Secret de Polichinelle : Nouakchott croule sous le poids de ses ordures. Depuis la rupture du contrat avec la société française Pizzorno, qui s’occupait, tant bien que mal, de la collecte et de l’enfouissement des tonnes d’immondices produites, quotidiennement, par la mégapole de bédouins qu’est devenue Nouakchott, la Communauté urbaine, à qui a été dévolue cette tâche dans l’urgence, ne sait plus où donner de la tête…Dépourvue de moyens humains et matériels, elle a été obligée de faire appel à des sociétés privées et à des particuliers, pour la location du matériel, et à l’Etat, pour financer une opération que son budget ne prévoyait pas. Mais bonne volonté ni efforts ne parviennent à venir à bout des détritus qui s’entassent, en un clin d’œil, à chaque coin de rue, causant de multiples désagréments aux citoyens, particulièrement ceux des quartiers périphériques où la rotation des camions de ramassage n’est pas aussi régulière que dans les zones huppées.
Dilemme pour le président de la République à qui l’on doit l’initiative de la rupture du contrat avec Pizzorno. Rappeler cette société et se renier publiquement ? Ou se coltiner la responsabilité de l’insalubrité publique ? Publiquement, public… Pourquoi ne pas renvoyer publiquement le public mauritanien à sa propre responsabilité ? Passer du « je suis responsable » au « vous êtes responsables » ? Et voici nos chargés de com’ présidentielle à plancher sur un nouveau coup médiatique…
On commencera, donc, par « nous sommes tous responsables ». Preuve à l’appui, avec la descente, sur le terrain, de notre guide, éclairé, de plus en plus souvent, à la loupiote du volontariat d’Haïdalla. Allez hop, tout le staff aux poubelles ! Samedi dernier, c’était ainsi branlebas de combat partout dans Nouakchott. Ministres, secrétaires et directeurs généraux, directeurs tout court, généraux et générales, personnel gradé et subalterne, tous en tenue de combat contre les ordures ! Pelle ou râteau à la main, regard furtif vers la caméra, histoire de s’assurer de la réalité du film, l’exemple à suivre est bel et bien donné d’en haut.
Après deux jours de labeur, certaines zones ont effectivement été nettoyées. Mais qui s’en occupera, demain, après-demain et après-après-demain, jour après jour, lorsque les ordures s’entasseront de plus belle ? Faudra-t-il que notre leader bien-aimé – lui qui se disait, il y a peu, obligé de s’occuper lui-même de tout – consacre, chaque semaine, un ou deux jours au nettoyage de notre vitrine nouakchottoise ? Allons, citoyens, laissez votre président présider, vous guider à vos pelles et râteaux, soyez, enfin, responsables ! CQFD.
Ahmed Ould Cheikh