalisme et les changements géopolitiques dans le Monde – montée de la Chine, de l’Inde, des pays du Golfe et fondation des BRICS – de nouvelles exigences, en matière de gouvernance, sont apparues et les entreprises minières ne peuvent que s’y intégrer. Pour une répartition plus équitable des plus-values de l’exploitation de l’Afrique ?